Washington ne considère plus les colonies israéliennes comme étant contraires au droit international – Le Monde

Ces occupations de territoires palestiniens sont jugées illégales par l’ONU et une grande partie de la communauté internationale, qui voit en elles un obstacle majeur à la paix.

Le Monde avec AFP Publié hier à 21h14, mis à jour à 01h13

Temps de Lecture 2 min.

Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, lors d’une conférence de presse à Washington le 18 novembre.

Les Etats-Unis ne considèrent plus contraires au droit international les colonies israéliennes en Cisjordanie, a annoncé, lundi 18 novembre, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. Ces occupations de territoires palestiniens sont jugées illégales par l’Organisation des Nations unies (ONU) et une grande partie de la communauté internationale, qui voit en elles un obstacle majeur à la paix.

« Après avoir examiné soigneusement tous les arguments de ce débat juridique, [nous concluons que] l’établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n’est pas en soi contraire au droit international », a dit lundi M. Pompeo lors d’une conférence de presse à Washington. La politique américaine s’appuyait jusqu’ici, au moins théoriquement, sur un avis juridique du département d’Etat remontant à 1978, selon lequel « l’établissement de colonies de population dans ces territoires » n’était « pas conforme au droit international ». Mike Pompeo a donc décidé que cet avis était caduc. « La vérité, c’est qu’il n’y aura jamais de solution judiciaire au conflit et que les débats sur qui a raison et qui a tort au regard du droit international n’apporteront pas la paix », a-t-il estimé, assurant qu’il ne s’agissait ni d’une ingérence dans la politique israélienne ni d’un feu vert à la colonisation.

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Coup de pouce à Nétanyahou

Au moment où les partis israéliens mènent de difficiles tractations pour former un nouveau gouvernement, cette décision peut être interprétée comme un coup de pouce au premier ministre israélien sortant, Benyamin Nétanyahou. Ce dernier a proposé, pendant la dernière campagne électorale, d’annexer une partie des colonies de Cisjordanie occupée. Lundi, M. Nétanyahou a d’ailleurs salué la position de Washington, considérant qu’elle « est le reflet d’une vérité historique – que les Juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers en Judée-Samarie ». « En fait, nous sommes appelés Juifs car nous sommes le peuple de Judée », a-t-il estimé.

De son côté, le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudein, a affirmé que Washington n’est « pas qualifié ou autorisé à annuler des dispositions de droit international et n’a pas le droit de légaliser des colonies israéliennes ». L’Union européenne a, pour sa part, réaffirmé sa condamnation de la politique de colonisation israélienne, en rappelant sa position « claire » et « inchangée ». « Toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et compromet la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d’une paix durable, comme le réaffirme la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, dans un communiqué. Bruxelles demande ainsi à Israël « de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante ».

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Ces dernières années, la colonisation s’est accélérée sous l’impulsion de M. Nétanyahou et de son allié américain. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a infléchi sa politique régionale en faveur d’Israël, en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale et l’annexion du Golan syrien par l’Etat hébreu, tout en coupant des fonds destinés aux Palestiniens. L’ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem, David Friedman, est allé jusqu’à estimer qu’Israël avait « le droit » d’annexer « une partie » de la Cisjordanie occupée. Mike Pompeo avait, lui, refusé en avril de dire si Washington s’opposerait à une éventuelle annexion des colonies de Cisjordanie par l’Etat hébreu.

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