Venezuela: Guaido réélu président du Parlement par les députés de l’opposition – 20 Minutes

Juan Guaido tentant de rentrer dans l’Assemblée nationale bloquée par la police, le 5 janvier 2020 à Caracas. — Rayner Pena/EFE/SIPA

Juan Guaido a été réélu dimanche président du Parlement vénézuélien par les députés de l’opposition lors d’une séance organisée dans un journal, après que la police l’a empêché d’accéder à l’Assemblée nationale où un rival s’est lui-même proclamé chef du Parlement.

« Je jure devant Dieu et le peuple du Venezuela de faire respecter » la Constitution en tant que « président du Parlement et président par intérim », a déclaré Juan Guaido. Cent des 167 députés que compte l’Assemblée nationale lui ont apporté leur suffrage, dont certains sont poursuivis par la justice dans le cadre de ce que l’opposition qualifie de « persécution politique » de la part du pouvoir. Le vote a été organisé au siège du journal El Nacional et non dans l’hémicycle.

Une élection bloquée par la force

A la mi-journée, en l’absence de Juan Guaido à l’Assemblée, Luis Parra, un député rival mais se disant toujours dans l’opposition, a empoigné un mégaphone depuis le perchoir et s’est déclaré nouveau chef de l’hémicycle dans une cohue indescriptible. Pendant ce temps, l’armée et la police continuaient de refuser à Juan Guaido l’accès au bâtiment. L’opposant a alors tenté d’escalader les grilles qui l’entourent avant d’être repoussé par un soldat équipé d’un bouclier et bousculé par les militaires.

L’opposition, qui a la majorité au Parlement unicaméral, a vite fait part de son courroux quant au traitement réservé à Juan Guaido et au geste de Luis Parra. Le député a agi « sans vote, ni quorum », s’est-elle indignée, évoquant un « coup d’Etat parlementaire ». Le Groupe de Lima, une instance régionale formée dans le but de chercher une issue à la crise au Venezuela, a condamné le recours à la force pour empêcher l’accès au Parlement.

L’Equateur a lui aussi protesté contre « l’usage abusif de la force par le régime de Nicolas Maduro ». Washington, allié de Guaido, a parlé d’une tentative « désespérée » de le remplacer. Le Brésil a accusé Maduro « de bloquer par la force le vote légitime et la réélection de Juan Guaido ». Nicolas Maduro a, lui, reconnu aussitôt Luis Parra, se réjouissant de ce que Juan Guaido ait été « évincé ».

L’opposition de la rue s’essouffle

Depuis plusieurs semaines, Juan Guaido se disait certain d’être reconduit à la tête du Parlement et d’atteindre les 84 votes nécessaires à sa réélection. Mais Luis Parra estime avoir été élu à la régulière. Il affirme que 81 députés sur 140 présents ont voté pour lui. Luis Parra a été exclu du parti d’opposition Primero Justicia après qu’un site Internet l’a accusé d’avoir reçu des pots-de-vin. Mais malgré son exclusion, il affirme être toujours dans l’opposition.

Fort de son statut, Juan Guaido entend obtenir une deuxième chance pour poursuivre son bras de fer avec Nicolas Maduro, qu’il rend responsable de la crise économique et sociale que traverse le Venezuela. Car l’opposant de 36 ans n’a pas atteint l’objectif proclamé début 2019 de « mettre fin à l’usurpation ». Les manifestations anti-Maduro attirent de moins en moins de Vénézuéliens et l’appel au soulèvement lancé par Juan Guaido le 30 avril à l’armée a fait long feu. Et Nicolas Maduro continue de jouir de l’appui de la Russie, de Cuba et de la Chine mais surtout de l’armée, clef de voûte du système politique vénézuélien.

Dans la pratique, l’Assemblée nationale n’a plus aucun pouvoir. Le travail législatif est effectué depuis 2017 par une Assemblée constituante uniquement composée de chavistes. Cette même Constituante est chargée de convoquer les élections législatives qui doivent avoir lieu cette année. Mais Juan Guaido et les partis qui le soutiennent affirment vouloir boycotter le scrutin car organisé par le gouvernement.

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