Vers le lancement d’un numéro d’appel d’urgence unique ?

Vers le lancement d'un numéro d'appel d'urgence unique ?

La panne subie par les numéros d’appel d’urgence en juin dernier a redonné un nouvel élan à un projet souvent évoqué, mais jamais mis en place : la création d’une plateforme unique rassemblant tous les appels aux numéros d’urgence (le 15, le 17 et le 18) sous l’égide d’un seul numéro, le 112. Présent lors du Congrès national des sapeurs-pompiers, qui se tenait ce week-end à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a indiqué qu’une telle plateforme sera expérimentée à partir de 2022, et ce durant deux ans. L’expérimentation sera menée à l’échelle d’une région élargie, a précisé le président de la République, pour qui un tel projet doit suivre un « seul objectif : l’amélioration de la prise en charge des victimes ».

Reste que cette plateforme, qui constitue un volet-phare de la proposition de loi du député LREM Fabien Matras – en passe d’être adoptée au Parlement – ne fait pas l’unanimité au sein des services de secours – et surtout du SAMU. La plateforme ne va pas en effet sans provoquer des remous au sein des services de premiers secours, qui craignent de se voir déposséder d’une partie de leurs prérogatives au profit des sapeurs-pompiers. Des soignants du SAMU ont protesté début octobre contre la mise en place d’une plateforme unique, alors que la Fédération hospitalière de France (FHF) a également fait savoir à de nombreuses reprises son opposition à ce projet.

Pour la FHF, la mise en place d’une plateforme d’appels d’urgence unique n’irait pas sans difficulté logistique et aurait pour conséquence d’embouteiller encore davantage les services hospitaliers d’urgence. « S’il est vrai que plusieurs pays fonctionnent avec un numéro unique, comme le célèbre 911 des Américains, notre système de santé est bien différent », fait valoir l’organisation, qui préconise plutôt la mise en place de deux numéros d’appel d’urgence, l’un relevant des demandes de soins urgents (le 113, qui correspond au service d’accès aux soins), et l’autre des appels relevant des appels police secours (le 112), placés sous la responsabilité des sapeurs-pompiers.

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Une “récupération politique”

La fédération faisait d’ailleurs valoir à l’été dernier que les nouvelles avancées sur le front de la mise en place d’une plateforme unique pour les appels d’urgence relevaient d’une « récupération politique » de la panne des numéros d’appel d’urgence survenue en juin dernier. A la suite de cette défaillance aux conséquences dramatiques (conduisant au décès d’au moins cinq personnes, dont celui d’un enfant de 28 mois en Vendée), le gouvernement avait indiqué début septembre vouloir mettre en place, dans un délai de 3 à 6 mois, « des mesures de trois types : adapter le cadre légal, contractuel et technique, se préparer à faire face de façon rapide et efficace à ce type de crises et prévenir de nouvelles pannes ».

Selon l’Anssi, chargée de faire le point sur cet événement tragique, la responsabilité de la panne était bien à chercher du côté d’Orange, responsable comme les autres opérateurs de l’acheminement des appels d’urgence. Le gendarme de la cybersécurité avait appelé durant l’été à augmenter la résilience du système en mettant par exemple en place des exercices de crise entre l’Etat, les services d’urgence et les opérateurs simulant des pannes majeures des numéros d’urgence. A noter qu’un point d’étape doit être organisé sous l’égide du secrétariat d’Etat au Numérique d’ici à la fin de l’année, pour analyser l’avancée des travaux portant sur la résilience de notre système d’appels d’urgence.

Rappelons que notre système d’appels d’urgence est aujourd’hui réparti entre le 15 pour le SAMU, le 17 pour la police, le 18 pour les pompiers et le 112 pour le numéro européen d’urgence (qui renvoie en majorité vers les pompiers ou vers le SAMU). De son côté, Emmanuel Macron s’était engagé en faveur du numéro unique dès 2017.

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