Coup d’Etat au Soudan : ce que l’on sait de l’arrestation de plusieurs dirigeants dont le Premier ministre – franceinfo

L’ombre d’un coup d’Etat militaire plane plus que jamais au-dessus du Soudan. Le ministère de l’Information a annoncé que la plupart des dirigeants du pays, dont le Premier ministre Abdallah Hamdok, avaient été arrêtés et emmenés “vers une destination inconnue” par des hommes armés, lundi 25 octobre, dans la matinée. Dans la foulée, des centaines de manifestants sont descendus dans la rue pour résister” à cette tentative de putsch. Franceinfo vous résume ce qu’on le sait de la situation dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Le Premier ministre arrêté

Après plusieurs heures d’incertitude, le ministère de l’Information saoudien l’a confirmé : le Premier ministre soudanais fait bien partie des dirigeants arrêtés. “Après avoir refusé de soutenir le coup d’Etat, des forces armées ont arrêté le Premier ministre Abdallah Hamdok et l’ont emmené vers un lieu non identifié”, peut-on lire dans un communiqué. Un groupe de combattants a été vu auparavant en train de faire le siège de sa maison.

Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, le 18 octobre 2021, à Khartoum. (AFP)

L’identité et la fonction des autres dirigeants ne sont pas encore connues. Sur Facebook, le ministère de l’Information écrit simplement que “les membres civils du Conseil de souveraineté” qui chapeaute la transition “et la plupart des ministres” ont été appréhendés à leur domicile avant l’aube, et qu’ils “ont été emmenés vers une destination inconnue”.

La chaîne de télévision Al-Hadath croit savoir que “quatre membres du gouvernement civil”, “un membre civil du Conseil de souveraineté” (l’une des instances de transition), ainsi que “plusieurs gouverneurs et plusieurs dirigeants politiques” font partie des personnalités arrêtées.

Des militaires à la manœuvre 

Qui se cachent derrière ces arrestations ? Une source gouvernementale a évoqué auprès de l’AFP d’hommes armés non identifiés, le ministère de l’Information a pointé de son côté “des forces militaires”. La situation demeure confuse, peu d’informations filtrent car internet a été coupé et les télécommunications sont de plus en plus aléatoires. La chaîne Al-Hadath, la télévision d’Etat, prise d’assaut par des soldats, a annoncé que le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête de la transition soudanaise, allait prendre la parole dans la journée.

Des manifestants dans la rue

Depuis l’annonce de l’arrestation de la plupart des dirigeants, le hashtag #SudanCoup (que l’on peut traduire par #CoupdEtatauSoudan) est déjà utilisé sur Twitter. Des manifestants ont commencé à se rassembler dans les rues de Khartoum, la capitale, pour protester. Des barrages ont été installés, des pneus sont brûlés. 

L’Association des professionnels soudanais (SPA), l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à 30 ans de dictature du président Omar el-Béchir, a appelé les Soudanais à la “désobéissance” sur Twitter.

L’armée a tiré “à balles réelles” sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée, dont l’accès est bloqué par des blocs de béton et des soldats depuis plusieurs jours, a ajouté le ministère sur Facebook.

Des tensions depuis plusieurs semaines

Depuis août 2019, et l’éviction du président Omar el-Béchir, le pays est dirigé par une administration composée de civils et de militaires chargée de superviser la transition vers un régime démocratique. Mais ce processus de transition, entaché de divisions politiques et de luttes de pouvoir, est fragilisé. Les Forces pour la liberté et le changement (FFC), qui ont mené les manifestations anti-Béchir en 2019, ont par exemple fini par se scinder en deux factions opposées.

Les divisions se sont exacerbées après un coup d’Etat manqué le 21 septembre dernier. La semaine dernière, des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé dans plusieurs villes pour soutenir le transfert complet du pouvoir aux civils et pour contrer un sit-in de partisans de l’armée devant le palais présidentiel dans la capitale Khartoum, qui exigeait un retour au “régime militaire”.

La communauté internationale inquiète

Les Etats-Unis ont très vite réagi à ces arrestations par l’intermédiaire de leur émissaire en Afrique. Sur Twitter, Jeffrey Feltman a témoigné de “l’inquiétude profonde” de son pays après les annonces de prise de pouvoir par des militaires.

Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont “inacceptables”, a également alerté Volker Perthes, l’émissaire de l’ONU au Soudan. Et le diplomate, “très inquiet des informations sur un coup d’Etat”, d’ajouter : “J’appelle les forces armées à relâcher immédiatement les détenus.”

La Ligue arabe s’est aussi dite “préoccupée”  par les “développements” au Soudan. Le secrétaire général de l’organisation, Ahmed Aboul Gheit, a appelé “toutes les parties à respecter” l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 après le renversement d’Omar el-Béchir.

“Les informations faisant état d’une nouvelle tentative de coup d’État au Soudan sont atterrantes”, a déclaré Heiko Maas, le chef de de la diplomatie allemande,  appelant au “dialogue” entre responsables politiques.

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