COP26, jour 12 : « Il faut mettre l’argent sur la table » pour les pays pauvres, plaide Boris Johnson – Le Monde

Un policier surveille une manifestation. Derrière lui, sur la banderole est écrit : « Combien de flics pour arrêter le chaos climatique ? »

Retrouvez chaque jour, en fin de journée, les moments forts de la 26e Conférence des parties (COP) pour le climat des Nations unies, qui se tient jusqu’au 12 novembre à Glasgow (Ecosse), ainsi que les éclairages des journalistes du Monde.

  • Ce qu’il faut retenir :

  • Les négociations se poursuivent

D’âpres discussions se poursuivaient vendredi à la COP26 sur un projet de déclaration finale appelant à accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre, aider les pays pauvres face aux catastrophes et limiter les énergies fossiles. Alok Sharma, le président britannique de la COP26, a déclaré que les discussions se poursuivraient au-delà de l’heure limite de 18 heures. Il a ajouté qu’il espérait toujours aboutir à un texte aujourd’hui, qui pourrait ensuite être approuvé et adopté dans la soirée.

  • La France va cesser de financer à l’étranger des projets d’énergies fossiles

Au dernier jour de la conférence, la France annonce qu’elle va rejoindre l’accord mettant fin au financement public à l’étranger de certains projets d’énergies fossiles dès la fin de 2022, a annoncé vendredi le gouvernement. La semaine dernière, à Glasgow, une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis, rejoints depuis par quelques autres, dont l’Allemagne, avaient lancé cette coalition, saluée comme un premier pas dans la bonne direction par les ONG climat.

Pour la France, cette déclaration concerne à la fois l’aide publique au développement bilatérale et les financements à l’export pour les projets d’énergies fossiles ne disposant pas de dispositifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, a précisé le gouvernement dans un communiqué. « La lutte contre le dérèglement climatique implique de tourner la page des énergies fossiles », a commenté dans un tweet la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili.

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  • Les pays invités à limiter les financements « inefficaces » des énergies fossiles

Dans un nouveau projet de décision finale, posté par la présidence britannique vendredi matin, les pays qui participent à la COP26 sont invités à limiter les financements « inefficaces » des énergies fossiles et à accélérer la sortie de l’utilisation du charbon « sans système de capture » carbone. Cette formulation est adoucie par rapport à une précédente version du texte, qui appelait simplement à « accélérer la sortie du charbon et des financements aux énergies fossiles ».

Les systèmes de captation du carbone pour réduire les taux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont mis en avant pour réduire le réchauffement climatique, mais peinent à convaincre les écologistes. Cette question des énergies fossiles est particulièrement contentieuse, notamment pour les pays producteurs ou certains pays dépendants de ces ressources pour leur production d’énergie. Ces énergies, pourtant première source des émissions de gaz à effet de serre, ne sont, par exemple, pas mentionnées dans l’accord de Paris.

  • « Mettre l’argent sur la table pour les pays pauvres »

« Il faut mettre l’argent sur la table pour les pays pauvres » à la COP26 de Glasgow, a déclaré Boris Johnson, selon l’agence Associated Press. « Les gens doivent voir qu’il y a assez d’argent pour débuter, et qu’il y a assez d’engagements pour démarrer (…). Nous n’arriverons pas à tout résoudre à la COP, mais au moins nous pouvons commencer », a poursuivi le premier ministre britannique.

La question de l’aide financière aux pays les moins développés pour faire face aux conséquences du changement climatique est un des points majeurs retardant la conclusion d’un accord à la conférence sur le climat, alors que les pays riches n’ont toujours pas tenu leur promesse de 100 milliards d’aide annuelle.

Pour aider les nations vulnérables à affronter la multiplication des sécheresses, des inondations ou des canicules liées au changement climatique, les milliards de dollars mis sur la table à la COP26 ne suffiront pas. Ce sont des milliers de milliards de dollars qui seront nécessaires, selon un projet de rapport des experts climat de l’ONU (GIEC), qui doit être publié au début de 2022, obtenu par l’Agence France-Presse.

Selon le projet de rapport, d’ici à 2050, les financements nécessaires pour l’adaptation pourraient ainsi atteindre 1 000 milliards de dollars par an, en considérant certains scénarios d’émissions. Dans un monde à + 2 °C, les coûts d’adaptation pour l’Afrique seule pourraient augmenter de « dizaines de milliards » chaque année.

La déclaration du jour :

« Ne les appelez pas pays donateurs. Ce sont des pollueurs ! Ils doivent cet argent. »

Saleemul Huq, chercheur bangladais spécialiste des questions climatiques.

L’image du jour :

Alors que l’Ecosse accueille la COP26, des propriétaires de réserves de chasse brûlent des landes de bruyère pour augmenter le nombre de tétras qui peuvent être abattus par les chasseurs. Le processus libère le carbone stocké dans ces zones de tourbières.

Le tour du monde :

La Sibérie arctique a enregistré des chaleurs exceptionnelles en juin 2020, avec des températures de 5 à 10 °C supérieures à la moyenne. Ce dérèglement provoque inondations et incendies, qui appartiennent désormais à la routine de l’été.

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Les mots pour comprendre la COP26 :

Géo-ingénierie

Il s’agit de l’ensemble des techniques que les êtres humains pourraient mettre en place pour agir sur le climat de la planète afin de lutter contre le changement climatique. Ces actions – telles que la dispersion d’aérosols dans l’atmosphère pour empêcher une partie des rayons solaires de réchauffer la planète ou la « fertilisation » des océans avec du fer pour améliorer l’absorption du CO2 par le phytoplancton – n’en sont encore qu’au stade expérimental, pour les plus avancées. Elles font l’objet d’un intérêt grandissant alors que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître. Néanmoins, cette approche est très controversée et nécessite une étude approfondie des implications, des risques et des effets secondaires induits. Les scientifiques, qui rappellent que ces technologies ne peuvent pas se substituer à une forte réduction des émissions des gaz à effet de serre dues aux hommes, appellent à une gouvernance mondiale de la géo-ingénierie.

La géo-ingénierie, un pari inventif… et risqué

Conscients de l’accélération du réchauffement en cours et de l’incapacité des gouvernements à s’accorder pour endiguer les émissions de gaz à effet de serre, certains scientifiques imaginent des techniques d’intervention à grande échelle sur le climat terrestre. C’est en 2006, dans la revue Climatic Change, que le prix Nobel de chimie Paul Crutzen a, le premier, formellement décrit une telle méthode de géo-ingénierie atmosphérique : disperser dans la stratosphère des particules en grande quantité, afin d’occulter une part du rayonnement solaire. Et « contrebalancer » ainsi l’augmentation de l’effet de serre et faire baisser la température moyenne du globe. Depuis, les publications scientifiques se sont multipliées, généralement pour modéliser les risques considérables induits par ces techniques.

D’autres types de géo-ingénierie ont également été explorés. En particulier celles consistant à accroître l’absorption du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique par le plancton. Certains océanographes tentent ainsi, dans des expériences à grande échelle, de mesurer ce que pourrait produire – en matière d’abaissement de la concentration atmosphérique en CO2 – l’ajout de très grande quantité de fer dans l’océan Austral. Ce nutriment pourrait être un facteur limitant le développement de certains planctons photosynthétiques : disperser du fer dans les eaux de surface permettrait au plancton de proliférer, pompant ainsi le CO2 excédentaire. Jusqu’à présent aucune expérience n’a démontré l’efficience du processus.

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La capture et la séquestration géologique du CO2 sont une autre voie explorée. Moins hasardeuse, elle consiste à capturer – en sortie de centrale au gaz ou à charbon – le carbone émis puis à le liquéfier et à le réinjecter dans des formations géologiques (gisement d’hydrocarbures épuisé, etc.). Des projets expérimentaux ont été mis en place dans plusieurs pays, mais le coût important de ces opérations et la disponibilité ou l’étanchéité des réservoirs géologiques constituent des facteurs limitants.

Le chiffre :

10 %

Ce qui est bien avec le plastique, c’est que c’est recyclable. Enfin, certains plastiques. Et puis, il faut les trier en amont. Et c’est souvent difficile de le recycler plus d’une fois. Finalement, seulement 10 % des emballages plastique sont recyclés dans le monde. Que faire des 6,3 milliards de tonnes de plastique qui ont été produites, puis mises à la poubelle depuis les années 1950 ? Décharges, incinération, décomposition dans la nature… alors que la production de plastique risque de doubler d’ici à 2050, il n’existe encore aucune solution satisfaisante pour le traiter. Fait à partir d’hydrocarbures, et peu coûteux, il est considéré comme la matière jetable par excellence.

Des solutions pour la planète :

Pull en pulpe de bois d’eucalyptus, sous-vêtements en fibres de bambou, baskets en cuir végétal… les marques de mode multiplient les propositions de matériaux innovants pour verdir nos vestiaires. Mais que valent toutes ces nouvelles matières premières présentées comme moins nocives pour l’environnement ? Quelles sont les fibres textiles à privilégier pour moins polluer ? On examine à la loupe les étiquettes.

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Retrouvez tous les articles de notre dossier spécial COP26 ici.

Le Monde avec AFP

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