Yannick Jadot cherche un chemin pour l’écologie, entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon – Le Monde

Désormais, il s’agit d’éviter la dilution. Fort de seulement 4,63 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle, Yannick Jadot entend continuer à faire vivre les idées écologistes, un peu à l’étroit entre Emmanuel Macron, qu’il a critiqué vertement sur le sujet en janvier, et Jean-Luc Mélenchon, soucieux de fédérer les forces de gauche dans la perspective des élections législatives sans concéder grand-chose sur son programme.

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Le candidat déçu d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a donné une chance au président réélu, mardi 26 avril sur France Inter, en déclarant que les écologistes le soutiendront « évidemment » s’il « décide enfin d’agir pour le climat ». Ce ton tranche avec celui qu’il avait adopté le 19 janvier, au Parlement européen, à quelques mètres d’un Emmanuel Macron qui venait de prendre la présidence tournante de l’Union européenne.

« Responsables »

Il l’accusait alors d’une « alliance climaticide avec la Pologne et la Hongrie », tandis que Bruxelles s’apprêtait à inclure le gaz et le nucléaire parmi les « énergies vertes ». « Vous resterez dans l’histoire le président de l’inaction climatique, parce qu’au fond vous êtes un climato-arrangeant », poursuivait-il, déplorant que le chef de l’Etat ait conclu des « armistices avec les lobbys ». Sa conclusion, à l’époque : « Notre Europe ne sera jamais la vôtre. »

« Les écologistes ont toujours été responsables », a déclaré M. Jadot, lundi, pour justifier d’entrouvrir une porte qui paraissait cadenassée. « Ce n’est pas la première fois que le président de la République affirme que l’écologie, la lutte contre le dérèglement climatique ou la lutte contre l’effondrement de la biodiversité sont des enjeux absolument vitaux (…), mais c’est dans la pratique qu’on le verra », a-t-il précisé. Il a toutefois assuré qu’il n’entrerait pas au gouvernement dans l’hypothèse où cela lui serait proposé, parce que, à ses yeux « les débauchages, ça ne sert à rien, ça n’a jamais fait une politique ».

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Ce relatif apaisement à l’égard du chef de l’Etat contraste avec les fermes garanties que l’écologiste demande à La France insoumise (LFI), alors que les négociations se poursuivent entre EELV et le parti de Jean-Luc Mélenchon en vue des élections législatives. Certes, Yannick Jadot s’est dit « favorable à une coalition » pour « envoyer le plus de députés possible à l’Assemblée nationale », mais il refuse l’union « derrière » M. Mélenchon. « Si, à un moment donné, cette coalition ne respecte pas la diversité et l’identité de ses partenaires, ce sera sans moi », a-t-il prévenu.

« Désobéissances »

« On ne peut pas se battre pour la VIe République et considérer que les élections législatives sont simplement un troisième tour d’élection présidentielle », a-t-il jugé. « Il va falloir ajouter les électorats les uns aux autres, et donc c’est dans le respect de la diversité, le respect des identités qu’on gagnera », a-t-il continué. Sur ce point, Yannick Jadot est aligné avec le secrétaire national du parti. Le 15 avril, au lendemain de la proposition d’ouvrir les négociations formulée par LFI, Julien Bayou avait déclaré : « Nous répondons favorablement à la proposition de discussions », mais « on ne pourra pas supporter des injonctions, l’écologie ne s’effacera pas ».

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Mardi, selon l’Agence France-presse, l’ancien patron d’EELV, l’eurodéputé David Cormand, a tiré la sonnette d’alarme, même s’il souhaite un accord avec LFI : « Ils pensent qu’on fait la manche alors qu’on veut un partenariat respectueux. Ils veulent nous invisibiliser, demandent (…) d’admettre tacitement qu’il n’y a plus d’utilité à un parti écologiste. » D’autres, dans le parti, arrondissent davantage les angles : c’est bien Jean-Luc Mélenchon qui possède le « leadership » à gauche, ont jugé, entre autres, Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire d’EELV à l’automne 2021, et Grégory Doucet, le maire de Lyon.

Les politiques étrangère et européenne pourraient faire partie des principaux points de crispation entre les deux formations. « Je ne suis pas pour une Europe à la carte », a prévenu Yannick Jadot, refusant l’idée avancée par LFI et quelques écologistes de « désobéissances » aux règles européennes. Lundi, Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, avait pourtant dit croire les écologistes « sensibles à cette discussion ». Mardi, Adrien Quatennens, député de LFI, a fait savoir que de manière générale, les discussions « sont bien avancées » avec EELV et le Parti communiste français. Mercredi, ce sera au tour des socialistes de s’asseoir à la table des négociations.

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Le Monde

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