Venezuela : après l’« accord partiel » entre le pouvoir et l’opposition, les Etats-Unis allègent l’embargo pétrolier – Le Monde

Le président de l’Assemblée nationale du VenezuelaJorge Rodriguez (à droite), serre la main du délégué de l’opposition vénézuélienne Gerardo Blyde Perez, après la signature d’un accord pour créer un fonds géré par l’ONU pour financer des programmes de santé, d’alimentation et d’éducation pour les pauvres, à Mexico, le 26 novembre 2022.

Le pouvoir et l’opposition du Venezuela ont signé, samedi 26 novembre à Mexico, un « accord partiel » qui s’est immédiatement traduit par un allègement des sanctions pétrolières américaines envers le régime de Caracas. Ce dialogue représente « un espoir pour toute l’Amérique latine » et « le triomphe de la politique », a salué le ministre mexicain des affaires étrangères, Marcelo Ebrard.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a salué, lui, un « pas vers un nouveau chapitre » pour son pays, qui doit « continuer d’avancer vers la paix et le bien-être que nous souhaitons tous ».

Le dialogue s’est ouvert en août 2021 à Mexico, après des tentatives qui ont tourné court en 2018 et 2019. Nicolas Maduro a suspendu les pourparlers deux mois plus tard, après l’extradition aux Etats-Unis d’Alex Saab, un homme d’affaires vénézuélien proche du pouvoir poursuivi pour blanchiment de capitaux.

Les représentants de Caracas et l’opposition vénézuélienne sont parvenus, samedi, à un accord d’étape « en matière de protection sociale », qui permettra notamment de libérer les ressources vénézuéliennes bloquées à l’étranger afin de financer des projets sociaux.

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Pour la conception et la gestion de ce fonds, les deux parties vont demander le soutien des Nations unies (ONU), selon l’accord lu par un représentant de la Norvège, pays médiateur dans le dialogue inter-vénézuélien de Mexico. « Par la voie de cet accord, nous allons sauver plus de trois milliards de dollars », a estimé le représentant en chef du pouvoir vénézuélien, le président de l’Assemblée nationale Jorge Rodriguez. Le fonds sera géré par l’ONU « avec un cadre programmatique de projets et de chantiers à exécuter », a déclaré le représentant de l’opposition, Gerardo Blyde.

Crise politique et économique

La pauvreté touche huit personnes sur dix au Venezuela, d’après l’enquête nationale Encovi sur les conditions de vie publiée au début du mois. Sept millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays en raison de la crise politique et économique, notamment depuis la mort de Hugo Chavez en 2013.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a « pris note » de cette demande d’assistance, a fait savoir son porte-parole. « Le secrétaire général salue l’accord » et « encourage » les parties à conclure « de nouveaux accords qui relèvent les défis politiques, sociaux et humains auxquels fait face le pays ».

Le président Maduro exige la levée des sanctions économiques américaines qui frappent son pays, notamment de l’embargo sur les exportations de pétrole. Pour sa part, l’opposition continue de réclamer des solutions à la « crise humanitaire », « le respect des droits humains » et des garanties pour des « élections libres et observables », a souligné jeudi dans un communiqué la Plateforme unitaire. Il n’y a pas de consensus sur ces élections, qui devraient avoir lieu en 2024, d’après une source proche du dossier consultée jeudi par l’Agence France-Presse. L’opposition accuse M. Maduro d’avoir été réélu en 2018 de manière frauduleuse.

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Dans un communiqué commun, les Etats-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont « salué la décision de reprise du dialogue » entre le régime socialiste de Maduro et l’opposition. Un haut responsable américain a qualifié l’accord d’« étape importante dans la bonne direction ». Le communiqué demande également aux deux parties de « faire preuve de bonne volonté en vue d’un accord global conduisant à des élections libres et régulières en 2024 ».

Compenser le pétrole russe

En conséquence de cet « accord partiel », le département du Trésor américain a autorisé, dans un communiqué, le géant pétrolier Chevron à reprendre en partie ses activités d’extraction de pétrole dans le pays, en relançant sa coentreprise détenue en partenariat avec l’entreprise publique Petroleos de Venezuela (PdVSA). Chevron doit cependant s’assurer que « PdVSA ne reçoive aucun revenu des ventes de pétrole réalisées par Chevron ».

Dans un autre communiqué, le géant pétrolier s’est engagé à respecter le « cadre réglementaire imposé », en confirmant avoir reçu l’autorisation de reprendre en partie ses activités au Venezuela.

En mai, Washington avait déjà permis à Chevron de « négocier les termes de potentielles futures activités au Venezuela », ce qui représentait une première entorse à l’embargo sur le pétrole vénézuélien imposé par Washington en 2019 dans l’espoir d’évincer Nicolas Maduro et son régime socialiste.

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Les Etats-Unis cherchent de nouvelles ressources d’hydrocarbures pour compenser la perte du brut russe à la suite des sanctions en réponse à la guerre en Ukraine. Or le Venezuela disposerait des réserves pétrolières parmi les plus importantes du monde, d’après des experts.

Le Monde avec AFP

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