Grève contre la réforme des retraites : l’espoir d’une trêve pour Noël – Le Parisien

Officiellement, pas de triomphalisme. Ce jeudi soir, à Matignon, on la jouait profil bas : «On avance, il y a encore du travail ». Mais dans les couloirs du gouvernement, l’annonce par l’UNSA – deuxième syndicat à la SNCF – d’une «pause pour les vacances» de sa participation à la grève a ragaillardi les troupes. «C’est l’événement clé de la journée, une première pièce dans le meccano », souffle, soulagé, un intime du Premier ministre.

Reste désormais à connaître la position de la CFDT-Cheminots, qui pourrait être annoncée ce vendredi. Le gouvernement fait preuve d’un prudence de sioux. En espérant que la décision de l’UNSA provoque un effet boule de neige.

La CGT et FO inflexibles

Ce jeudi, tout l’enjeu pour l’exécutif était d’obtenir une reprise progressive du trafic pour les congés de Noël. Parole de conseiller ministériel : «L’objectif premier est de dégonfler cette grève. » Ce qui a donné lieu à d’intenses tractations. Cette semaine, le secrétaire d’Etat en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari a intensifié ses échanges avec l’UNSA et la CFDT : un coup de fil et une réunion informelle au ministère quasiment tous les jours. A titre de comparaison, les semaines précédentes, le rythme de ces discussions était plutôt hebdomadaire.

La pression était forte. Le couple exécutif avait besoin d’afficher des résultats, et vite. L’entourage du président avait fait savoir dès mercredi qu’il fallait «obtenir une pause du mouvement social pendant les fêtes ». Tandis qu’en écho, celui d’Edouard Philippe martelait jeudi matin vouloir « que d’ici ce soir ou demain on y voit beaucoup plus clair dans les transports ». Mais si l’exécutif se garde de tout «triomphalisme », c’est qu’il reste un os. La CGT, premier syndicat chez les cheminots, ainsi que FO, demeurent inflexibles et continuent à appeler à la grève, ainsi qu’à une nouvelle journée de mobilisation le 9 janvier. Quant à la situation au sein de la RATP… elle n’est toujours pas débloquée.

Toujours l’âge pivot

Reste aussi un autre gros morceau : l’âge pivot à 64 ans. Mesure qui constitue un point de blocage majeur avec la CFDT. Et qui est plus susceptible de braquer l’opinion que la question des régimes spéciaux. Pour la première fois, jeudi, Edouard Philippe – après en avoir discuté pendant une heure le matin même avec Emmanuel Macron qui a fait savoir dès mercredi que des « améliorations » étaient possibles – a envisagé « des marges de manœuvre » sur ce point. Non pas sur le principe, mais sur son application. «Il n’avait jamais autant détaillé les possibilités d’individualiser l’âge d’équilibre », concède l’un de ses proches. A la clé, la possibilité de le moduler en fonction de critères comme la pénibilité ou la durée de carrière… «Il est prématuré de dire que l’on lâche du lest, mais c’est un élément de la discussion », estimait par avance un proche du président. La ligne de rouge du chef de l’Etat? «Sa cohérence », jugeait le même conseiller, laissant ainsi quelques portes ouvertes.

Oui, mais comment financer cet âge pivot à la carte ? Jeudi, Edouard Philippe a de nouveau fermé la porte à une baisse des pensions, mais pas à une hausse des cotisations, véritable chiffon rouge pour le Medef. D’où cette précision de son entourage, le cas échéant, celles-ci ne seraient «pas massives ». De quoi dérider Laurent Berger qui a salué des « ouvertures ». Pour autant, le temps d’un accord n’est pas encore venu. «Ils ne pouvaient pas toper aujourd’hui. Pas après ce qu’a dit Berger mercredi. Et le Premier ministre ne peut pas plier », décrypte un député LREM. Rendez-vous est donc pris en janvier, pour un nouveau round de négociations et de mobilisations. En clair, comme s’y attendait un proche d’Edouard Philippe, «ce n’est pas un point final. Mais des points de suspension ».

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading