Joe Biden retarde son projet d’augmenter le nombre de réfugiés admis aux Etats-Unis – Le Monde

Le président américain, Joe Biden, a décidé de retarder son projet d’une augmentation importante du nombre de réfugiés admis aux Etats-Unis, et conservera le plafond historiquement bas de 15 000 personnes fixé par Donald Trump, a affirmé, vendredi 16 avril, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Face au tollé, sans précédent dans son propre parti depuis son arrivée au pouvoir en janvier, la Maison Blanche a immédiatement tenté de rétropédaler en assurant qu’il ne s’agissait que d’une décision provisoire, appelée à être revue à la hausse d’ici mi-mai.

Un programme d’admission à « reconstruire »

Joe Biden avait affirmé souhaiter admettre jusqu’à 60 000 personnes lors de cette année fiscale, avant de porter le plafond à 125 000 lors de l’année budgétaire suivante – une multiplication par huit du nombre de réfugiés admis. Cette promesse s’inscrit dans sa volonté affichée de renouer avec une politique migratoire « humaine » pour tourner la page des restrictions antimigrants des années Trump.

Mais le gouvernement américain est aussi confronté à une crise à la frontière mexicaine, avec des arrivées par milliers de migrants. L’opposition républicaine accuse Joe Biden d’être responsable d’un « appel d’air ». Il a finalement confirmé le quota fixé par l’ex-président pour cette année, en raison du besoin de « reconstruire » le programme d’admission de réfugiés, a annoncé, vendredi, Jake Sullivan sur Twitter.

Ce programme ne concerne que des réfugiés sélectionnés par les agences de sécurité et de renseignement américaines dans les camps de l’Organisation des Nations unies (ONU) à travers le monde pour être réinstallés aux Etats-Unis, essentiellement parmi les plus vulnérables comme les personnes âgées, veuves ou handicapées.

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Le système a été laissé par le précédent gouvernement « plus mal en point que nous le pensions », « nécessitant une remise en ordre majeure pour atteindre les objectifs que nous avons fixés », a expliqué un responsable américain sous couvert d’anonymat.

Critiques virulentes au sein de son camp démocrate

Le président démocrate de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Menendez, a jugé que le nombre de 15 000 réfugiés était « terriblement bas » et déploré que les tergiversations de la Maison Blanche aient contribué à ralentir la remise en marche du système. Dans une lettre au président Biden, il a dit redouter que cette situation l’empêche de tenir ses ambitieux objectifs pour la suite.

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D’autres élus démocrates se sont insurgés, à l’instar de la députée de l’aile gauche du parti Alexandria Ocasio-Cortez, qui a dénoncé un choix « absolument inacceptable ». « Biden a promis d’accueillir les immigrés, et les gens ont voté pour lui sur la base de cette promesse. Conserver les politiques xénophobes et racistes de l’administration Trump » est « tout simplement mal », a-t-elle protesté sur Twitter.

Le Lutheran Immigration and Refugee Service, organisation impliquée dans l’aide aux réfugiés aux Etats-Unis, a relevé qu’à ce jour seulement 2 000 d’entre eux ont été accueillis cette année dans le cadre de ce programme, déplorant la décision de maintenir le quota « honteux » fixé par Donald Trump. En revanche, plusieurs élus républicains ont, à contre-courant, salué la décision de Joe Biden.

Un quota définitif annoncé d’ici le 15 mai

La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a publié en communiqué en forme de réponse aux attaques venues notamment du camp présidentiel, reconnaissant que la décision de Joe Biden avait semé « une certaine confusion ». « En raison de l’état de délabrement du programme d’admission de réfugiés dont nous avons hérité », « son objectif initial de 62 500 semble hors d’atteinte », a-t-elle dit. Mais « nous sommes déterminés à continuer d’augmenter le nombre de réfugiés » admis aux Etats-Unis, a assuré la porte-parole.

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Le mémorandum que le président a signé ce vendredi vise uniquement à remettre en marche la machine sans tarder, a-t-elle justifié en substance, et l’objectif reste provisoire. « Le président fixera d’ici le 15 mai un quota définitif, et revu à la hausse, de réfugiés pour le reste de cette année budgétaire », a assuré Jen Psaki. L’objectif de 125 000 réfugiés admis dès la prochaine année budgétaire n’a pas été explicitement réaffirmé vendredi.

Le Monde avec AFP

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