Le groupe Wagner n’est pas présent au Mali, assure le gouvernement local – Le HuffPost

Benoit Tessier via Reuters
La présence militaire française au Sahel va être réorganisée courant 2022, avec la fin programmée de Barkhane. (photo d’un uniforme d’un soldat de Barkhane, prise en octobre 2017 au Mali)

INTERNATIONAL – Un “démenti formel”. Après que les puissances occidentales ont critiqué jeudi dans un communiqué commun le déploiement de la milice russe Wagner au Mali, Bamako a dénoncé de son côté “des allégations sans fondement” vendredi 24 décembre.

Le pouvoir malien “exige que des preuves lui soient apportées par des sources indépendantes” et “tient à préciser qu’au même titre que la mission européenne de formation (EUTM), des formateurs russes sont présents au Mali dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de Sécurité nationales”.

Bamako demande à ”être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l’État malien n’est engagé que dans un partenariat d’État à État avec la Fédération de Russie, son partenaire historique”, dans ce communiqué signé du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, également ministre de l’Administration territoriale.

La milice Wagner accusée de déstabiliser les pays africains

Ce communiqué est une réponse à celui d’une quinzaine de puissances occidentales, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, qui avaient annoncé le déploiement au Mali, avec l’aide de Moscou, de la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner. “Nous regrettons profondément la décision des autorités de transition maliennes d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien”, ont-ils déploré.

Selon eux, “ce déploiement ne peut qu’accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique occidentale, mener à une aggravation de la situation des droits de l’homme au Mali”, dans une référence à peine voilée à la présence de Wagner en Centrafrique, où la société est accusée d’exactions et de pillage de ressources minières depuis 2018.

“Nous appelons la Russie à se comporter de manière responsable et constructive dans la région”, a insisté le communiqué également signé par la Belgique, le Danemark, l’Estonie, l’Italie, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie et la Suède. Ces pays sont engagés aux côtés de la France dans le nouveau groupement européen de forces spéciales Takuba, destiné à accompagner les soldats maliens au combat.

La France perd son influence au Mali

La milice Wagner, créée en 2014 par un homme proche du Kremlin afin d’intervenir en Ukraine auprès des sécessionnistes du Donbass, tente à présent de s’implanter en Afrique et au Moyen-Orient pour défendre les intérêts de Moscou. Les sociétés militaires privées sont pourtant officiellement interdites en Russie. La milice Wagner n’a donc aucune existence légale et le Kremlin dément tout lien avec elle. 

Le déploiement de ces mercenaires au Mali constituait jusqu’à présent une ligne rouge pour Paris, qui a annoncé cet été le retrait de la moitié de ses troupes du pays après neuf ans de présence via l’opération Barkhane. La France était intervenue, car le Mali est le théâtre depuis 2012 d’opérations de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, ainsi que de violences perpétrées par des “milices d’autodéfense” et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions. La prise du pouvoir à Bamako par des militaires à la faveur d’un putsch en 2020 n’a pas enrayé la spirale de violences.

Mais l’image de la France a pâli et l’efficacité tactique de la présence française reste à prouver, a souligné le général Bruno Clément-Bollée, expert des questions de sécurité en Afrique, sur TV5 Monde. À l’inverse, la Russie parvient à s’implanter dans le pays et gagne en influence.

Si Paris avait annoncé que sa présence serait incompatible avec cette de Wagner, menaçant un retrait total du pays, le communiqué n’est pas aussi radical. Les signataires réaffirment leur “détermination à poursuivre notre action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme”.

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