Vincent Bolloré se défend de promouvoir Eric Zemmour dans ses médias – Le Monde

Vincent Bolloré au Sénat, le 19 janvier.

« Vincent Bolloré est déconstructionniste. » Le patron de Vivendi s’est livré à une démonstration qui a pu faire ciller les sénateurs, mercredi 19 janvier, alors qu’il était auditionné au Palais du Luxembourg par la commission d’enquête sur la concentration dans les médias.

Face au premier actionnaire de Canal+, de deux grands groupes d’édition (Editis et Hachette), de nombreux journaux (magazines de Prisma Media, JDD, Paris Match), d’un des poids lourds de la publicité (Havas) et de la radio Europe 1, les parlementaires n’ont pas manqué l’occasion d’évoquer le cas d’Eric Zemmour, candidat d’extrême droite à la présidentielle, qui a disposé d’une heure d’antenne chaque soir sur CNews pendant deux ans, avant de prendre son envol politique.

« Personne n’a l’ambition de faire des chaînes d’opinion »

Le sénateur David Assouline (groupe socialiste, écologiste et républicain, Paris), rapporteur de la commission d’enquête, n’y est pas allé par quatre chemins : « Est-ce à votre insu qu’une ligne éditoriale d’extrême droite s’impose dans vos médias ? »

Réponse du milliardaire :

« Vous prenez des petits bouts de choses et vous les mettez ensemble pour essayer de faire une histoire. Vous avez vu la polémique sur iel [le pronom personnel de genre neutre récemment entré dans le Petit Robert]. Iel, c’est le Petit Robert, le Petit Robert, c’est Editis, Editis, c’est Vincent Bolloré, donc Vincent Bolloré est déconstructionniste. »

Concernant le candidat Eric Zemmour :

« Il publiait des livres à des centaines de milliers d’exemplaires bien avant qu’il revienne sur CNews. Il est sur “Le Figaro”, il est sur la 6, et comme par hasard, c’est quand il est sur CNews que ça pose problème. Il y a tellement de courant de pensées dans nos livres, dans nos émissions. Personne ne pensait qu’il allait être président de la République. »

« Il ne l’est pas encore », corrige David Assouline. « La chaîne CNews est-elle une télé d’opinion ? », enchaîne alors le sénateur Laurent Lafon (Union centriste, Val-de-Marne). « Personne n’a l’ambition d’essayer de faire des chaînes d’opinion, ça n’a pas d’intérêt », répond Vincent Bolloré. « C’est vous qui avez convaincu Eric Zemour de venir travailler pour vous ! », intervient David Assouline.

Réponse de l’entrepreneur : « Je n’ai pas le pouvoir de nommer quelqu’un. » Il ajoute n’avoir « déjeuné qu’une seule fois » avec le candidat d’extrême droite et que son programme « ne [le] regarde pas ». « L’essentiel de la vie du groupe, c’est le cinéma, le sport et les séries, soutient-il. Je le dis pour enlever le fantasme du projet politique. »

Lire notre récit : Article réservé à nos abonnés Une semaine à regarder uniquement CNews : mépris de la gauche, critique contre l’exécutif, sympathie pour Eric Zemmour

Avare d’interviews, l’industriel breton avait déjà affronté, en 2016 et pendant plus de deux heures, les questions d’une commission du Sénat, après sa prise de contrôle de Vivendi.

Tout en plaidant pour la constitution d’un groupe puissant face aux géants américains Google, Amazon, Facebook, Apple et Netflix, Vincent Bolloré s’était prêté de bonne grâce aux questions des parlementaires, tout en leur lançant : « Je suis là pour faire le paratonnerre, si ça sert, c’est bien ».

Le Monde

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading