Coronavirus : des mesures et de la mesure pour l’exécutif – Libération

Pas d’annonce du «stade 3»… mais la mise en place d’une partie des mesures prévues. Revenu de sa campagne municipale au Havre pour une réunion au ministère de la Santé, Edouard Philippe a annoncé vendredi soir que la France en restait «toujours au stade 2» de l’épidémie de Covid-19 malgré une présence du coronavirus dans toutes les régions françaises et 613 cas confirmés, dont 39 dans un état grave. «Le virus circule activement et rapidement, a rappelé le Premier ministre, mais il n’est pas partout sur notre territoire.» Flanqué de son ministre de la Santé, Olivier Véran, et du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, le chef du gouvernement a expliqué qu’il était «essentiel de continuer à gagner du temps» en tentant de contenir la propagation du virus : «Ce temps est utile parce que cela permet à notre système de santé de se préparer à faire face.» Sentant l’atmosphère anxiogène parmi la population, Edouard Philippe a tenté de «dédramatiser» le passage au stade 3 qui marquera la «circulation active du virus sur tout le territoire» : «C’est désormais inexorable mais notre système de santé a les moyens d’y faire face, a-t-il assuré. Cette étape sera franchie «quand ce sera nécessaire, pas avant», a-t-il affirmé.

«Rassemblements» limités

Pour autant, le Premier ministre a déclaré vendredi soir «un renforcement des mesures» dans certains départements fortement touchés par le virus. Dans l’Oise et le Haut-Rhin, «et pour eux seuls», a bien précisé Edouard Philippe, les préfets limiteront «les rassemblements». «Sauf ceux essentiels à la vie sociale et démocratique», a affirmé le Premier ministre. Plus important : les crèches, écoles, collèges et lycées de ces deux départements seront fermés pour quinze jours à partir de lundi. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, avait pourtant souligné que fermer des écoles n’était pas forcément «une bonne décision». A ce jour, 150 établissements, qui scolarisent 45 000 élèves, dans lesquels enseignent plus de 3 000 professeurs, étaient fermés dans l’Hexagone. La plupart dans les départements de l’Oise et du Morbihan, qui comptent parmi les foyers où le virus sévit le plus. Une commune de Haute-Savoie, Balme-de-Sillingy (5 000 habitants), où une trentaine de personnes sont touchées par le Covid-19 avait déjà décidé de fermer ses écoles jusqu’au 14 mars pour limiter la transmission par les enfants, souvent porteurs mais sans développer la maladie. «Nous serons transparents sur l’effet de ces mesures de freinage et nous saurons les adapter», a conclu le Premier ministre, appelant également les personnes fragiles «à rester à leur domicile».

Vendredi matin, Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs précédé sur ce type de recommandations pour protéger les personnes âgées. Toujours aussi soucieux d’apparaître comme un président prenant au sérieux la situation, le chef de l’Etat s’est rendu cette fois-ci dans une maison de retraite. Après avoir pris soin de laisser les caméras le filmer, assis, discutant et plaisantant avec les pensionnaires, Emmanuel Macron a appelé les Français à «limiter au maximum les visites» aux personnes âgées car «plus fragiles». «La nation est derrière nos aînés, a déclaré le président de la République. Quiconque entre en Ehpad doit prendre cette précaution de se laver les mains au savon, au gel hydro [alcoolique], de ne pas serrer les mains, de ne pas toucher et d’être très vigilant.»

Par ailleurs, le ministre de la Santé a annoncé que les pharmacies pourraient désormais fabriquer leur propre gel hydroalcoolique, produit très souvent en rupture de stocks ces derniers jours. Un décret du ministre de l’Economie pris vendredi encadre également les prix de ce désinfectant : 3 euros pour un flacon de 100 millilitres, 2 euros pour 50 millilitres et 5 euros pour 300 millilitres. Olivier Véran a aussi confirmé que la Haute Autorité de santé autorisait les tests de dépistage «en ville» et que les procédures seraient très vite communiquées.

«Scénario à l’italienne»

L’exécutif poursuit ainsi sa communication de crise. Et pour cause : la journée de vendredi a apporté son lot de mauvaises nouvelles avec l’annonce de deux nouveaux décès, portant à 9 le bilan français. Le virus se propage ainsi très vite : 190 cas de patients positifs supplémentaires ont été recensés en vingt-quatre heures, portant donc à 613 le nombre de personnes infectées. Des chiffres qui laissent craindre un «scénario à l’italienne», marqué par une hausse brutale du nombre de cas en l’espace de quelques jours. Même l’Assemblée nationale n’échappe pas au Covid-19 : le député (Les Républicains) du Haut-Rhin Jean-Luc Reitzer est hospitalisé depuis jeudi après-midi à Mulhouse dans un service de réanimation. Son état de santé est jugé sérieux mais stable. Par ailleurs, un employé de la buvette de l’Assemblée est aussi contaminé et une suspicion d’infection pèse sur quatre autres personnes travaillant notamment dans le restaurant du Palais Bourbon. En Alsace, le nombre de personnes touchées est passé à 136. Un nouveau foyer infectieux a surgi à Mery-sur-Oise, une commune de 10 000 habitants du Val-d’Oise, en région parisienne. L’Agence régionale de santé, fait état de 9 personnes contaminées dans cette localité.
Tonino Serafini , Lilian Alemagna

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