Vidéos de dealers à Grenoble : le rappeur du clip en garde à vue – Le Parisien

Recherché par la police, le rappeur ayant affirmé que les vidéos qui ont fait polémique étaient des images issues du tournage de son clip, Corbak Hood, a été interpellé et placé en garde à vue ce mercredi. C’est ce qu’a appris Le Parisien auprès du préfet de l’Isère, confirmant une information rapportée par BFMTV. Dans la soirée de mercredi, le procureur de la République de Grenoble Eric Vaillant a annoncé que cette garde à vue serait prolongée de 24 heures.

Les chefs d’accusation sont « provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants, provocation à l’usage de substances présentées comme douées d’effets stupéfiants, provocation non suivie d’effets au crime ou au délit par parole, port prohibé d’armes, (et) injures publiques envers une personne dépositaire de l’autorité publique », indique le parquet.

Le premier film montrait plusieurs hommes encagoulés et parfois munis d’armes, en apparence réelles, autour d’un point de vente de drogue dans le quartier Mistral à Grenoble. Le second filmait cinq hommes autour d’une table couverte de produits stupéfiants présentés comme des friandises.

Descente de police

« Inadmissible », avait réagi sur Twitter le procureur de la République à Grenoble, Éric Vaillant, qui ouvrait une enquête. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ordonnait une descente de police dénoncée comme une opération de communication par le maire de Grenoble, Éric Piolle – qui sera reçu prochainement place Beauvau.

VIDÉO. Grenoble : des dealers exhibent des armes de guerre pour « montrer leur force »

Interrogé mardi par Le Parisien, Corbak Hood a assuré que son clip n’avait rien à voir avec le trafic de stupéfiants qui gangrène le quartier du Mistral. « Les armes étaient factices, comme celles qu’on trouve sur Internet, avec des billes dans le chargeur. Il n’y avait pas non plus de drogue. C’est un clip banal. Ce qui s’est passé la semaine dernière, avec l’emballement médiatique sur les chaînes info comme BFMTV et l’intervention du ministre de l’Intérieur, c’était juste un coup de pub pour faire un gros buzz et lancer ma carrière. Ça a même mieux marché que prévu. J’ai déjà 30 000 vues sur mon clip », avait-il indiqué.

« Il paraît que le procureur veut savoir si j’ai des liens avec des dealers du quartier. Moi, j’ai des liens avec personne. Je suis juste un rappeur qui kiffe sa mère. Cela fait plaisir qu’un procureur, un homme si haut placé, s’intéresse à moi. Je me sens un petit peu important », fanfaronnait-il également.

Débat public

Le maire de Grenoble, Eric Piolle (EELV), sera reçu le 21 septembre par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour parler sécurité, après les remous provoqués par la diffusion des images montrant des dealers armés à un point de vente du quartier Mistral.

« J’ai proposé un débat public au ministre auquel il a répondu par cette invitation. Je m’y rends dans un état d’esprit constructif », a déclaré Eric Piolle. L’édile avait déploré une opération de « com’ » après la descente de police alors que Gérald Darmanin avait critiqué ses « discours angéliques ». Une critique que récuse l’écologiste.

Dans le même temps mercredi, la Directrice départementale de la Sécurité publique (DDSP) en Isère, Fabienne Lewandowski, a installé un bureau dans le quartier Mistral, dans un local réquisitionné auprès du bailleur social et dûment signalé aux habitants, pour y passer une première matinée.

« No business »

Si l’idée de permanences « aléatoires » d’un jour ou deux demi-journées par semaine a « mûri pendant le confinement », c’est « l’actualité qui a décidé » du premier quartier de Grenoble où ce dispositif serait mis en place, a dit la responsable.

Cette expérimentation, baptisée « No business », vise à enrayer le trafic de stupéfiants par la présence physique : « ce sont des entreprises criminelles mais aussi commerciales, alors quand on sera là, il n’y aura pas de business et ils perdront de l’argent », assure Fabienne Lewandowski. Cela vient « à côté du travail quotidien classique, judiciaire et de voie publique ».

Ces permanences qui seront assurées par la DDSP en personne, son adjoint ou des cadres, visent aussi à rappeler que « la maîtrise du territoire n’appartient pas à une poignée qui privatise l’espace public pour des activités délinquantes », a ajouté la patronne de la police iséroise.

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