Guerre en Ukraine : après la Pologne et la Bulgarie, faut-il craindre une coupure de gaz russe en France ? – LaDepeche.fr

l’essentiel La société russe Gazprom a annoncé qu’elle cessait tout approvisionnement en gaz pour la Pologne et la Bulgarie. La firme souhaite que les pays de l’Union Européenne payent leur facture en roubles. 

Les vannes sont fermées. La société russe Gazprom a annoncé ce mercredi 27 avril qu’elle n’approvisionnerait plus en gaz ni la Pologne, ni la Bulgarie. La Russie met ainsi ses menaces à exécution : le Kremlin avait en effet averti les pays de l’Union Européenne qu’elle cesserait toute exportation de gaz si la facture n’était pas payée en roubles. Les sociétés Bulgargaz (située en Bulgarie) et PGNiG ont reçu une notification de Gazprom les informant de la “suspension des livraisons de gaz à partir du 27 avril et jusqu’à ce que le paiement soit effectué”. 

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Coup dur, surtout pour la Pologne, dépendante à près de 60% du gaz russe : “La Pologne consomme environ 20 milliards de mètres cubes de gaz par an : c’est la moitié de ce que consomme la France, décrit Philippe Charlez, expert en questions énergétiques pour l’Institut Sapiens, auprès de La Dépêche du Midi. Elle utilise en grande partie ce gaz pour se chauffer : si les Russes continuaient à couper le gaz jusqu’à l’hiver prochain, je ne sais pas comment ils vont faire pour s’en sortir.”

Refuser le rouble

Au cœur du dossier, ce qui pose problème, c’est la nécessité de devoir régler la facture en roubles. “Environ 97% des contrats (entre des groupes de l’UE et les fournisseurs de gaz russe) prévoient des paiements en euros ou dollars […] Les entreprises avec de tels contrats ne doivent pas céder à l’exigence de la Russie, ce serait contrevenir aux sanctions” qui ont été imposées par les pays de l’Union Européenne, après l’invasion russe en Ukraine, a averti ce mercredi Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

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L’ultimatum avait été donné par Vladimir Poutine à la fin du mois de mars dernier. Le décret russe autorisait cependant les pays importateurs à ouvrir un compte au sein de la banque russe Gazprombank et y déposer leurs paiements en dollars ou en euros. Une façon pour la Russie de redonner de la valeur à la monnaie nationale en contournant les sanctions. “Au sein de l’Union Européenne, seule la Hongrie a accepté de payer le gaz russe qu’elle importe en roubles”, explique Thierry Bros, professeur à Sciences Po et expert en énergies, auprès de La Dépêche du Midi. La France comme l’Allemagne par exemple refusent de passer par un tel dispositif. “Il peut y avoir une situation dans laquelle demain […] il n’y aura plus de gaz russe”, a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, il y a quelques semaines.

La France peu inquiétée

Si demain la Russie fermait les vannes, la France serait-elle inquiétée ? Pas tant que ça, affirment les experts. “La France consomme 40 milliards de mètres cubes de gaz par an et est dépendante à 17% du gaz russe, résume Philippe Charlez. L’Hexagone peut compter sur l’importation du gaz venant de Norvège (premier importateur), sur ses quatre terminaux méthaniers, et sur ses propres réserves de gaz. Si l’on réalise quelques économies à l’échelle nationale, on peut s’en tirer.”

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Les conséquences d’une fermeture des vannes pourraient être bien plus lourdes à l’échelle européenne : la plupart des Vingt-Sept en sont particulièrement dépendants. “C’est le cas de l’Allemagne, 50% du gaz importé vient de Russie”, rappelle Thierry Bros. Dans son chantage, le Kremlin fait parler la géographie de ses gazoducs : il peut en tout cas décider de n’approvisionner en gaz que certaines régions de l’UE, comme le montre la carte ci-dessous.

“La Russie vient de fermer le Yamal, son pipeline qui passe par la Biélorussie. Il reste encore et toujours le North Stream (qui passe sous la mer baltique) et le Brotherhood”, qui passe par l’Ukraine, décrit Philippe Charlez. “Si Poutine fermait ces pipelines, cela serait catastrophique”, commente l’expert.

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