CHANGEMENT D’AVIS – Tout juste intronisé ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti était pourtant bien loin de s’imaginer à ce poste quelques mois en arrière. En 2018, sur LCI, il jugeait l’idée “totalement saugrenue” et assurait ne “jamais” accepter “un truc pareil”.
– La rédaction de LCI
Il ne faut jamais dire jamais ! La séquence, diffusée sur LCI, date d’avril 2018. Une éternité vu le nombre de déclarations publiques d’Éric Dupond-Moretti. Mais au lendemain de sa nomination au sein du gouvernement Castex en tant que Garde des Sceaux, ministre de la Justice, cette réaction est savoureuse. Alors qu’Audrey Crespo-Mara le questionne sur un éventuel souhait pour l’avocat pénaliste de devenir ministre, il répond alors avec l’assurance qui lui est coutumière : “Non, sûr ! Vous voulez que je vous le signe ?”
Avant de se justifier : “D’abord, personne ne me le proposera, ce serait un bordel, mais alors… Personne n’aurait jamais l’idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela”, expliquait-il alors. “Franchement je n’accepterais jamais un truc pareil. Ce n’est pas mon métier.”
“Il faut en avaler des couleuvres”
Deux ans plus tard, c’est finalement lui qui succède à Nicole Belloubet. Intronisé Garde des Sceaux ce mardi matin, Éric Dupond-Moretti fait son entrée en politique à 59 ans, ce qu’il ne semblait pas imaginer il y a quelques années. “Il faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique”, assurait-il alors. “D’abord, il faut être d’accord avec tous les copains du gouvernement auquel on appartient soi-même. Il faut manger son chapeau de temps en temps. C’est une discipline, c’est un exercice, je n’en ai pas les compétences. Je n’aimerais pas faire cela. J’ai quelques idées, je les exprime, et après on en fait ce que l’on en veut.” La suite de l’histoire a désormais de quoi faire sourire.
Alors qu’est-ce-qui a bien pu changer dans la tête de ce ténor du barreau depuis 2018 ? Me Antoine Vey, ex-associé d’Éric Dupond-Moretti, a apporté quelques éléments de réponse sur LCI. “Je pense qu’il ne voulait pas participer à un casting de marionnettes et il avait des idées fortes et simples pour réformer le système judiciaire qui, objectivement, se porte mal. Je pense qu’ils ont eu un échange avec le Premier ministre et avec le Président de la république et que la feuille de route qu’il a souhaité leur proposer correspondait à leurs attentes. Et que c’est dans ce cadre là qu’il a accepté cette mission”, a-t-il justifié.
Selon lui, Éric Dupond-Moretti “critique depuis 30 ans le fonctionnement de la justice de manière constructive, mais sur le terrain des libertés individuelles. Il ne pouvait pas ne pas essayer de faire quelque chose.”