Limiter l’usage des armes, protéger l’Amazonie, bloquer les privatisations : les premières décisions du président brésilien Lula – Le Monde

Le nouveau président brésilien Lula, à Brasilia, le 2 janvier 2023.

A peine vingt-quatre heures après sa cérémonie d’investiture dans la capitale, le nouveau président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, a commencé à mettre en œuvre ses principales promesses de campagne.

L’icône de la gauche de 77 ans entend marquer rapidement de son empreinte son troisième mandat – il a déjà dirigé le pays de 2003 à 2011 – en prenant le contrepied du gouvernement de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro qui a quitté le pays et manqué l’intronisation de son rival, dimanche.

Par le biais d’un décret publié lundi 2 janvier au Journal officiel, Lula a ainsi pris des mesures pour limiter l’usage des armes. Il a suspendu pour deux mois les nouveaux enregistrements d’armes et de munitions pour les chasseurs, collectionneurs et tireurs sportifs (regroupés sous le sigle CAC). Cette catégorie a vu son arsenal tripler sous les quatre années de mandat de Bolsonaro, pour atteindre un million d’armes enregistrées. Le nouveau président a aussi créé un groupe de travail chargé de proposer un nouveau règlement pour le « Statut du désarmement » – en vigueur depuis 2003 et son premier gouvernement de l’époque – qui vise à désarmer les civils.

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« Le décret sur le contrôle des armes cherche à clore la période irresponsable du “tout est permis”, incompatible avec la Constitution », a assuré sur Twitter Flavio Dino, ministre de la justice et de la sécurité publique, qui a également prévu un « recensement général des armes existantes au Brésil ».

« L’achat d’une arme à feu est exceptionnel et n’est pas la même chose que d’acheter des tomates au coin de la rue », a justifié M. Dino.

La relance du Fonds pour l’Amazonie

Lula a également signé une série de décrets visant à renforcer la protection de l’Amazonie, dont la déforestation annuelle moyenne a augmenté de 75 % par rapport à la décennie précédente. Le nouveau chef d’Etat a notamment institué une « commission interministérielle permanente pour la prévention et le contrôle de la déforestation », tout en décidant de réactiver le Fonds pour l’Amazonie, créé en 2008 pour recueillir des dons destinés à des investissements dans la forêt en vue de sa préservation. Celui-ci était gelé depuis 2019 en raison de divergences sur la destination des fonds entre la Norvège et l’Allemagne, principaux donateurs, et le gouvernement Bolsonaro. Ces deux pays ont exprimé leur intention de l’abonder de nouveau.

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Lula a également révoqué un décret autorisant l’exploitation minière dans les zones indigènes et les zones protégées au niveau environnemental.

Lula a stoppé également le processus lancé sous Bolsonaro de privatisation de huit compagnies publiques, dont la pétrolière Petrobras et la poste brésilienne. Il a prévenu lors de la campagne qu’il ne souhaitait aucune privatisation de groupe public.

Des aides aux familles les plus pauvres

Dimanche, en pleine cérémonie d’investiture, le nouveau président a aussi signé un décret visant à prolonger le populaire programme « Bolsa Familia », qui octroie 600 réais, soit environ 111 euros par mois aux familles les plus pauvres. Il s’agit d’une promesse de campagne faite après une négociation laborieuse avec le Parlement en décembre 2022 afin que le programme puisse échapper au plafonnement des dépenses publiques.

Lula a en outre signé une augmentation du salaire minimum de 1 212 réais à 1 320 réais (environ 245 euros), une décision qui n’avait cependant pas encore été publiée lundi au Journal officiel.

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Quelque 125 millions de Brésiliens sur les 215 millions que compte le pays souffrent d’insécurité alimentaire, et 30 millions de la faim.

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Le président a aussi ordonné un réexamen, dans un délai de trente jours, des nombreuses décisions prises par son prédécesseur Jair Bolsonaro pour imposer la confidentialité aux informations et documents de l’administration. L’ancien chef d’Etat a décrété à plusieurs reprises la confidentialité des documents publics pendant cent ans afin d’en interdire l’accès, comme ceux concernant ses vaccinations ou ses visites à l’ancienne première dame, Michelle Bolsonaro.

Lula a enfin ordonné au secrétariat général de la présidence de travailler à la création d’un nouveau programme baptisé « Pro-Catador » qui promeut et améliore les conditions de travail des éboueurs.

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Le Monde avec AFP

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