Voici ce que fait l’armée française en Irak – Le Journal du dimanche

L’incertitude règne en Irak après la frappe américaine qui a tué vendredi le général Qassem Soleimani. Mercredi, une vingtaine de tirs iraniens se sont abattus sur deux bases irakiennes, à Aïn al-Assad et Erbil, où sont installés des soldats étrangers, en majorité des Américains. Ce week-end, plusieurs tirs de roquettes ont visé la Zone verte – où sont réunies les grandes ambassades à Bagdad – et les proximités de la base aérienne de Balad. Dans ce contexte, la coalition internationale a indiqué qu’elle suspendait ses activités de formation et de lutte contre l’Etat islamique.

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Elle sera “désormais totalement dédiée à protéger les bases irakiennes qui accueillent [ses] troupes”. La position de l’armée américaine est également instable. Le Parlement irakien a approuvé une décision réclamant au gouvernement l’expulsion des troupes américaines du pays, soit environ 5.200 soldats. Mardi, les armées canadienne et allemande ont annoncé le retrait d’une partie de leurs soldats actuellement stationnés en Irak pour des missions de formation et leur transfert en Jordanie et au Koweït.

Il y a 200 soldats français en Irak

La France, de son côté, n’a “pas l’intention” de retirer ses troupes d’Irak, a indiqué mardi une source gouvernementale à l’AFP. Il y a actuellement 200 soldats français dans le pays, dont 160 affectés à des missions de formation.

“Après les événements survenus à Bagdad, nous avons dès vendredi dernier renforcé le niveau de protection de nos militaires français déployés en Irak. Tout est mis en oeuvre pour assurer leur sécurité”, a tweeté mardi la ministre des Armées Florence Parly. “La priorité aujourd’hui est la même qu’hier et doit être celle de demain : lutter contre Daech”, a-t-elle écrit. “L’apaisement des tensions en Irak et dans la région est indispensable : la coalition internationale anti-Daech doit pouvoir continuer sa mission”.

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La formation comme mission principale

Au Moyen-Orient, la France compte au total un millier de militaires au sein de l’opération Chammal, dont la mission a beaucoup évolué depuis 5 ans. Ses premières opérations ont d’abord eu lieu en Irak, à l’appel des autorités locales, face à l’avancée de l’Etat islamique, en septembre 2014. La France avait déployé des forces spéciales à Erbil, dans le nord de l’Irak, et ses propres moyens de renseignement. Mais ce n’est qu’après les attentats du 13 novembre 2015 que les forces françaises ont densifié leur action.

La France a effectué ses premières frappes à Raqqa en Syrie et déployé son porte-avions français Charles de Gaulle, ce qui a permis de décupler la force de frappe française dans la région. Selon des chiffres du ministère des Armées d’octobre 2019, les Rafale français engagés en Syrie et en Irak ont permis de détruire 2.390 objectifs.

A partir de septembre 2016, la Task Force Wagram (150 militaires et 4 canons Caesar) a été déployée en Irak en appui des troupes qui combattaient l’EI au sol. Sa mission s’est achevée en mars 2019, après que le groupe terroriste a perdu son dernier territoire dans la zone irako-syrienne.

Depuis quelques semaines, la mission française se concentre essentiellement sur la formation des troupes irakiennes par les Task Force Narvik et Monsabert, à Bagdad. La première “conduit des formations de plus en plus spécialisées au profit des futurs forces spéciales irakiennes et des instructeurs de l’Iraki Counter Terrorism Service (ICTS)”, indique le ministère des Armées. La seconde “forme et conseille l’état-major de la 6e division d’infanterie irakienne, dont la mission prioritaire est d’assurer la protection de Bagdad.”

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