VIDEO. Mort de George Floyd : « On a en assez d’être tués »… Aux Etats-Unis, la rage ne retombe pas – 20 Minutes

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Los Angeles contre les violences policières et le racisme, le 2 juin 2020. — P.BERRY/20MINUTES
  • George Floyd a été tué par un policier blanc il y a une semaine dans le Minnesota.
  • Depuis, les manifestations se multiplient aux Etats-Unis pour dénoncer les violences policières et le racisme.
  • Mardi, plusieurs milliers de personnes ont défilé à Los Angeles, et 20 Minutes était sur place.

De notre correspondant à Los Angeles,

« What do we want ? Justice ! When do we want it ? Now ! » Sur Hollywood Boulevard, les véhicules blindés et les militaires de la garde nationale n’ont pas découragé les manifestants. Une semaine après le décès de George Floyd, un Afro-Américain mort asphyxié sous le genou d’un policier blanc dans le Minnesota, plusieurs milliers d’habitants de Los Angeles ont à nouveau défilé, mardi. Et des centaines de milliers d’Américains ont fait de même dans tout le pays, de Washington à Portland. Malgré des incidents à Atlanta et des arrestations dans la soirée de manifestants ayant violé les couvre-feux mis en place dans de nombreuses métropoles, les cortèges ont été plus pacifiques que les jours précédents, qui avaient été marqués par des émeutes et des pillages.

Alors que Donald Trump a promis « la loi et l’ordre », la foule, groupée en milieu d’après-midi au croisement d’Hollywood et Vine, réclame « la justice et le changement », avec la présidentielle de novembre en ligne de mire. « On est en colère. C’est même plus fort, c’est de la rage. Ce n’est pas juste contre les brutalités policières. C’est contre le racisme systémique, la discrimination à l’embauche, les incarcérations massives et l’injustice du système de santé », dénonce Joshua, un néo-Angeleno né dans le Sud américain. « La pression sur le cou de George Floyd a duré 8 minutes. La population noire vit avec cette oppression chaque seconde aux Etats-Unis. » Alors que le coronavirus a creusé les inégalités économiques, et que la mortalité est deux fois plus élevée chez les Afro-Américains, la pression s’est « accumulée pendant trois mois », estime-t-il. Et la mort de George Floyd a tout fait exploser.

« No justice, no peace »

La foule qui progresse sur Sunset boulevard est à l’image de Los Angeles : jeune et cosmopolite, et, Covid oblige, le plus souvent masquée. Les voitures qui tentent de passer apportent leur soutien en klaxonnant ou en distribuant gratuitement de l’eau ou du gel hydroalcoolique. Le hashtag #BlackLivesMatter est omniprésent sur les pancartes, tout comme #ICantBreath (« Je ne peux pas respirer »), les derniers mots de George Floyd. Mais aussi ceux d’Eric Garner, décédé dans des conditions similaires à New York en 2014.

Venues de South Los Angeles, une banlieue principalement noire et latino, Destiny et Jamisha reprennent en chœur « No justice, no peace » (« Pas de justice, pas de paix »), un refrain déjà scandé lors des émeutes de 1992 après l’acquittement des policiers jugés pour le passage à tabac de Rodney King. Mais aussi « Hand’s up, don’t shoot » (« les mains en l’air, ne tirez pas »), popularisé lors des manifestations de Ferguson après la mort de Mike Brown en 2014.

« Ce qui est différent, c’est la prise de conscience des blancs »

Michael Brown, Tamir Rice, Philando Castile, Breonna Taylor, George Floyd et tant d’autres – plus de 1.000 Américains sont tués par la police chaque année, avec un taux 2,5 fois plus élevé de victimes afro-américaines que blanches. A l’aide d’un mégaphone, Ish égraine ces noms. S’il n’excuse pas la violence des derniers jours, il la comprend : « On est frustré. On a envie de hurler. On en a assez de mourir. On a mis un genou à terre pacifiquement pendant des années, et c’était déjà trop pour certains. » Selon lui, « le changement prendra du temps, mais ce qui semble être différent cette fois, c’est la prise de conscience et la mobilisation des blancs ».

Alors que l’heure du couvre-feu approche, des organisateurs de Black Lives Matter LA lancent un appel sur Instagram : « Rendez-vous devant la résidence du maire » Eric Garcetti. Les policiers quadrillent le quartier et bloquent les principaux accès avec du ruban jaune « Do not cross » pour canaliser la foule. Plusieurs centaines de personnes se rassemblent et appellent à « couper les fonds à la police » – la veille, le chef du LAPD, Michael Moore, avait estimé que les pilleurs étaient « aussi responsables (que la police) » de la mort de George Floyd.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Los Angeles contre les violences policières et le racisme, le 2 juin 2020.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Los Angeles contre les violences policières et le racisme, le 2 juin 2020. – P.BERRY/20MINUTES

Le ton monte entre un journaliste américain et l’acteur-activiste Kendrick Sampson (Insecure), cofondateur de BLD PWR, un groupe qui promeut l’engagement civique à Hollywood et chez les athlètes. Sampson conclut en résumant un sentiment partagé par de nombreux manifestants : « On en assez de mourir. Je n’accepterai pas que mes neveux, mes nièces ou mes futurs enfants soient tués par la police. »

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