Utilité du port d’un masque, risques de contagion via des colis, sous-estimation des chiffres… Le vrai du faux sur le coronavirus | LCI – LCI








Utilité du port d’un masque, risques de contagion via des colis, sous-estimation des chiffres… Le vrai du faux sur le coronavirus | LCI

































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A LA LOUPE – Face à l’expansion du coronavirus, la psychose gagne peu à peu les Français et de nombreuses fausses informations circulent sur cette épidémie. La Chine minimise-t-elle le nombre de cas ? Risque-t-on de tomber malade en commandant un produit chinois sur Internet ? Les masques sont-ils utiles ? LCI démêle le vrai du faux.

L’épidémie de pneumonie virale venue de Chine a déjà fait plus de malades que le Sras. On dénombre plus de 6000 cas et au moins 132 décès, selon les autorités chinoises. Cette contagion inquiète aux quatre coins de la planète et beaucoup de citoyens s’interrogent sur les nombreuses informations qui circulent sur le sujet. LCI vous aide à faire le tri.

La Chine minimise-t-elle la situation ?

C’est la deuxième fois qu’une épidémie de pneumonie potentiellement mortelle se propage depuis la Chine. En 2002/2003, l’Empire du milieu avait dû faire face au Sras, une autre forme de coronavirus meurtrier. A l’époque, la communauté internationale avait accusé le régime chinois d’avoir dissimulé son apparition.

Aujourd’hui la Chine promet plus de transparence. “Depuis le début, le gouvernement chinois a fait preuve d’ouverture, de transparence et de responsabilité”, a assuré ce mardi 28 janvier le chef d’état chinois, Xi Jinping. “Nous ne permettrons pas au démon de se cacher”, a-t-il ajouté à l’Organisation Mondiale de la Santé.

La Commission Nationale de la Santé chinoise communique quotidiennement son bilan. Mardi, 6056 cas étaient confirmés selon cette institution, dont 132 personnes décédées. Le coronavirus a par ailleurs atteint 14 autres pays, en dehors de la Chine.

La Chine joue-t-elle réellement le jeu ou sous-estime-t-elle les faits ? Certainement un peu des deux. D’un côté, il est clair que la Chine est plus transparente. Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève y croit. “Le virus a probablement dû apparaître au cours du mois de décembre avant d’être identifié le 31 décembre, ce qui a été rapporté à Genève (au siège de l’OMS, ndlr), déclare-t-il à France Info. Les autorités ont décidé de fermer le marché de Wuhan le 1er janvier. La séquence génétique du coronavirus a été partagée quinze jours après à l’OMS et à la communauté internationale.”

Pour autant, les chiffres communiqués apparaissent bien faibles au regard de la situation. Des chercheurs américains estiment que le nombre de cas est quatre fois plus important. “Le nombre réel de cas chinois, en incluant les non détectés, selon le groupe international coordonné à Northeastern, est sans doute de plus de 25.000”, affirme ainsi Alessandro Vespignani, professeur à l’université américaine Northeastern de Boston, à l’AFP. 

Des scientifiques de l’Université de Hong Kong (HKU) vont même plus loin. Sur la foi de modèles mathématiques de la propagation du virus, Gabriel Leung, le chef de cette équipe de chercheurs, avance que “le nombre de cas confirmés présentant des symptômes devait être de l’ordre de 25-26.000 le jour du Nouvel an chinois”, soit ce samedi 1er février. Courbes théoriques à l’appui, il estime qu’à cette date, en incluant les personnes qui en sont à la période d’incubation, et qui ne présentent pas encore de symptômes, “le chiffre approchait les 44.000”.

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Les masques protègent-ils réellement ?

Nous en sommes aujourd’hui sûrs. Une personne peut être contaminée et contagieuse, avant même l’apparition des symptômes, autrement dit, sans même le savoir. Cette donnée a été confirmée par Ma Xiaowei, le patron de la Commission nationale de la Santé dimanche dernier. La période d’incubation pouvant aller jusqu’à deux semaines, les risques sont donc multipliés. Pour se protéger, certains optent pour le masque. Une fausse bonne idée ?

Les “masques chirurgicaux”, autrement dit les masques en papier de couleur bleue ou blanche, “sont uniquement utiles quand on est soi-même malade, pour éviter de contaminer les autres”, a souligné dimanche la ministre de la Santé Agnès Buzyn.  “N’ayant pas de propriété filtrante, il n’empêche pas celui qui le porte d’être potentiellement contaminé par le virus. Pour s’en prémunir, un masque de protection respiratoire, de type FFP2 et équipé d’un filtre, doit être utilisé”, nous indique le professeur Jean-Christophe Lucet, en charge de la prévention des infections à l’hôpital parisien Bichat.

“Le coronavirus chinois, un peu comme la grippe, peut se transmettre principalement de deux façons : par les postillons, la toux et les éternuements qui contiennent des gouttelettes infectées amenées à se propager dans l’air, mais aussi par les mains, rien qu’en touchant celles d’une personne infectée qui a éternué ou toussé et ne se les est pas lavées ensuite”, poursuit le professeur. 

Pour éviter tout risque de contamination ou de contagion, d’autres mesures de précaution peuvent être appliquées. “Il faut premièrement se laver les mains, prendre plutôt des mouchoirs jetables et les jeter immédiatement après”, souligne le Dr. Gérald Kierzek, médecin urgentiste et consultant santé sur LCI.

Pour aller plus loin :

Virus chinois : peut-on vraiment s’en protéger avec un masque ?

Quels sont les symptômes, quelles consignes adopter ?

Y a-t-il des risques à commander en ligne des produits chinois ?

Les autorités se veulent rassurantes. L’Organisation Mondiale de la Santé ne recommande, pour le moment “aucune restriction concernant les voyages ou le commerce”. Les douanes françaises nous confirment de leur côté n’avoir reçu aucune consigne quant à l’arrivée de marchandises chinoises en France, qu’il s’agissent du transport aérien ou portuaire.

Tout risque est-il pour autant écarté ? Non, nous répondent les experts, mais le risque de contamination par un bien de consommation reste relativement limité. Il faut tout d’abord souligner qu’il existe pour le moment plus de questions que de réponses concernant cette nouvelle épidémie. “C’est un nouveau virus donc on ne peut pas répondre avec certitude”, pose d’emblée Jean Dubuisson, chercheur du CNRS au Centre d’infection et d’immunité de Lille. 

“La voie de transmission principale s’effectue à partir d’aérosols (particules en suspension, ndlr), quand on tousse par exemple”, détaille Jean Dubuisson. Si l’on touche sa bouche ou son nez avec ses mains, “il n’est pas exclu que l’on contamine aussi des surfaces”, reconnaît-il. Les colis provenant de Chine peuvent également être souillés par des sécrétions respiratoires. Pour autant, les chances de contamination sont minimes. Tout d’abord parce que les règles d’hygiène dans les entreprises chinoises sont très strictes, nous indique un chercheur de l’Institut Pasteur. Surtout, les conditions de transport vers la France ne laissent quasiment aucune chance à la survie du virus.

Le 2019-nCoV “peut survivre quelques heures dans l’environnement, voire quelques jours dans les milieux humides”, nous indique la direction générale de la Santé, une entité du ministère de la Santé. “Soit l’envoi est réalisé par bateau est le délai est trop long pour la survie du virus, assure-t-elle, soit l’envoi est réalisé par avion et les conditions dans la soute (air sec) ne sont pas favorables à la survie du virus.” 

“Il n’y a aucune preuve indiquant que les colis ou leurs contenus comportent un risque, note également le porte-parole de AliExpress, géant du e-commerce chinois. Nous portons une attention toute particulière à la situation et nous coopérerons avec les autorités compétentes”. L’entreprise chinoise nous indique par ailleurs que les services postaux de l’empire du milieu ont pris des mesures spécifiques pour désinfecter tout colis et courrier en provenance de Wuhan. “Une désinfection du courrier et des véhicules” de la Poste de Wuhan est effectué au centre de tri de la ville, peut-on lire dans un communiqué. Le service public explique d’ailleurs que “le délai de traitement du courrier peut être rallongé”. 

“Aucune infection à la suite d’un contact avec un objet contaminé n’a été rapportée, pour les autres coronavirus connus”, rappelle enfin la Direction Générale de la Santé. “Le premier risque de contamination en France, c’est l’humain”, souligne le chercheur lillois.

Pour aller plus loin :

Les produits venant de Chine peuvent-ils réellement véhiculer le virus ?

Le virus peut-il se transmettre entre des personnes qui ne sont pas allées en Chine ?

“Les premiers cas recensés sont des personnes s’étant rendues directement sur le marché de Wuhan – fermé depuis le 1er janvier – l’hypothèse d’une maladie transmise par les animaux est donc privilégiée”, indique le ministère de la Santé. Mais rapidement, la situation  évolué : les autorités chinoises ont révélé que des transmissions interhumaines étaient également possibles, ce qui a conduit à accélérer l’épidémie.

Comme nous vous l’indiquions plus haut, la Commission Nationale de la Santé chinoise a également confirmé qu’une personne pouvait être contagieuse, avant même l’apparition des symptômes, la période d’incubation pouvant aller jusqu’à 14 jours. Les autorités sanitaires de Bavière, en Allemagne, ont d’ailleurs annoncé le premier cas autochtone sur le sol européen. Un patient de 33 ans a été contaminé, sans pour autant avoir voyagé en Chine ou avoir été en contact avec une personne malade.

“Ça change la donne, nous a confié le Docteur Gérald Kierzek. Par exemple, un réceptionniste qui est en contact avec des gens qui viennent de Chine, n’était pas un cas possible, mais aujourd’hui, il pourrait le devenir et cela change la donne. Cela risque d’augmenter le nombre de cas possible.”

Au Japon, un homme a lui aussi été infecté alors qu’il ne s’était pas rendu en Chine. Le sexagénaire originaire de Nara, une ville touristique, avait véhiculé des groupes de touristes en provenance de Wuhan, le foyer de l’épidémie.

Pour aller plus loin :

Premier cas autochtone de coronavirus en Allemagne : “Ça change la donne”

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