uTakeCare, une application de déconfinement qui préserve la distanciation sociale

uTakeCare, une application de déconfinement qui préserve la distanciation sociale

L’application mobile uTakeCare s’apprête à faire son lancement dans les prochains jours. Ce projet, initié par un collectif de chercheurs, activistes, codeurs et makers, s’appuie sur la preuve à divulgation nulle de connaissance sur blockchain et vise à protéger les personnes vulnérables de manière anonyme, plutôt que de tracer de manière pseudonyme la population pour retracer les chaînes de contamination.

L’application open-source sera disponible sur le dépôt Gitlab le 7 juin prochain, et sur les plateformes de téléchargement dès sa validation, annoncent les porteurs du projet dans un communiqué. « S’agissant d’un dispositif entièrement anonymisé la validation par une autorité n’est pas nécessaire au déploiement » nous précise-t-on par ailleurs.

Cette solution se présente comme une alternative aux « réponses étatiques, souvent centralisées et imposées (directement ou indirectement) », estiment les porteurs de projet. Le modèle sur lequel elle se fonde – qui n’est donc pas une solution dite de “contact tracing” comme peut l’être StopCovid – est détaillé dans un article scientifique intitulé « La décentralisation des données personnelles pour un déconfinement respectueux dans le cadre du Covid-19 : vers une citoyenneté anonyme et numérique », présenté sur le site du projet.

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L’approche vise un anonymat complet

Concrètement, uTakeCare s’appuie sur les techniques d’apprentissage automatique (machine learning) à partir des informations fournies par un utilisateur (données de morbidité, âge, poids, etc.) et les données diffusées par des médecins et spécialistes ayant traité des cas de Covid-19. Ces informations permettent de réaliser une première estimation de la vulnérabilité de l’individu et visent à faire appliquer la distanciation sociale nécessaire à la lutte contre la propagation du virus.

 

Cette application est conçue pour être totalement anonyme au niveau du logiciel et du smartphone, précise la documentation. Le résultat de l’évaluation de la vulnérabilité est chiffré avec un système de hachage cryptographique. Les données personnelles sensibles qui ont permis ce traitement sont effacées du cache de l’appareil automatiquement. Ainsi, uTakeCare s’est construit sur un système dit de « preuve à divulgation nulle de connaissance », permettant à un individu de « prouver un état de vulnérabilité, sans divulguer d’information » explique le réseau d’experts.

Les porteurs du projet envisagent de renforcer son approche ethic-by-design, en passant d’une « preuve de vulnérabilité » à une « preuve d’incompatibilité » ou « preuve de dangerosité ». Ce modèle avancé s’appuierait sur la répartition des usagers en trois catégories : les personnes se déclarant comme peu vulnérables et a priori non-contagieuses (1), les personnes se déclarant comme vulnérables (2), et celles se déclarant comme ayant un risque notable d’avoir contracté le Covid-19 et d’être contagieuses (3).

Carte thermique des zones vulnérables

Tandis que les catégories 2 et 3 seront automatiquement invitées à appliquer une distanciation sociale, les individus de la catégorie 1 considérés comme peu vulnérables feront l’objet d’une demande de distanciation aléatoire. « L’objectif est d’inciter les usagers de la catégorie 1 (la majorité de la population) à conserver une distance avec ceux de la catégories 2 et 3. Pour limiter la discrimination, aucune distanciation ne sera possible entre les catégories 2 et 3 » précise le communiqué.

 

Pour l’utilisateur identifié comme vulnérable, l’application lui demande (avec son accord) de partager sa localisation pour indiquer les endroits vulnérables et ainsi mettre à jour une carte “thermique” des zones vulnérables. « L’idée est d’alerter les utilisateurs qui passent par ces zones pour l’éviter ou pour prendre conscience de la distanciation sociale à respecter dans une situation particulière. » En outre, un utilisateur vulnérable peut activer le mode balise pour diffuser via Bluetooth une preuve anonyme permettant la mise en place de zones d’exclusion.

Des améliorations pourraient être envisagées dans le futur du point de vue de la sécurité, en proposant en particulier « un mode déconnecté guidé pour les phases de diagnostic et de génération de ZKP ainsi qu’une chaîne de blocs publique qui stocke les clés de vérification », laissent entendre les spécialistes. Ce mode déconnecté permettrait de « limiter les failles de sécurité liées à l’utilisation d’un smartphone connecté à Internet. »

Il est également envisagé que le statut de personne vulnérable puisse être délivré par un médecin, poursuivent les experts, qui estiment par ailleurs que l’application uTakeCare pourrait être adaptée à l’avenir pour d’autres épidémies comme la grille saisonnière, la dengue ou le paludisme par exemple, évoquent-ils.

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