Crise en Ukraine : retrait d’une partie des Russes, l’Allemand Olaf Scholz à Moscou… le point sur la situation – Le Parisien

Entre la Russie et l’Occident, la situation sur la question ukrainienne est toujours aussi tendue. Mais, au-delà des déclarations fracassantes – Jean-Yves Le Drian a estimé, ce lundi, que « tous les éléments » pour une « offensive (militaire) forte » de la Russie étaient réunis – la tentative d’un règlement diplomatique perdure.

Ce mardi, le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est rendu à Moscou pour poursuivre l’entreprise entamée depuis plusieurs semaines déjà. Avant même sa rencontre avec Vladimir Poutine, la Russie a annoncé le retrait d’une partie de ses troupes. Les efforts diplomatiques pour éviter un conflit sont « loin d’être épuisés », a commenté le dirigeant allemand.

La Russie annonce un début de retrait

Signe d’une amorce de désescalade, le ministre russe de la Défense avait annoncé, dès ce lundi, la fin de certaines manœuvres militaires qui ont actuellement lieu aux frontières russo-ukrainiennes et en Biélorussie. Ce mardi matin, le gouvernement russe a fait savoir, qu’une partie des forces déployées près de la frontière retournaient effectivement à leurs garnisons.

« Les unités des districts militaires du Sud et de l’Ouest qui ont achevé leurs tâches, ont déjà commencé à procéder au chargement sur les moyens de transport ferroviaires et routiers et commenceront à retourner vers leurs garnisons aujourd’hui », a détaillé le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov, cité par les agences de presse russes. Une information confirmée quelques heures après par le Kremlin. « Nous avons toujours dit qu’après l’achèvement des exercices, (…) les troupes retourneront dans leurs garnisons d’origine. C’est ce qui se passe là, c’est le processus habituel », a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

De son côté, la France est en train « de se faire confirmer ces informations » et reste donc « prudente », a commenté Gabriel Attal ce mardi midi, à la sortie du Conseil des ministres. Mais si ce début de retrait est avéré, « c’est un signal positif, ce serait un signe de désescalade ».

Un avis qui n’est pas tout à fait partagé par Boris Johnson. Le Premier ministre britannique juge que les renseignements arrivés ce mardi ne sont « toujours pas encourageants » concernant une désescalade, notamment en raison des « groupes tactiques de bataillons se rapprochant de la frontière ». Cette annonce doit être « suivie de faits, car nous avons besoin de confiance, nous avons besoin de sécurité pour tous les citoyens ici, chez nous en Europe » a également nuancé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

L’espoir de la diplomatie

Si le porte-parole du Pentagone, John Kirby, avait estimé ce lundi qu’une « action militaire pourrait intervenir n’importe quand », les espoirs que les discussions aboutissent demeurent. « Il reste une opportunité cruciale pour la diplomatie », ont par exemple souligné le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et le président américain, Joe Biden, qui se sont entretenus par téléphone lundi. Ce mardi, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, a fait savoir qu’il restait « du temps (…) pour Vladimir Poutine pour s’éloigner du précipice, mais il ne lui reste qu’un temps limité pour le faire ».

« Il y a toujours une chance », a lui aussi déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, répondant à une question de Vladimir Poutine, selon des images diffusées à la télévision. « Nos possibilités sont loin d’être épuisées », a poursuivi le ministre, proposant même de « prolonger et d’élargir » le dialogue.

L’optimisme de l’Ukraine

Les annonces russes de ce mardi ont rendu l’Ukraine optimiste. « Ensemble avec nos partenaires, nous avons réussi à empêcher toute nouvelle escalade de la part de la Russie », a déclaré, ce mardi le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. S’il a reconnu une situation toujours « tendue », le ministre des Affaires étrangères a estimé qu’elle était cependant « sous contrôle », tout en ajoutant qu’il était prématuré d’officialiser la baisse des tensions.

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« La Russie fait tout le temps toutes sortes de déclarations, voilà pourquoi nous avons une règle : on croira à une désescalade quand on aura vu le retrait » des troupes, a-t-il ajouté. Ce mardi à la mi-journée, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui aussi fait part de son « optimisme prudent » tout en précisant qu’un signe de désescalade n’était encore visible sur le terrain.

Olaf Scholz à Moscou

Le chancelier allemand est arrivé à Moscou ce mardi, pour rencontrer Vladimir Poutine. Il a assuré qu’il répéterait au président russe ses menaces de prendre des « mesures de grande envergure qui auront des répercussions importantes sur les possibilités d’évolution économique de la Russie ». Mais les efforts diplomatiques pour éviter un conflit sont « loin d’être épuisés », a assuré le dirigeant allemand.

Lors d’une conférence de presse avec le chancelier, Vladimir Poutine a voulu rassurer. « Voulons-nous (d’une guerre) ou pas ? Bien sûr que non. C’est pour cela qu’on a avancé nos propositions pour un processus de négociations », a-t-il déclaré face aux journalistes.

La veille, Olaf Scholz s’était rendu à Kiev, à la rencontre de Volodymyr Zelensky. Comme Emmanuel Macron avant lui, il a refusé de se soumettre à un test anti-Covid russe à son arrivée pour ses entretiens avec Vladimir Poutine, optant pour un prélèvement supervisé par Berlin.

L’Allemagne, qui se voyait reprocher par les Occidentaux d’être trop tendre avec la Russie pour des raisons économiques, commence à durcir le ton. Avant même la rencontre d’Olaf Scholz avec Vladimir Poutine, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exhorté la Russie à « retirer ses troupes » de la frontière. « La situation est particulièrement dangereuse et peut dégénérer à tout moment » et « nous devons utiliser toutes les opportunités de dialogue pour atteindre une solution pacifique », a-t-elle poursuivi dans un communiqué, ajoutant : « la responsabilité d’une désescalade est clairement du côté de la Russie ».

Demande inquiétante du Parlement russe

En parallèle de l’annonce du retrait de certaines troupes russes ainsi que des discussions diplomatiques, les députés russes ont fait, ce mardi, une demande qui va à l’inverse du processus de pays. La Douma a voté, en séance plénière, un texte appelant Vladimir Poutine à reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes prorusses qui se trouvent dans l’Est de l’Ukraine.

Si cette demande était acceptée, elle marquerait la fin du processus de paix, marqué par les accords de Minsk, signés sous médiation franco-allemande, prévoyant à terme le retour de ces territoires sous le contrôle de Kiev.

Selon une source à l’Élysée, Vladimir Poutine a assuré à Emmanuel Macron qu’il n’approuvait pas cette initiative parlementaire. Mais la France reste tout de même vigilante sur la question.

Bientôt une aide de l’Europe

L’Union Européenne pourrait également apporter une nouvelle aide financière à l’Ukraine. Ce mardi matin, les eurodéputés se sont mis d’accord mardi pour voter en urgence un nouveau soutien financier d’un montant de 1,2 milliard d’euros, sous la forme d’un prêt sur 12 mois alloué en deux tranches. Un second vote, devant entériner cette proposition, doit encore intervenir au cours de la session plénière qui se déroule à Strasbourg jusqu’à jeudi, a précisé une porte-parole du Parlement européen.

Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’UE et ses institutions financières ont déjà mobilisé « 17 milliards d’euros en subventions et en prêts » pour l’Ukraine depuis l’annexion par Moscou de la Crimée en 2014.

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