EELV en congrès pour élire Marine Tondelier à sa tête – Le Monde

Marine Tondelier, candidate au poste de secrétaire nationale du parti Europe Ecologie-Les Verts, à Paris, le 3 novembre 2022.

Les amateurs de suspense devraient en être pour leurs frais : les quatre cents délégués du congrès d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s’apprêtent à élire officiellement samedi 10 décembre à Rungis leur nouvelle secrétaire nationale, Marine Tondelier. Peu connue du grand public, l’élue du Pas-de-Calais prendra les rênes d’un parti en crise.

Plombé par le résultat décevant de Yannick Jadot à la présidentielle (4,6 %), le parti reste empêtré dans le duel entre l’ancien candidat et la députée écoféministe Sandrine Rousseau. Et les accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne portées contre le secrétaire national sortant Julien Bayou ont fini de le fragiliser.

Marine Tondelier, 36 ans, qui s’est fait connaître en affrontant le Rassemblement national à Hénin-Beaumont, est issue de la direction sortante du mouvement. La candidate est arrivée largement en tête du premier tour, le 26 novembre, avec 47 % des voix des adhérents.

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Parmi les cinq autres têtes de listes, toutes des femmes, seulement deux ont obtenu plus de 10 % : Sophie Bussière (18 %), soutenue par Yannick Jadot, et Mélissa Camara (13,5 %), soutenue par Sandrine Rousseau et une partie de l’aile gauche d’EELV.

Tensions internes

Forte de sa confortable avance, Marine Tondelier a engagé des négociations avec ses concurrentes, pour s’assurer samedi une majorité forte dans l’équipe dirigeante. Mais la future secrétaire nationale, qui a fait campagne sur le « collectif » en dénonçant les querelles intestines qui divisent le parti, n’aura pas réussi à s’épargner des tensions internes.

Elle espérait déposer une motion de synthèse unique à l’heure du vote final des quatre cents délégués, mais pourrait ne pas réunir autour de sa ligne toutes les autres motions.

Mélissa Camara pourrait en effet déposer sa propre motion. Son équipe était sortie insatisfaite des négociations engagées depuis plusieurs jours, notamment sur la question toujours épineuse de la répartition des quinze postes du bureau exécutif et sur le rapport avec la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) conclue en mai entre La France insoumise, EELV, le Parti socialiste et le Parti communiste.

Divergence sur les élections européennes

Jugeant que la ligne a été clairement choisie au premier tour par les militants, Marine Tondelier a en effet posé ses exigences : une motion de synthèse fondée sur sa motion initiale, et sans évolution possible sur la question des alliances et des élections européennes.

Un point de blocage pour l’équipe de Mélissa Camara, qui veut porter haut les couleurs de la Nupes et qui prône de ne pas fermer la porte à une liste commune de gauche aux élections européennes de 2024.

A l’inverse, Marine Tondelier promet une liste EELV indépendante aux élections européennes et, sans rejeter la Nupes, veut donner la priorité à la création d’un « grand mouvement de l’écologie politique ».

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L’équipe Camara dénonce aussi les postes qui lui ont été proposés au sein du bureau exécutif, et rejette les « gages de solidarité », que Marine Tondelier demande. « S’ils veulent représenter le parti, ils ne peuvent pas le critiquer à l’extérieur », explique l’entourage de la future cheffe, qui veut un parti « bienveillant et inclusif ». « Les voix divergentes n’ont plus le droit d’exprimer leurs divergences », a déploré Alain Coulombel, numéro deux sur la liste de Mélissa Camara.

Les trois autres motions, qui pouvaient négocier avec elle, devraient pour leur part se rallier à la nouvelle direction.

Marine Tondelier a pour ambition de refonder EELV – dont elle souhaite changer le nom –, en modifiant ses règles internes, souvent considérées comme complexes et peu propices à la conquête du pouvoir. L’élue nordiste, qui défend une « écologie populaire », souhaite « massifier » le parti, surtout en direction des territoires ruraux et des quartiers populaires, et rassembler un million de sympathisants écologistes d’ici à la fin de son mandat.

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Le Monde avec AFP

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