Le diplomate Mustapha Adib désigné premier ministre du Liban – Le Monde

Mustapha Adib, le 31 août 2020 à Baabda.

L’ambassadeur du Liban en Allemagne, Mustapha Adib, a été désigné premier ministre après avoir obtenu le plus grand nombre de voix lors de consultations parlementaires menées par le chef de l’Etat, Michel Aoun, a annoncé lundi 31 août la présidence libanaise. Il s’est engagé à l’issue de sa désignation à former en un « temps record » une équipe ministérielle formée d’« experts » et de personnes « compétentes » et chargée de mettre en œuvre des « réformes » longtemps attendues, « avec comme point de départ un accord avec le Fonds monétaire international », a déclaré M. Adib, 48 ans, dans un discours télévisé. Un « gouvernement de mission » appelé également par le président français, Emmanuel Macron, arrivé au Liban lundi matin.

Le profil de pur technicien de M. Adib, sans poids politique, sans réseaux, sans aura suffisante pour créer une dynamique réformiste, fait déjà craindre le pire aux commentateurs, note le correspondant du Monde sur place. « Le système se défend alors même qu’il coule, déclarait auprès du journal Emile Hokayem, expert à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Londres. Désigner Adib, c’est choisir le chef pâtissier du Titanic comme commandant de bord, alors que le navire prend l’eau. Il faudra maintenant attendre la composition du gouvernement pour avoir une meilleure idée de ce qui se passe. »

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« Prévenir la corruption »

L’explosion du 4 août, qui avait dévasté une grande partie du port de Beyrouth, a causé entre 6,7 et 8,1 milliards de dollars de dégâts et pertes économiques, selon une estimation publiée lundi par la Banque mondiale. Le Liban a besoin urgemment de 605 à 760 millions de dollars pour se relever, ajoute l’organisation économique.

Avant même l’explosion, qui a détruit ou endommagé le domicile de quelque 300 000 personnes, le pays était déjà confronté à une crise multiforme (économique, financière et monétaire) qui, aggravée par les effets de la pandémie de Covid-19, avait déjà conduit la Banque mondiale à anticiper un recul du PIB de 10,9 % en 2020. Or « non seulement la catastrophe va exacerber la contraction de l’activité économique, mais elle va également aggraver la pauvreté, qui touchait déjà 45 % de la population juste avant l’explosion ».

Si le pays, compte tenu de son « insolvabilité » et de son « manque de réserves de change », ne pourra compter que sur « l’aide internationale et l’investissement privé », il « devra impérativement mettre en œuvre un programme de réformes crédible » afin de « prévenir la corruption et briser l’emprise de l’élite », juge l’organisation économique.

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Le Monde

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