Zemmour, candidat à la présidentielle 2022, dézingué par la classe politique – Le HuffPost

Eric Gaillard via Reuters
La classe politique s’en donne à cœur joie après la “sinistre mise en scène” de Zemmour (photo: Éric Zemmour, le 17 septembre 2021 en tournée promotionnelle pour son dernier livre).

POLITIQUE – “Sinistre”, vision “momifiée” de la France, discours “pastiche” du général de Gaulle… L’annonce de la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle, dans une vidéo truffée de clichés et censée imiter l’appel du 18 juin 1940, n’a pas manqué de faire réagir la classe politique, dont ses désormais adversaires pour l’Élysée.

Après des semaines de spéculations, l’ancien éditorialiste du Figaro et de Cnews s’est jeté à l’eau dans une vidéo d’une dizaine de minutes diffusée sur les réseaux sociaux. On l’y voit installé devant une bibliothèque, assis derrière un micro d’époque, dans un parallèle avec l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940. Son discours fait référence à la France des années 50, images d’archives à l’appui entrecoupées par celles, actuelles, de violences et d’émeutes urbaines, le tout sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven.

“Crépusculaire et passéiste”, a jugé Marine Le Pen auprès de BFMTV. La candidate du Rassemblement national, un temps dépassée dans les sondages, a été régulièrement décrite comme menacée et inquiétée par la candidature du polémiste. Ce qu’elle a toujours refuté. Le porte-parole du RN Sébastien Chenu critique lui “une mise en scène lugubre”, un discours “sur le fond, ‘tout est foutu’, pas porteur d’espoir”, et un candidat qui “témoigne d’une épopée française revisitée”.

À l’opposé de l’échiquier politique, le candidat du PCF Fabien Roussel s’est contenté d’une remarque lapidaire: “La haine est son métier. La polémique son seul objet”, a-t-il écrit, avant d’ériger sa candidature en opposition.

“Le micro de De Gaulle mais le discours de Pétain. La bibliothèque de Pompidou mais les lettres de Renaud Camus. La musique de Beethoven mais les fausses notes d’un passé fantasmé pour un présent caricaturé. La France ne mérite pas cette sinistre mise en scène”, a déploré le premier secrétaire du PS Olivier Faure dans un tweet.

Deux porte-paroles de la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo insistent: “C’est un pou qui se dresse sur la tête d’un géant en mimant l’appel du général de Gaulle” pour le député Boris Vallaud, devant la presse à l’Assemblée; c’est “l’extrême droite la plus rance, momifiée dans un passé fantasmé”, dénonce Pierre Jouvet dans un tweet.

Chez LR, le député Julien Aubert critique la date de l’annonce – le jour du dernier débat télévisé des candidats LR à l’investiture – et estime “qu’elle a été réfléchie par rapport à la candidature de la droite”. Chez LR, le polémiste crée un certain malaise: lors des débats, il a été l’un des rares points de discorde entre les candidats à l’investiture. Le député du Vaucluse a cependant “refusé de canoniser Éric Zemmour et de le diaboliser”, affirmant qu’il “a le droit d’être candidat”.

Damien Abad, patron des députés LR à l’Assemblée, s’est montré plus offensif quoique sur la même ligne, estimant qu”‘il y a dans la candidature d’Éric Zemmour une volonté permanente de fracturer, de diviser, de parler de déclinisme, de grand remplacement, de ne donner aucun espoir à la nouvelle génération”.

Au final, cette annonce “relève plus d’une déclaration à l’élection présidentielle de 1965”, tacle le député LFI Alexis Corbière, mais l’enjeu maintenant est que ce “candidat de la méchanceté, de la haine (…) explique ce qu’il a à dire aux Français si ce n’est leur faire des doigts d’honneur”, a-t-il souligné sur BFMTV en référence à l’échange du polémiste avec une passante lors d’un déplacement à Marseille.

De Gaulle “singé lamentablement”

Dans la majorité présidentielle, le député LREM Bruno Bonnel évoque “un discours qui enfonce la France dans une espèce de fange noire”, sans apporter de “solutions”.

“Ce n’est pas de Gaulle qu’on a vu, c’est au mieux (le général) Boulanger. Une espèce de texte lu d’une façon laborieuse, sentencieuse, et une vidéo presque digne d’une ouverture d’un teasing Netflix pour la version de l’apocalypse”, a-t-il ajouté sur BFMTV en filant la métaphore cinématographique, comme d’autres chez LREM.

La même idée est venue à l’esprit du patron des députés LREM Christophe Castaner, pour qui ”Éric Zemmour est à la politique ce que la série Z est à l’œuvre cinématographique”, et dont la déclaration “reflète ce que le cinéma [et la politique peuvent faire] de plus mauvais”.

“Ce soir c’est décidé, je regarde Nosferatu. Au moins c’est divertissant et c’est une fiction”, a ironisé l’eurodéputée Renew/LREM Nathalie Loiseau, tandis que le député LREM Sacha Houlié souligne “le côté pathétique” à “utiliser des images de violence comme dans un mauvais film coréen”, mais aussi “une musique grandiloquente” et un général de Gaulle “singé lamentablement”.

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