Vendée Globe. « Bisous ma caille, et merci Jean ! » [Vidéo] – Le Télégramme

Le Fouesnantais Jean Le Cam, doyen de la course avec ses 61 printemps et le Malouin Kevin Escoffier, 40 ans, n’oublieront jamais cette nuit du lundi 30 novembre au mardi 1er décembre 2020. Ces deux hommes-là se connaissaient assez peu avant ce sauvetage dans les 40es. Désormais, ils sont liés à vie. Et leur histoire va prendre une belle place dans le Grand Livre du Vendée Globe, seule course à produire de tels scénarios.

« Oui oui, comme le Titanic »

Même les producteurs des grands studios hollywoodiens n’auraient pu imaginer une telle histoire. On imagine l’échange au téléphone entre un scénariste et un producteur.

– « Je tiens le prochain blockbuster. C’est l’histoire d’un marin dont le bateau se casse en deux sans prévenir, oui oui comme le Titanic, sauf que là, c’est un bateau de course de 18 m qui coule en une minute et que le type, qui navigue en solitaire, a juste le temps d’attraper un petit radeau, d’enfiler sa combinaison de survie et de sauter »

– « Nan, tu délires là ? »

– « Attends, ce n’est pas terminé : il se retrouve seul dans son radeau à 1.000 km de la terre la plus proche. Quatre concurrents sont déroutés par les organisateurs pour lui porter secours. La nuit tombe et personne ne le trouve. Finalement, le skipper le plus âgé de la course, un Breton un peu bourru, au parler vrai mais tellement attachant, bref avec une gueule à faire du cinéma, le repère et le récupère de nuit. Oui, dans 4 à 5 mètres de creux. Complètement dingue le truc ».

– « Pfff, c’est trop romancé »

« Mordu à la joue par un poisson volant ? »

– « Laisse-moi te raconter la suite : les deux solitaires, qui se nomment Jean et Kevin, se retrouvent donc à bord du bateau de Jean mais, règlement oblige, Kevin ne doit rien faire à bord. Il peut juste manger, dormir et regarder Jean se débrouiller seul. Le lendemain du naufrage, le Président de la république les appelle en visio. Mais si, je t’assure que c’est vrai. Cinq jours après le sauvetage, ils envoient une vidéo où Jean raconte qu’il a été mordu à la joue par un poisson volant alors qu’il était à la barre. On voit même la cicatrice ».

  • « Mordu à la joue par un poisson volant, ben voyons. Et quoi encore ? »

  • « Une Frégate de la Marine Nationale a reçu l’ordre, probablement du Président de la République puisqu’il dit être fan de Jean Le Cam, d’aller récupérer Kevin en pleine mer. Or, le bâtiment de combat (93 m de long, 86 hommes d’équipage, équipé d’un lance-missiles air-air) est au mouillage aux îles Kerguelen, très loin donc. Il appareille, affronte des creux de plus de 6 mètres, arrive sur zone, met un semi-rigide à l’eau et transborde Kevin. Jean filme la scène et on entend Kevin lui dire : « Bisous ma caille et merci Jean ! »

Je résume le pitch du film : le marin part seul des Sables d’Olonne pour faire le tour du monde en course, coule dans les 40es, est sauvé par un autre marin, un Breton comme lui, est ensuite récupéré dans l’océan Indien par la Marine nationale française qui doit le déposer à La Réunion avant de rentrer, en avion, chez lui à Lorient. C’est une histoire de dingue, non ? »

– « Géniale mais elle n’est pas crédible du tout ton histoire, cela relève de la fiction. Personne ne va y croire ».

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