Etats-Unis : Joe Biden demande au Sénat de ne pas voter sur la Cour suprême « avant que les Américains aient choisi leur président » – Le Monde

Joe Biden, à Philadelphie, le 20 septembre 2020.

Le candidat démocrate à la présidentielle a demandé dimanche 20 septembre aux sénateurs de ne pas voter sur le poste vacant à la Cour suprême des Etats-Unis « avant que les Américains aient choisi leur président », le 3 novembre prochain.

La volonté du président Donald Trump de remplacer la juge Ruth Bader Ginsburg, décédée vendredi, avant le scrutin du 3 novembre est « juste un exercice de pouvoir politique brutal », ajouté Joe Biden, lors d’une intervention depuis Philadelphie. « Le président a déjà été très clair, c’est une affaire de pouvoir. Purement et simplement. De pouvoir », a-t-il encore asséné.

Joe Biden avait déjà mis en garde le président américain dans les heures suivant l’annonce du décès de celle qui était l’une des neuf juges de la Cour suprême. « Les électeurs doivent choisir le président, et le président doit proposer un juge au Sénat », avait-il alors dit.

En mars 2016, huit mois avant l’élection présidentielle, le chef de file des sénateurs républicains, Mitch McConnell avait refusé d’accorder une audition à Merrick Garland, choisi par Barack Obama pour remplacer Antonin Scalia sur le banc de la Cour suprême. A l’époque, il affirmait que l’élection présidentielle était trop proche et que c’était le futur président, élu par le peuple américain, qui devrait avoir la possibilité de faire ce choix.

« Ils ne peuvent pas changer de pied, quatre ans plus tard, juste parce que ça dessert leurs intérêts », a estimé Joe Biden. « Je ne suis pas naïf, je ne m’adresse pas au président Trump » ni à Mitch McConnell mais « à la poignée de sénateurs républicains », qui « savent au fond d’eux-mêmes ce qui est bon pour leur pays », a-t-il encore dit. « Respectez vos obligations constitutionnelles, suivez votre conscience », leur a lancé le candidat démocrate.

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Courte majorité républicaine au Sénat

Donald Trump, lui, semble bien décidé à nommer une juge en remplacement de « RBG ». Samedi, sur Twitter, il écrivait être dans « l’obligation » de nommer un nouveau juge à la Cour suprême « sans délai ». « Je pense que cela va aller très vite », a-t-il ensuite déclaré depuis les jardins de la Maison Blanche, évoquant une annonce « la semaine prochaine ». En soirée, lors d’un meeting en Caroline du Nord, il a précisé : « Ce sera une femme. Une femme très talentueuse, très brillante, que je n’ai pas encore choisie. Mais nous avons beaucoup de femmes dans notre liste. »

Donald Trump « a resserré la liste » des candidats et va « très vite » faire connaître son choix, a précisé dimanche sur CNN Marc Short, chef de cabinet du vice-président Mike Pence. Il a également indiqué que c’est le chef de file des sénateurs républicains, Mitch McConnell, qui déciderait du calendrier. Ce dernier a prévenu dès vendredi soir qu’il était disposé à aller de l’avant dans le processus de nomination.

Les Républicains disposent d’une légère majorité au Sénat (53-47), où le choix du président pour la Cour suprême doit être confirmé à la majorité des voix. Mais deux sénatrices républicaines, Susan Collins et Lisa Murkowski, ont déjà annoncé qu’elles ne voteraient pas la confirmation d’un juge avant l’élection présidentielle. En cas d’égalité, c’est le vice-président, Mike Pence, qui détient le vote décisif. Les démocrates ont donc encore besoin de deux défections dans le camp républicain.

« Les enjeux sont énormes », résume Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, en soulignant que la Cour suprême est notamment censée se prononcer dans les mois à venir sur l’avenir de la réforme de l’assurance santé dite Obamacare, qui a étendu les couvertures maladies de millions d’Américains mais que les républicains veulent démanteler. L’institution tranche également les principales questions de société, comme l’avortement ou le droit de porter des armes qui sont souvent aussi les lignes de fracture d’une société américaine plus divisée que jamais. La Haute Cour a aussi le dernier mot sur les litiges électoraux, comme lors de la présidentielle de 2000 finalement remportée par George W. Bush face à Al Gore.

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Le Monde avec AFP

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