Des associations féministes dénoncent des « violences policières » en marge d’une manifestation samedi à Paris – Le Monde
Plusieurs milliers de personnes ont participé à une « marche nocturne » pour un « féminisme populaire antiraciste », samedi 7 mars à Paris, à l’appel de collectifs et d’associations féministes. Le cortège est parti de la place des Fêtes à destination de la place de la République. Alors que la semaine écoulée a été marquée par les vives réactions au César décerné au réalisateur Roman Polanski, les militantes ont chanté et brandi plusieurs slogans faisant référence à la tribune incisive de l’autrice Virginie Despentes publié le 1er mars par Libération et à l’actrice Adèle Haenel.
« On s’lève, on s’casse, on vous emmerde » #MarcheFéministe #8mars https://t.co/EZhmkBH1hP
— Roz_N_Roll (@Rozenn Le Carboulec)
Effet Adèle Haenel Aïssa Maïga et Virginie Despentes dans la #marchefeministe… https://t.co/cgNyzVuxBI
— LarrereMathilde (@Mathilde Larrere)
Comme le montrent les images du journaliste Rémy Buisine présent aux abords de la place de la République samedi soir, les forces de l’ordre ont chargé les manifestantes avant de tenter de disperser la foule avec du gaz lacrymogène.
Charge policière vers le cortège féministe à République. Les femmes résistent en repoussant les boucliers des force… https://t.co/lEwhQzDEeC
— RemyBuisine (@Remy Buisine)
Anne Hidalgo se dit « choquée »
Plusieurs militantes et des associations féministes se sont émues dimanche des « violences policières ». « Je suis atterrée de voir que le ministère de l’intérieur a choisi de déployer des moyens pour réprimer les femmes plutôt que de renforcer les moyens de lutte contre les violences machistes », s’est indignée sur le réseau social Twitter la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.
« Des féministes ont été frappées par les forces de l’ordre alors qu’elles manifestaient, notamment, contre les violences sexuelles », s’est émue de son côté la militante Caroline De Haas, du collectif #NousToutes. La maire de Paris, Anne Hidalgo, candidate à sa réélection, s’est dite « choquée » par des « violences inadmissibles et incompréhensibles », et a fait part sur Twitter de son « soutien aux manifestantes et manifestants ».
Choquée par les violences inadmissibles et incompréhensibles la nuit dernière place de la République. Soutien aux m… https://t.co/Z7mPtPzC60
— Anne_Hidalgo (@Anne Hidalgo)
Le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, a fustigé quant à lui des « violences policières absolument injustifiables ».
9 personnes interpellées
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, « a demandé un rapport à la préfecture de police sur ce qui s’est passé en marge de la #marcheféministe », selon la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa. « Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits », a-t-elle ajouté également sur Twitter.
La manifestation a donné lieu à des « dégradations » et des « tentatives de départ en cortèges sauvages », selon une source policière contactée par l’Agence France-Presse. Juste avant d’arriver place de République, certaines manifestantes se sont allongées et quelque 200 ont scandé des slogans hostiles à la police, a précisé cette source.
La Préfecture de police de Paris a par ailleurs annoncé que neuf personnes avaient été interpellées : six pour participation à un regroupement, une pour outrage, rébellion et jets de projectiles, et deux pour outrage et rébellion.
Cette « marche nocturne » était organisée par des collectifs militants distincts de ceux ayant appelé à la marche prévue dimanche après-midi. Il s’agissait d’une manifestation « non mixte », c’est-à-dire réservée aux femmes ou aux transsexuelles, selon l’appel publié sur le site Internet paris.demosphere.net.
Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus dimanche à Paris et dans une dizaine d’autres villes de France pour la Journée internationale des droits des femmes, les militantes voulant faire un point de convergence des « dynamiques féministes ». Contre la réforme des retraites et ses effets supposés négatifs pour les femmes, contre la répartition inéquitable du travail domestique, contre les violences sexuelles et les féminicides, ou encore contre les violences gynécologiques et obstétricales : les mots d’ordre seront multiples dans les cortèges, qui doivent défiler dans plusieurs villes françaises.