Déroute de LREM aux régionales : Emmanuel Macron, comme si de rien n’était – Le Parisien

Une réunion sur les discothèques le matin, la Fête de la musique à l’Elysée le soir avec Jean-Michel Jarre. Le tout entrecoupé d’une visite privée… du chanteur canadien Justin Bieber. Ceux qui doutaient qu’Emmanuel Macron avait bel et bien l’intention d’enjamber le premier tour des régionales, calamiteux pour la majorité, en ont eu l’ostensible confirmation ce lundi 21 juin, en voyant la journée du président. L’air de rien, comme si ses troupes n’avaient pas connu de déroute la veille… N’avait-il pas prévenu dès la semaine dernière qu’il ne tirerait « aucune conclusion nationale » du résultat des régionales ?

« Cette ligne est purement intenable. Dire qu’il ne tirera pas le moindre enseignement pour notre majorité, comme pour le pays vu l’état de l’abstention, ce serait donner le sentiment qu’il n’a pas compris le double avertissement des Français dimanche », s’inquiète un ministre de premier rang après cette soirée électorale jugée « catastrophique ». Un son de cloche largement partagé lundi à tous les étages de la Macronie.

Vers une dissolution de LREM et un remaniement ?

En coulisses, les mots n’étaient pas assez durs pour critiquer la stratégie adoptée pendant cette campagne. Notamment dans les Hauts-de-France et en Paca, où l’Elysée et Matignon se sont activés pour affaiblir les candidats de la droite… au risque de jouer les apprentis sorciers avec le RN. Avec le résultat que l’on connaît. « Les deux régions où la main de Dieu s’est abattue, la majorité présidentielle est hors-jeu », s’emporte un élu, qui ironise sur « les grands stratèges au sommet de l’Etat ». Particulièrement dans la ligne de mire, le député Thierry Solère, également conseiller politique de Macron et principal artisan de ce plan risqué. « Solère, c’est Dédé l’embrouille ! » canarde un ministre.

Autour du président, on récuse pourtant les conclusions trop hâtives. « Attendons le résultat du second tour », glisse un proche, qui jure par ailleurs qu’il n’entend pas rester de marbre face au problème de l’abstention. « Il ne faut jamais être sourd lorsque le silence est si haut, même pour des élections locales », glisse-t-on, en n’excluant pas qu’Emmanuel Macron réagisse prochainement sur le sujet.

À dix mois de la présidentielle, il ne pourra pas non plus éviter de se pencher sur son parti, LREM, une fois de plus renvoyé à son si faible poids politique. « Il y a 10 % de Marcheurs qui sont actifs. Ce n’est pas une coquille vide, c’est un réseau dormant ! » déplore un fidèle du chef de l’Etat. De là à penser que les heures du mouvement sont comptées et les couteaux tirés contre son chef, Stanislas Guerini ?

Dimanche soir, le bureau exécutif, qui s’annonçait tendu, n’a pourtant pas viré à la foire d’empoigne. « C’était à fleurets mouchetés », commente un participant. Une chose est sûre, l’idée de créer une nouvelle formation politique, sous la bannière de « la maison commune » n’a jamais été autant d’actualité. « On va essayer de dissoudre LREM dans une entité plus large. Il faut parler de mouvement présidentiel et pas d’En marche », estime un député.

Un chantier qui pourrait être précédé d’un autre, celui du remaniement. Même sans avoir l’air d’y toucher… « Il peut y avoir des ajustements estivaux, mais davantage liés à l’empreinte des ministres qu’à leurs résultats », avance un ministre. Et quid du Premier ministre Jean Castex ? Depuis dimanche, beaucoup déplorent son silence dans cette séquence. Tout juste un tweet, lundi matin, pour lancer « un appel solennel » contre l’abstention. Bref, autant d’indications qui prouvent bien qu’il sera difficile pour Emmanuel Macron de continuer comme si de rien n’était après ce violent coup de semonce. Il n’est qu’à écouter ce ministre citer Lacan : « Le réel, c’est quand on se cogne. »

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading