Variant brésilien: le gouvernement a-t-il trop tardé? – Le HuffPost

GONZALO FUENTES via AFP
Un centre de dépistage du Covid-19 à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle le 5 février 2021 (photo d’illustration)

POLITIQUE – “Monsieur Djebbari était trop occupé à s’intéresser à une obscure subvention à Poitiers.” La pique est signée Julien Bayou, le patron d’Europe Écologie-Les Verts, plutôt satisfait de renvoyer le gouvernement et son ministre des Transports dans les cordes pour avoir, selon lui, traîné pour prendre les mesures aux frontières nécessaire pour contrôler la diffusion du variant brésilien de covid-19, réputé plus contagieux et résistant aux vaccins.

Et l’écolo n’est pas le seul à critiquer les atermoiements de l’exécutif, qui s’était refusé dans un premier temps à suspendre les vols entre le Brésil et la France, Jean-Baptiste Djebbari évoquant à l’époque une impossibilité juridique avant de s’y résoudre le lendemain, mardi 13 avril, face aux critiques de l’opposition.

Quatre jours plus tard, samedi, Jean Castex a donc finalement fait savoir via un communiqué que la France allait instaurer une quarantaine obligatoire de dix jours pour les voyageurs en provenance du Brésil, d’Argentine, du Chili et d’Afrique du Sud. “Il était temps”, répondent en chœur plusieurs responsables politiques de l’opposition, toujours prompts à accuser le gouvernement d’impréparation ou de lenteur devant les soubresauts sanitaires. 

“Tout le monde le fait sauf nous”

“C’est tard”, a ainsi regretté Julien Bayou dans l’émission le Grand Jury sur RTL, Le Figaro et LCI, ajoutant, comme vous pouvez le voir ci-dessous: “jusqu’à tout récemment, vous pouviez venir du Brésil alors qu’on savait qu’il y avait ce variant brésilien, sans aucun contrôle, sans même un test. Le ministre des Transports, monsieur Djebbari était trop occupé à s’intéresser à une obscure subvention à Poitiers sur une baisse de 400 euros sur un aéroclub (…) il en a oublié qu’il était ministre.”

“Nous demandons évidemment des contrôles de la provenance pour les pays à risques, et ce n’est pas le cas”, a encore martelé le candidat EELV aux élections régionales en Île-de-France. 

Un peu plus tôt, Éric Coquerel, le député de la France insoumise était sur la même ligne. “Je crois qu’on agit un peu en retard. Vous savez que le Portugal a aujourd’hui des quarantaines vis-à-vis de la France, ce n’est pas des choses nouvelles. Tout le monde le fait sauf nous, les Chinois l’ont fait tout au départ pendant que nous on laissait passer”, se désolait l’élu de Seine-Saint-Denis sur franceinfo, jugeant les mesures annoncées par Jean Castex “nécessaires”, sans être toutefois “la solution alpha et oméga” puisque le variant brésilien est déjà (bien que faiblement) présent sur le territoire.

Face à ces critiques, loin d’être nouvelles et qui affluent de la droite comme de la gauche, le gouvernement se défend de toute inaction. ”À ce jour et depuis les mesures que nous avons prises le 29 janvier dernier, toute personne qui veut se rendre en France à partir du Brésil ne peut le faire que pour des motifs impérieux, et vous savez que s’agissant des ressortissants français le conseil d’État a annulé la décision prise par le gouvernement, considérant qu’il s’agissait d’une contrainte disproportionnée”, rappelait le Premier ministre mardi à l’Assemblée nationale, en annonçant la suspension des liaisons aériennes avec le Brésil.

Contrôles de police

“Il est parfaitement inexact de dire que nous serions restés sans agir”, martelait encore Jean Castex face à l’exaspération d’un député Les Républicains en expliquant que “toute personne qui veut du Brésil venir en France doit présenter un test négatif à l’embarquement, un test négatif à l’arrivée et une période de dix jours d’isolement.” Ce qui ne suffit visiblement plus, puisque l’heure est désormais à l’obligation et aux contrôles de police.

Dans le détail, les voyageurs venant d’Argentine, du Chili et d’Afrique du Sud -ainsi que du Brésil lorsque les vols auront repris- devront désormais se soumettre à un isolement de 10 jours, accompagné de restriction des horaires de sortie, avec un renforcement des amendes.

Cette mesure, qui sera progressivement mise en œuvre jusqu’à sa pleine entrée en vigueur samedi 24 avril, s’appliquera également aux voyageurs en provenance de Guyane et des tests antigéniques systématiques seront mis en place à l’arrivée pour les trajets de la Guyane vers les Antilles.

“Un système de vérification sera mis en place, avant l’embarquement puis à l’arrivée, de l’existence d’un lieu de quarantaine adapté aux exigences sanitaires et des contrôles du respect de la quarantaine seront effectués au domicile par la police ou la gendarmerie nationales, accompagnés d’un renforcement des amendes en cas de non-respect de l’isolement”, a précisé Matignon dans son communiqué.

Et l’Inde?

Le dispositif de test avant l’embarquement sera également renforcé: un test PCR négatif de moins de 36h (au lieu de 72h), ou un PCR négatif de moins de 72h accompagné d’un test antigénique négatif de moins de 24h seront désormais nécessaires. La réalisation d’un test antigénique sera rendue systématique à l’arrivée en France, avant de quitter l’aéroport.

Ces nouvelles mesures interviennent “alors que la situation épidémique se stabilise sur le territoire national”, toujours selon Matignon. Elles seront discutées avec les partenaires européens “en début de semaine” et d’autres pays pourraient encore venir grossir la liste, sur la base des critères identifiés par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Dans le viseur, entre autres: l’Inde, autre pays durement touché et qui inquiète particulièrement la communauté scientifique. Dans l’ensemble du pays de 1,3 milliard d’habitants, 234.000 nouveaux cas ont été recensés en 24 heures -un nouveau record- et 1341 décès ont été enregistrés samedi alors que les autorités ont imposé des mesures de confinement pour endiguer une nouvelle vague de contaminations massive, qui semble frapper davantage de jeunes.

“L’Inde connaît une situation pandémique extrêmement grave”, a confirmé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ce dimanche 18 avril sur France 3, en ajoutant: “il faut se poser demain la question, mais pour l’instant l’Inde n’est pas dans la liste des pays pour lesquels on met des mesures sanitaires beaucoup plus strictes.”

“Mais comme pour d’autre pays, hors espace européen, le principe est que les voyages à l’étranger restent interdits sauf quelques exceptions”, a encore tenu à rappeler Jean-Yves Le Drian, masque sur le visage, lui-même de retour d’une visite officielle de plusieurs jours à New Delhi et Bangalore.

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