Guerre d’Algérie : le nouveau geste de Macron – Le Parisien

Il y a soixante ans, le 17 octobre 1961, une manifestation pro-FLN — le mouvement indépendantiste algérien — de quelque 30 000 « Français musulmans d’Algérie », comme on les désignait alors, tourna au massacre. La police parisienne tira à balles réelles, abattant et jetant à la Seine des manifestants, faisant bien plus de 120 tués selon les historiens, alors que le pouvoir ne reconnut officiellement pendant des décennies que… 3 morts (si la répression culmina ce 17 octobre elle dura en fait de septembre à novembre 1951).

Présent ce samedi à la cérémonie du 60e anniversaire au Pont de Bezons à Colombes (Hauts-de-Seine), par lequel passèrent des hommes, femmes et enfants habitants du grand bidonville voisin de Nanterre pour aller à la manif, Emmanuel Macron sera le premier président à commémorer en personne cette date funeste, en présence notamment de familles de victimes. Son prédécesseur François Hollande avait accompli un premier pas en reconnaissant en 2012, par communiqué, une « sanglante répression ». Le chef de l’État, qui ne prononcera pas de discours mais publiera un texte à l’issue de la cérémonie, « ira plus loin », promet un conseiller de l’Élysée sans en dire plus…

Le même assure cependant qu’il n’y aura ni excuses ni demande de pardon, contrairement au récent geste à l’endroit des harkis. Explication ? « La manière dont les harkis ont été traités résulte d’un choix politique mis en œuvre par les organes de l’État, il y a donc eu demande de pardon — acceptée de bon cœur — pour ce que la République leur a infligé. Le 17 octobre 1961, il s’agissait de faits de violences dans le contexte du couvre-feu imposé aux Français musulmans d’Algérie : le préfet de police Papon avait certes la main mais pas l’ordre de tirer sur les manifestants », justifie l’Élysée. Le texte écrit par Macron pourrait d’ailleurs mentionner le rôle de la préfecture de police de Paris.

La présidentielle et les tensions avec l’Algérie en toile de fond

Ce pas de plus dans le « travail mémoriel » sur la guerre d’Algérie s’inscrit dans les recommandations du rapport de Benjamin Stora de janvier dernier. Après le « pardon » aux harkis du 20 septembre, la reconnaissance du massacre d’octobre aujourd’hui, restera le 60e anniversaire des accords d’Évian le 18 mars 2022… à quelques jours du premier tour de la présidentielle. Les considérations électorales ne sont évidemment pas absentes de l’esprit du président (pas encore) candidat à sa réélection, dont la démarche d’« apaisement » prend de facto le contre-pied du polémiste Éric Zemmour.

Emmanuel Macron parviendra-t-il à apaiser les esprits jusqu’à Alger, plus que jamais en froid avec Paris ? L’Élysée ne fait même pas mine d’y croire. « L’expérience nous enseigne que quelle que soit la qualité des gestes accomplis, c’est rarement suffisant, rarement pertinent aux yeux des autorités algériennes », constate, fataliste, un conseiller.

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