Attentat à la préfecture : le vrai du faux sur l’ex-imam de Gonesse – Le Parisien

Depuis 24 heures, il est la cible de tous les députés de l’opposition : Ahmed Hilali, 35 ans, ancien imam de la mosquée de Gonesse (Val-d’Oise) fréquentée par Mickaël Harpon, l’agent administratif qui a semé la mort à la préfecture de police de Paris le 3 octobre. Cet homme décrit comme « fondamentaliste » avait été visé par une mesure d’expulsion en 2015, annulée depuis. « Comment est-il possible qu’un imam radicalisé, et ce sont les services de renseignement qui le disent, à qui on notifie une obligation de quitter le territoire français en 2015, est toujours là en 2019? Cela s’appelle un dysfonctionnement majeur, cela s’appelle une faute », s’est insurgé le député (ex-PS) François Pupponi.

Même son de cloche du côté du vice-président du RN, Jordan Bardella : « Je tombe de ma chaise quand j’entends le ministre de l’Intérieur nous expliquer qu’un imam marocain, qui prêchait la haine de la France et de nos valeurs, a pu échapper à une obligation de quitter le territoire car il s’est marié et a eu un enfant. C’est hallucinant! » Sans faire de lien direct, les élus s’interrogent en réalité sur l’éventuelle implication d’Ahmed Hilali dans la radicalisation de l’ancien informaticien de 45 ans.

Connaissait-il Mickaël Harpon ?

Selon des sources concordantes, l’ancien imam n’est nullement visé à ce stade dans l’enquête sur la tuerie de la PP. « Il n’a jamais été suivi par la DGSI en renseignement. Cela n’a jamais été un objectif. Il faut arrêter cette hystérie », souligne une source proche de l’enquête. Ahmed Hilali ne fait pas partie des deux contacts identifiés comme appartenant à la mouvance salafiste découverts sur le téléphone portable de Mickaël Harpon. Il n’a pas davantage été entendu par les enquêteurs sur les agissements de l’agent administratif. Pour l’heure, les investigations n’ont mis au jour aucune organisation terroriste autour de Harpon.

Sur France Info et BFMTV, l’ex imam a assuré n’avoir jamais parlé avec le terroriste, tout au plus lui a-t-il « serré la main » à la mosquée.

Quels sont ses liens avec la mosquée de Gonesse ?

De source sécuritaire, Ahmed Hilali a officié en tant qu’imam principal – il délivrait les prêches le vendredi – de la mosquée de Gonesse entre avril 2017 et avril 2018. Aujourd’hui, il n’y occupe plus qu’un rôle secondaire, délivrant quelques prières quotidiennes. Le lieu de culte est désormais dirigé par l’imam Hassan El Houari, un Français d’origine marocaine inconnu des services de renseignements, sans aucun démêlé avec l’administration, et dont les prêches ne souffrent d’aucune polémique.

Est-il radicalisé ?

Ahmed Hilali s’en défend en tout cas. « Jamais je n’ai été convoqué par la police, ni par les renseignements généraux, jamais », a-t-il déclaré sur France Info. Selon nos informations, si l’homme fait l’objet d’une fiche S, un outil de renseignement, et non une preuve de dangerosité. Il n’est pas inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), et n’a jamais été suivi par la DGSI. Il a toutefois été licencié de toutes les mosquées où il a officié par les associations locales avant Gonesse, notamment à Sarcelles (Val-d’Oise) et Garges-lès-Gonesse. En cause : des problèmes de comportements liés à des prêches jugés trop radicaux, qu’il conteste mais aussi « à des problèmes personnels », type ponctualité. « C’était un amateur d’argent, et sa gestion était entachée de soupçons », indiquent des sources concordantes. Sa première épouse s’était également tournée vers la police, sans déposer plainte, pour se plaindre du fait qu’il lui imposait une pratique de l’islam trop rigoriste.

Pourquoi n’a-t-il pas été expulsé ?

L’ancien imam, de nationalité marocaine, a été visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en 2015 non pas en raison d’une radicalisation mais parce qu’il ne disposait d’aucun papier en règle. Cette mesure a néanmoins été annulée ensuite par la commission des cartes de séjour car Ahmed Hilali, introuvable dans un premier temps, a pu prouver qu’il s’occupait de l’enfant de sa compagne de l’époque. Il s’est ensuite remarié et a eu son propre fils. La commission a donc rendu un avis favorable à son maintien en France pour raisons familiales.

Ahmed Hilali a reçu pour la première fois un permis de séjour en 2019, valable jusqu’en avril 2020.

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