James P. Rubin : « Une guerre entre les Etats-Unis et l’Iran est aujourd’hui une réelle possibilité » – Le Monde

Cérémonie funéraire du général iranien Ghassem Soleimani dans la ville de Kerman, en Iran, le mardi 7 janvier.

Cérémonie funéraire du général iranien Ghassem Soleimani dans la ville de Kerman, en Iran, le mardi 7 janvier. ERFAN KOUCHARI / AP

Les tirs de drones américains de la semaine dernière, qui ont causé la mort du général iranien Ghassem Soleimani, suscitent de fiévreuses spéculations quant à la possibilité d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient, une guerre entre les Etats-Unis et l’Iran. Contrairement à l’Irak, qui était l’adversaire des Américains lors des deux guerres du Golfe de 1991 et 2003, l’Iran a réellement la capacité de développer des armes nucléaires et a relancé des programmes à cette fin. Et, contrairement à Saddam Hussein, qui était peu ou pas impliqué dans le terrorisme international, la République islamique d’Iran est le premier Etat à soutenir le terrorisme au Moyen-Orient et possiblement dans le monde.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le général Ghassem Soleimani, tué par les Etats-Unis, était l’architecte de la puissance iranienne

Ce qui fait dire à beaucoup que, en 2003, le président George W. Bush s’est trompé de cible s’il s’inquiétait réellement d’empêcher que des armements nucléaires ne tombent entre les mains d’un groupe terroriste ou d’un Etat voyou. Car l’Iran est le seul pays au monde à mener un programme de développement d’armes nucléaires viable, à massacrer des civils en orchestrant des actions terroristes sanglantes par dizaines et, lors de la crise des otages de 1979, à s’être montré prêt à violer toutes les règles internationales en matière de civilité.

Téhéran étant ces dernières années monté en puissance sur la scène géopolitique, une guerre entre les Etats-Unis et l’Iran est aujourd’hui une réelle possibilité. Mais, malheureusement pour les Etats-Unis et leurs amis, le contexte d’une éventuelle troisième guerre du Golfe est très différent de celui des deux premières.

Cette fois, les Américains n’ont pas d’autre objectif militaire clair que celui, flou, de réaliser une démonstration de force pour dissuader Téhéran de mener des représailles

Car, cette fois, ce sont les Américains qui se trouvent isolés sur la scène internationale, et non leurs adversaires. Cette fois, ils n’ont pas d’autre objectif militaire clair que celui, flou, de réaliser une démonstration de force pour dissuader Téhéran de mener des représailles. Et, cette fois, aussi héroïque que soit la diplomatie, il ne sera pas possible de la synchroniser avec l’action militaire. Souvenez-vous de 1991 et de 2003 : à ces époques, le recours à la force armée était légitimé, car il venait soutenir les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’invasion du Koweït, puis sur le refus de l’Irak de se plier au contrôle de ses armements – condition qui faisait partie du cessez-le-feu qui avait mis un terme à la première guerre.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading