Vaccin AstraZeneca : le grand bazar des classes d’âge en Europe – Le Parisien

Si vous avez 58 ans, vous pouvez recevoir le vaccin AstraZeneca en France… mais a priori pas en Allemagne ni aux Pays-Bas. Avec quatre ans de plus, ce ne sera toujours pas possible si vous vivez en Suède et en Norvège. Mais attention : au-delà de 65 ans en Espagne, il faudra être considéré comme un travailleur « essentiel ». Et passé 80 ans, ce ne sera plus du tout recommandé en Toscane (Italie), par exemple.

Difficile de s’y retrouver dans les classes d’âge permettant de recevoir ce produit anti-Covid, vers lequel les regards sont braqués depuis que plane la suspicion d’un surrisque de thrombose. Trois nouveaux cas ont été recensés en une semaine en France, soit douze au total. Si l’Agence européenne des médicaments (EMA) recommande de poursuivre la vaccination AstraZeneca, le rapport bénéfice/risque étant jugé positif, chaque pays reste souverain pour décider de sa propre stratégie.

Interdit aux moins de 55 ans en France

Ce vaccin avait été suspendu dans une grande partie des Etats européens pendant quelques jours, mi-mars, le temps que l’EMA mène son enquête sur plusieurs cas de thromboses recensés sur le continent. Depuis la reprise, en France, seules les personnes âgées de 55 ans ou plus peuvent le recevoir. La Haute autorité de Santé a pointé « un possible surrisque de coagulation intravasculaire disséminée et de thrombophlébite cérébrale chez les personnes de moins de 55 ans ».

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Idem en Espagne… à condition d’avoir aussi moins de 65 ans. Mais depuis une nouvelle annonce apportée le 30 mars, cette limite d’âge ne vaut plus pour les catégories « prioritaires ». Un médecin ou un policier âgé de 66 ans, par exemple, peut être vacciné avec AstraZeneca.

En Allemagne, tout le monde pouvait initialement recevoir ce vaccin à l’issue après la suspension. Mais depuis mercredi 31 mars, la cible a été limitée aux 60 ans et plus, sauf si l’on présente un risque de forme grave de la maladie ou si l’on appartient à l’un des groupes prioritaires comme les soignants. Ce vendredi, les Pays-Bas ont à leur tour suspendu le vaccin AstraZeneca pour les moins de 60 ans. Même la Belgique, qui n’avait pourtant pas du tout suspendu les injections mi-mars, pourrait s’y résoudre pour certaines catégories. Une décision du Conseil supérieur de la Santé est attendue en début de semaine prochaine.

Au départ, c’était l’inverse

Tout cela est d’autant plus perturbant qu’avant même la suspension, AstraZeneca était parfois interdit pour… les personnes âgées. Soit tout l’inverse de la situation actuelle. La France et l’Allemagne, notamment, n’avaient validé son utilisation que pour les moins de 65 ans. En cause ? Un manque de données concernant l’efficacité du vaccin chez les personnes âgées. Certains l’avaient même interprété comme une preuve d’inefficacité, comme Emmanuel Macron avait semblé le laisser entendre fin janvier face à des journalistes étrangers.

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Finalement, en s’appuyant sur les résultats d’une étude menée en Ecosse et suggérant une très bonne efficacité d’AstraZeneca quel que soit l’âge, les autorités sanitaires françaises et allemandes avaient revu leur jugement. Le produit était alors, pour la première fois, autorisé pour toutes les classes d’âge majeur. C’était moins de deux semaines avant la suspension. Mais les 600 000 Français de moins de 55 ans qui ont reçu une première dose d’AstraZeneca depuis début février ne savent toujours pas s’ils pourront recevoir la deuxième, théoriquement prévue neuf à douze semaines plus tard.

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