Les six mois qui ont poussé la Finlande et la Suède dans les bras de l’OTAN – Le Monde

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pose avec les actes de candidature de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique, à Bruxelles, le 18 mai 2022.

« Il n’y aura pas de demande d’adhésion [de la Suède à l’OTAN] tant que nous aurons un gouvernement social-démocrate. Je ne serai certainement jamais impliqué dans un tel processus tant que je serai ministre de la défense. Je peux vous le garantir à tous ! » Ces mots, Peter Hultqvist les avait prononcés le 7 novembre 2021, lors du congrès de son parti, à Göteborg. Mercredi 18 mai, la Suède et la Finlande ont officiellement soumis leur candidature à l’OTAN, lors d’une petite cérémonie organisée au siège de l’organisation, à Bruxelles.

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Il aura donc fallu moins de six mois aux deux pays nordiques, membres de l’Union européenne (UE), pour rompre avec leur traditionnel non-alignement militaire. Une décision qualifiée d’« historique » dans la région, et qui ne serait jamais intervenue si la Russie n’avait pas lancé son invasion contre l’Ukraine, le 24 février. Mais le 17 décembre 2021 déjà, l’ultimatum de Moscou, exigeant la fin de l’élargissement de l’OTAN, sonnait comme un coup de semonce.

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Helsinki y voit les relents de la guerre froide et de la finlandisation, cette époque où le pays, qui partage 1 340 km de frontières terrestres avec la Russie, s’est imposé la neutralité, pour maintenir la paix avec l’ours soviétique. Le 1er janvier, le président finlandais, Sauli Niinistö, rappelle que le concept de « sphère d’influence » appartient au passé et insiste : « La liberté de manœuvre et de choix de la Finlande inclut également la possibilité d’un alignement militaire et d’une demande à devenir membre de l’OTAN, si nous en décidons ainsi. »

A Stockholm, le 6 janvier, la première ministre, Magdalena Andersson, lui faisant écho, réaffirme « le droit pour chaque pays de faire, de manière indépendante, ses propres choix en matière de politique de sécurité ». La droite et l’extrême droite suédoises veulent imiter la Finlande, dont les programmes gouvernementaux incluent une « option OTAN », qui affirme que le pays se réserve le droit d’adhérer à l’Alliance atlantique, si la situation l’impose. Les sociaux-démocrates refusent. En Suède comme en Finlande, la perspective d’une adhésion semble encore très éloignée.

« La Russie n’a jamais attaqué un pays de l’OTAN »

Le 24 février va complètement changer la donne. A Helsinki, quelques heures après le début de la guerre, le président Sauli Niinistö et la première ministre, Sanna Marin, donnent une conférence de presse : « Les masques sont tombés », constate le chef d’Etat. « Jusque-là, nous pensions que la meilleure façon de maximiser notre sécurité était d’avoir une forte capacité de défense, d’être un partenaire très proche de l’OTAN et de maintenir une relation de travail efficace avec la Russie », explique Janne Kuusela, directeur général du ministère de la défense. « Le 24 février a bouleversé notre façon de penser », remarque-t-il.

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