Violences policières : « On est là pour George, Adama, Lamine, Amadou… et pour dénoncer le racisme institutionnel » – 20 Minutes

Des milliers de personnes se sont rassemblées à Paris pour dénoncer les violences policières et le racisme, en écho au meurtre de George Floyd aux États-Unis. — GEOFFROY VAN DER HASSELT
  • Deux manifestations, interdites par la préfecture de police, se sont déroulées ce samedi à Paris, aux abords de la place de la Concorde et sur le Champ-de-Mars.
  • Un important dispositif de sécurité a été déployé par les forces de l’ordre, qui ont mis en place des barricades et un mur anti-émeutes.
  • Les rassemblements, qui ont réuni plusieurs milliers de personnes, se sont déroulés sans heurt.

Tous de noir vêtus, ils étaient venus pour rendre hommage à George Floyd, et clamer leur colère face au racisme et aux violences policières. Plusieurs milliers de manifestants ont répondu ce samedi après-midi à l’appel à la mobilisation lancé par la Ligue de défense noire africaine (LDNA) et par un collectif de familles de victimes, aux abords de l’ambassade des Etats-Unis mais aussi sur le Champ-de-Mars à Paris. Des rassemblements interdits par la préfecture de police de Paris, mais qui se sont finalement déroulés sans incident.

« No justice, no peace » (pas de justice, pas de paix), « le vrai virus, c’est le racisme », « la police m’a tuer » ou encore « Stop killing black people » (cessez de tuer des Noirs)…, les manifestants ont brandi de nombreuses pancartes confectionnées à la hâte pour faire entendre leur rage. « Black lives matter » (« Les vies noires comptent ») ont-ils également clamé en chœur, reprenant le cri de ralliement du mouvement contre les violences racistes déclenché aux Etats-Unis par la mort de George Floyd, Afro-Américain de 46 ans mort lors de son interpellation par la police à Minneapolis (Etats-Unis).

Sur la place de la Concorde, les manifestants ont posé un genou à terre face aux forces de l’ordre, pour demander « justice pour George Floyd » mais aussi pour les victimes de violences policières en France. Un geste – le « take a knee » du joueur de basketball Colin Kaepernick – reproduit quelques heures plus tard sur le Champ-de-Mars, où près de 3.000 personnes étaient rassemblées.

« Il y a une négation du racisme, de la question noire. La France est dans le déni »

Venu avec un masque sur le visage sur lequel était inscrit « I can’t breathe » [dernière phrase prononcée par George Floyd avant de mourir], Grégory a dénoncé « un racisme institutionnalisé » en France. « Il y a une négation du racisme, de la question noire. La France est dans le déni. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour George Floyd, mais aussi pour Adama Traoré [décédé lors d’une interpellation par les gendarmes dans le Val-d’Oise), Lamine Dieng [mort dans un fourgon de police à Paris], Amadou Koumé [mort dans un commissariat à Paris] et bien d’autres encore », a expliqué cet informaticien de 38 ans, égrenant les noms de victimes décédées lors de leur interpellation par les forces de l’ordre.

Près de 1.500 personnes étaient rassemblées samedi après-midi près de l'ambassade américaine à Paris en hommage à George Floyd et pour dénoncer les violences policières en France.
Près de 1.500 personnes étaient rassemblées samedi après-midi près de l’ambassade américaine à Paris en hommage à George Floyd et pour dénoncer les violences policières en France. – Hakima Bounemoura / 20 Minutes

De nombreux Américains habitant en France ont également participé à ces rassemblements pacifiques. A l’image de Bokar, venu manifester avec ses deux enfants de 2 et 6 ans. « Si je suis là aujourd’hui, si j’ai la vie très confortable que je mène, c’est grâce aux combats et aux sacrifices que d’autres ont fait pour moi auparavant. Et c’est pour ça que je suis là malgré l’interdiction, pour que mes enfants comprennent qu’il faut continuer la lutte ! », a expliqué le père de famille. « Je trouve scandaleux que toutes ces injustices, ces bavures restent impunies et que l’Etat ne fasse rien. C’est bien de dénoncer ce qu’il se passe aux Etats-Unis, mais il faudrait peut-être aussi balayer devant sa porte », a de son côté dénoncé Tanya, une étudiante américaine.

L’ambassade des Etats-Unis « barricadée » derrière un dispositif anti-émeutes

Le rassemblement devant l’ambassade des Etats-Unis, et celui sur le Champ-de-Mars, avaient été interdit par le préfet de police de Paris au nom de l’état d’urgence sanitaire, qui proscrit les rassemblements de plus de 10 personnes. Les forces de l’ordre avaient sécurisé les alentours de l’ambassade américaine, notamment sur la place de la Concorde où un mur anti-émeutes a été dressé. Des barrières déjà utilisées pour sécuriser les Champs-Élysées lors des manifestations des « gilets jaunes » ont également été déployées place de la Concorde.

« Manifester est un droit inaliénable ! C’est une honte que le préfet de police de Paris [Didier Lallement] ait refusé qu’on se réunisse pour qu’on puisse librement s’exprimer, comme le font des millions de personnes en France et à travers le monde », a lancé Nathalie, qui n’a pas hésité à invectiver des CRS qui se tenaient juste derrière les barricades. « La liberté l’emportera toujours sur l’oppression ! ».

De nombreux rassemblements, autorisés cette fois, se sont également déroulés ce samedi sans heurts dans plusieurs villes de France, notamment à Rennes, à Lyon ou encore à Bordeaux où au moins 2.500 personnes ont défilé dans le calme derrière des banderoles dénonçant une « police raciste » et « l’impunité policière ». Des rassemblements plus modestes se sont tenus à Metz, Nancy ou Béziers et des actions avaient déjà eu lieu la veille à Strasbourg et Clermont-Ferrand.

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