Villejuif. Trois questions sur l’attaque au couteau perpétrée vendredi – Ouest-France éditions locales
Un homme âgé de 22 ans, Nathan C., a tué un homme et blessé deux femmes à Villejuif (Val-de-Marne), hier avec une arme blanche. L’homme, converti à l’islam, souffrait de graves troubles psychiatriques depuis l’enfance.
Quel a été le périple de l’assaillant ?
Vendredi peu avant 14 h, des messages d’alerte affluent sur le numéro d’urgence de la police, faisant état de plusieurs victimes agressées à l’arme blanche dans le parc départemental des Hautes-Bruyères, à Villejuif, une commune de la proche banlieue parisienne.
Tous décrivent le même homme, revêtu d’une djellaba bleue
et qui n’a cessé d’agir aux cris de Allah Akbar
, a indiqué samedi lors d’une conférence de presse la procureure de Créteil Laure Beccuau, avant d’être dessaisie de l’enquête.
Arrivés sur place, les policiers demandent à l’assaillant de jeter son couteau et de s’immobiliser. Il n’obtempère pas et est tué vers 14 h 45.
Lors de cette attaque d’une extrême violence
et d’une extrême détermination
, il a d’abord accosté de manière menaçante
une première personne. Celle-ci lui ayant fait part de sa confession musulmane et lui ayant, à sa demande, récité une prière en arabe, il l’épargne
.
L’agresseur s’en prend alors à un couple de promeneurs. Il frappe l’homme âgé de 56 ans venu à la rescousse de sa femme de 47 ans, le touchant mortellement au thorax. Il décédera d’une plaie transfixante au niveau du cœur
et n’aurait pu être sauvé
selon la procureure. Sa femme est blessée au cou.
Elle est sortie de l’hôpital, tout comme une troisième victime, une femme de 30 ans blessée au dos alors qu’elle faisait du jogging aux abords du parc.
La gardienne du parc et un sans domicile fixe ont également été menacés par le jeune homme, mais sans être blessés.
Que sait-on de lui ?
Nathan C., âgé de 22 ans et né aux Lilas (Seine-Saint-Denis), s’était converti à l’islam en mai ou juillet 2017
selon la procureure.
Il n’était connu d’aucun service spécialisé
et ses antécédents judiciaires ne sont pas remarquables
: une affaire de stupéfiants quand il était mineur et une procédure classée sans suite pour violences lors d’une manifestation Nuit debout
en 2016.
Ses proches l’ont décrit comme un garçon aux hautes capacités intellectuelles
, qui a fait des études supérieures en commerce, mais souffrant d’addictions et au lourd passé psychiatrique. Il était selon sa mère suivi depuis l’âge de 5 ans et avait été hospitalisé à plusieurs reprises, notamment à la demande de ses parents.
Il avait quitté en mai le dernier établissement psychiatrique qu’il fréquentait et avait interrompu en juin le traitement qui lui avait été prescrit.
Quelques jours avant les faits, l’assaillant avait souhaité se marier religieusement avec sa compagne, elle aussi convertie, mais cela lui avait été refusé par un imam au motif que la démarche n’avait pas été précédée d’un mariage civil, a précisé la procureure à l’AFP, confirmant une information du Parisien.
Pourquoi le parquet national antiterroriste s’est-il saisi ?
Le Pnat a annoncé samedi soir s’être saisi de l’enquête, désormais ouverte pour assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste
et association de malfaiteurs terroriste criminelle
et confiée à la police judiciaire de Paris et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
La radicalisation certaine
de Nathan C., la préparation organisée de son passage à l’acte
et son parcours meurtrier réfléchi et sélectif
ont justifié ce basculement vers une enquête terroriste, a expliqué le Pnat dans un communiqué.
Dans un sac retrouvé sur les lieux, les enquêteurs ont notamment découvert des ouvrages qualifiés de salafistes
ainsi qu’une lettre testamentaire avec des répétitions assez caractéristiques du musulman qui s’autoflagelle et qui sait qu’il va peut-être faire le grand saut
, a détaillé Philippe Bugeaud, directeur adjoint de la police judiciaire de Paris.
Le logement que Nathan C. occupait dans le XIVe arrondissement de Paris avait par ailleurs tous les signes d’un appartement qui n’allait plus être occupé
, selon la procureure. Il n’avait pas par ailleurs habituellement sur lui
le couteau utilisé pour perpétrer son attaque, a ajouté la magistrate.
Selon M. Bugeaud, les enquêteurs ne disposent pas à ce stade d’éléments sur d’éventuelles complicités.