Vers une autorisation partielle accordée à Huawei sur les réseaux 5G français ?

Vers une autorisation partielle accordée à Huawei sur les réseaux 5G français ?

Serait-ce à cause du lobbying intense mis en place par Huawei ? Ou bien de celui des opérateurs ? Si la réponse ne devrait probablement pas être communiquée dans l’immédiat, les autorités devraient bel et bien autoriser les opérateurs télécoms à utiliser une partie des équipements Huawei pour déployer leurs futurs réseaux 5G. Le forcing déployé par l’administration américaine pour bannir le constructeur chinois des réseaux 5G français n’aura finalement pas été payant, comme le révélait ce jeudi soir l’agence Reuters.

Alors que la décision de Matignon, sur avis de l’ANSSI, sur le choix des équipementiers réseaux est scrutée par les opérateurs français comme du lait sur le feu, celle-ci devrait finalement aller dans le sens de Huawei et autoriser l’ensemble de ces fournisseurs, à savoir Nokia, Ericsson, Huawei ou encore Samsung, à commercialiser leurs technologies dans l’Hexagone.

Le fruit d’un lobbying payant de la part du constructeur chinois et de ses soutiens dans l’Hexagone ? Rappelons que la firme de Shenzhen a mis les petits plats dans les grands pour faire valoir sa défense. Celle-ci a ainsi annoncé à la fin du mois dernier la construction de sa première usine hors de Chine en France. Un investissement qui pourrait s’être révélé stratégique alors que l’avenir du constructeur en France se joue actuellement.

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Un régime d’exception

Huawei devrait toutefois “bénéficier” d’un régime d’exception, au regard des soupçons d’accointances avec le régime chinois qui pèsent encore sur l’équipementier. Selon les deux sources anonymes citées par Reuters, l’Anssi, chargée du contrôle des équipements télécoms 5G, va approuver des équipements Huawei, mais seulement pour les parties non sensibles du réseau, comme les antennes, considérées comme posant moins de risques en termes de sécurité.

Ce faisant, les autorités françaises devraient suivre la même stratégie que celle déployée par nos voisins britanniques à propos de ce sujet brûlant. « Ils ne veulent pas interdire Huawei mais le principe est : “il faut les sortir des cœurs de réseau” », a expliqué l’une des sources citées par Reuters. Rappelons que ces fameux cœurs de réseaux sont des éléments critiques des réseaux mobiles car ils embarquent des logiciels traitant de données sensibles, dont celles des usagers.

En attendant, ce verdict devrait faire les beaux jours de deux opérateurs, à savoir Bouygues Telecom et SFR, tous deux partenaires de longue date de la firme de Shenzhen et disposant de nombre d’équipements siglés Huawei dans leurs réseaux 4G. Si Bouygues Telecom envisagerait également de se tourner vers son autre partenaire Ericsson, une interdiction de s’approvisionner auprès du constructeur chinois avait fait bondir sa direction il y a quelques semaines.

Ménager la chèvre et le chou

Alors qu’Orange a d’ores et déjà annoncé parier sur Nokia et Ericsson et que Free misera pour sa part sur Nokia, tous les yeux sont en effet tournés vers ces deux opérateurs. Et autant dire que ces derniers sont remontés contre les mesures particulières imposées à leur partenaire chinois, qui subit depuis de nombreux mois les foudres de l’administration Trump.

Après Arthur Dreyfuss, le secrétaire général d’Altice France, qui avait exigé en janvier une indemnisation financière si d’aventure la France interdit aux opérateurs d’avoir recours à la technologie du constructeur chinois, l’état-major de Bouygues Telecom, l’autre partenaire traditionnel de la firme de Shenzhen en France, s’est également lancé dans la mêlée lors de l’annonce des résultats annuels du groupe Bouygues.

La direction de l’opérateur a ainsi estimé qu’interdire aux opérateurs télécoms déjà équipés d’infrastructures Huawei de recourir à l’équipementier chinois pour la 5G pourrait engendrer une distorsion de la concurrence sur le marché français.

Rappelons que les deux opérateurs disposent déjà d’une grand part de matériel Huawei sur leurs réseaux existants. De quoi compliquer le choix d’un autre constructeur, comme le confirmait d’ailleurs début décembre le président de l’Arcep Sébastien Soriano. « Dans l’état actuel de l’Art, on ne sait pas comment faire tourner de la 5G Ericsson sur de la 4G Huawei », avait-il indiqué, reconnaissant qu’une telle « compatibilité ne nous semble pas établie ». Avec cette autorisation partielle accordée à Huawei, les autorités françaises pourraient donc peut-être avoir trouvé la clé miracle pour contenter tout le monde… à l’exception des caciques de l’administration Trump.

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