VIDEO. Coronavirus : Mortalité, profils des patients, vaccins… Où en est-on de l’épidémie ? – 20 Minutes

Le 18 février 2020, ces femmes travaillent avec leur masque pour coudre de nouveaux masques alors que l’épidémie de coronavirus n’est pas terminée en Chine. — CHINE NOUVELLE/SIPA
  • Depuis plus d’un mois, chaque jour, les informations affluent sur cette nouvelle épidémie de coronavirus qui vient de Chine et inquiète le monde entier.
  • Ampleur inégalée, épidémie qui dure, mesures drastiques, ce Covid-19 a déjà fait beaucoup de dégâts.
  • Mortalité, traitements, vaccin… 20 Minutes répond à cinq questions que vous vous posez sûrement.

Inquiétude démesurée, gestion adéquate ou communication destinée à éviter la panique ? Difficile d’y voir clair après des semaines d’informations continues plus ou moins rassurantes sur l’épidémie de coronavirus, qui a désormais son petit nom officiel :  Covid-19. Depuis début 2020, le monde retient son souffle pour savoir quelle sera l’ampleur, les dégâts sanitaires et économiques et la durée cette nouvelle épidémie. 20 Minutes fait le point sur la situation.

Retrouvez le live de ce mardi 18 février 2020

L’épidémie est-elle contenue ?

Sans surprise, c’est la Chine qui souffre le plus de l’épidémie, avec ce mardi 72.300 personnes infectées, dont une grande partie dans la province de Hubei. Ailleurs, près de 900 cas ont été confirmés dans une trentaine de pays. Signe encourageant annoncé ce mardi : en Chine continentale, le nombre de nouvelles contaminations en 24 heures (1.886) est au plus bas depuis le début du mois, et celui des morts supplémentaires (98) est en repli pour le quatrième jour consécutif. L’OMS a averti lundi que la propagation du coronavirus reste « impossible à prévoir ».

Et pour la France ? Lors de son premier point presse sur le coronavirus, le nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé lundi soir que sur les douze cas confirmés d’infection, six personnes restaient hospitalisées. Ce mardi, les représentants des personnels hospitaliers et des médecins libéraux sont reçus au ministère pour faire un point sur l’organisation face à une éventuelle épidémie.

Car si les autorités sanitaires tentent de rassurer, ce coronavirus en étonne plus d’un. « Il y a environ 2.000 nouveaux cas par jour, ce qui veut dire qu’on n’est pas du tout sur la fin de l’épidémie, prévient Frédéric Tangy, professeur à l’ Institut Pasteur et directeur du laboratoire d’innovation vaccinale. Pour l’instant, c’est contenu à la Chine au prix d’énormes efforts : fermetures de villes et d’aéroports, événements annulés… Mais pour combien de temps ? » Ce qui étonne ce spécialiste, c’est la durée de l’épidémie, mais aussi de la pathologie. « Il semble que les patients meurent tard, parfois un mois après la contamination, ce qui est nouveau par rapport à d’autres coronavirus. »

Quel est son taux de mortalité ?

Le bilan de l’épidémie est monté mardi à près de 1.900 morts en Chine continentale, et à 5 décès ailleurs (Philippines, Hong Kong, Japon, Taïwan et France). Citant une étude du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies portant sur plus de 72.000 personnes, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné lundi que plus de 80 % des patients actuellement infectés souffraient d’une forme bénigne de la maladie.

« Ce coronavirus a dépassé par sa durée et son ampleur le Sras [syndrome respiratoire aigu sévère, qui a fait 800 morts pour 8.000 cas entre 2002 et 2003] et le Mers, venu du Moyen-Orient, [449 morts pour 1.219 cas en 2012-2013]. Il est plus contagieux, mais présente une létalité plus faible – autour de 2,5 % –, quand le taux de mortalité du Sras avoisinait les 9 % et celui du Mers 30 %. Mais c’est tout de même quarante fois plus que le grippe… », indique Frédéric Tangy.

Quel est le profil des patients ?

Selon cette même étude du Centre chinois, jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité du Covid-19 reste très bas, à 0,2 %, puis s’élève progressivement avec l’âge. Une autre étude chinoise, celle du State Key Laboratory of Respiratory Disease de Guangzhou repérée par Sciences et Avenir, a été menée sur 1.099 malades. Les patients infectés et dans un état critique cumulent souvent cette maladie avec d’autres pathologies : l’hypertension (dans 23 % des cas), diabète (16,2 % des cas).

Rien d’étonnant pour Frédéric Tangy, puisque ce sont toujours les personnes les plus fragiles qui décèdent en premier pendant les épidémies. « Au départ, on pensait que c’était les personnes âgées et très jeunes qui seraient les plus touchées, mais ce n’est pas vraiment le cas, nuance le chercheur. En effet, on a peu de cas d’enfants malades. » Quels sont les symptômes ? « La détresse respiratoire », répond-il du tac au tac. Difficulté tout de même : certains patients sont asymptomatiques ou présentent des signes cliniques légers. Selon Sciences et Avenir, la dernière étude liste « trois symptômes majeurs du coronavirus COVID-19 : une température corporelle supérieure à 38 °C (87,9 % des patients), des quintes de toux (67,7 %), et une forte fatigue (38,1 %). »

Quels sont les traitements ?

A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement spécifique, mais des thérapies pour soulager les symptômes. Certains patients reçoivent un cocktail d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, de corticoïdes et de doliprane – pour les maux de tête – et de l’oxygène pour mieux respirer. Les laboratoires pharmaceutiques sont engagés dans une course contre la montre pour élaborer un traitement. Le patient de 48 ans infecté et sorti du CHU de Bordeaux, jeudi 13 février, après 22 jours d’hospitalisation, a été traité avec du remdesivir, un antiviral « prometteur », a indiqué vendredi son équipe médicale. Le remdesivir, de l’Américain Gilead, qui avait été testé au moment de l’épidémie d’Ebola, « agit directement sur le virus pour empêcher sa multiplication », a expliqué à l’AFP Denis Malvy, responsable de l’unité maladies tropicales. « Mais ce n’est qu’un patient, on ne peut pas tirer de conclusions, il a pu guérir pour d’autres raisons, précise Frédéric Tangy, de l’Institut Pasteur. Par ailleurs, c’est un produit excessivement cher. » Il n’empêche, ce médicament est source d’espoir : le rembdesivir va faire l’objet d’un essai thérapeutique comparatif en Chine avec la coordination de l’OMS.

Le médecin du CHU de Bordeaux a évoqué un deuxième médicament : le lopinavir. Utilisé contre le VIH-Sida, associé au ritonavir (un antirétroviral également utilisé contre le sida), il a fait l’objet d’un essai en Chine, dont on attend les résultats.

Par ailleurs, les autorités de santé chinoises ont demandé lundi aux personnes guéries du coronavirus de donner leur sang, afin d’en extraire le plasma pour soigner les malades qui sont encore dans un état grave. Il contient en effet des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les personnes sévèrement atteintes.

Le vaccin, c’est pour quand ?

La Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a annoncé qu’elle allait financer au moins trois programmes : deux aux Etats-Unis (Innovio et Moderna) et un en Australie (Université de Queensland), afin de tenter de mettre au point un vaccin. « Certains laboratoires américains assurent qu’ils pourront mettre sur le marché ces vaccins à base d’ADN en trois mois. Mais d’une part, ces vaccins n’ont jamais fonctionné sur les humains, et d’autre part, ces délais sont intenables », rectifie Frédéric Tangy. Qui précise que l’Institut Pasteur a lancé un programme depuis un mois pour adapter le vaccin de la rougeole à ce nouveau virus. Et le chercheur de relativiser : « sauf si cette épidémie s’installe, tous les vaccins qui vont sortir risquent d’arriver trop tard. » Celui de l’Institut Pasteur n’est pas attendu… avant un an.

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