Uniforme à l’école, proportionnelle… Comment le RN veut piéger ses adversaires au Parlement – BFMTV

Le groupe de Marine Le Pen défend dans sa niche parlementaire ce jeudi ses propres propositions de lois. Certaines sont très proches de celles défendues par les LR, la macronie ou La France insoumise. De quoi contraindre les députés à l’équilibrisme.

Au tour du Rassemblement national. Après la niche parlementaire de La France insoumise en décembre, le parti de Marine Le Pen présente ce jeudi ses propres propositions de loi. Le mouvement devrait à nouveau renvoyer ses opposants au dilemme de rejeter des textes avec lesquels ils pourraient être en accord, ou voter main dans la main avec lui et être accusé de collusion.

Au menu de cette journée pendant laquelle le RN fixe l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, autrement dit les textes examinés par les députés, on compte notamment l’une des principales propositions du mouvement pendant la présidentielle: l’incitation pour les entreprises d’augmenter les salaires de 10%.

Une proposition sur les uniformes pour tenter les LR et certains macronistes

Mais Marine Le Pen veut brasser bien plus large que son socle électoral et cherche à montrer que son groupe veut agir sur des sujets qui dépassent ses fondamentaux, quitte à piéger les oppositions.

La droite pourrait ainsi être tentée de dire oui à la proposition de loi qui devrait être débattue ce jeudi sur l’uniforme dans les écoles et les collèges. Lors du débat télévisé pour la présidence des LR, Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau s’étaient tous les trois positionnés en faveur d’une tenue unique dans les établissements scolaires.

Certains dans les rangs de la majorité présidentielle défendent également son port alors que 7 députés macronistes avaient déposé en novembre dernier une proposition de loi similaire, soutenue alors par Sonia Backès, la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté. Brigitte Macron a également fait savoir dans les colonnes du Parisien qu’elle apprécierait le déploiement de la mesure.

L’interdiction des ZFE, cheval de bataille de la droite

Un autre texte pourrait également susciter l’intérêt au-delà des 88 élus de Marine Le Pen: celui sur la suppression des zones à faible émission. Lancées pour améliorer la qualité de l’air, alors que la pollution serait à l’origine de près de 100.000 décès prématurés en France chaque année, elles visent à empêcher les véhicules les plus polluants de circuler dans certaines zones, principalement les centre-villes.

À terme, les voitures fabriquées avant 1997 et les diesel avant 2001 pourraient être interdites dans 45 villes de plus de 150.000 habitants d’ici 2023. Le RN y voit le symbole d’une “écologie punitive” tout comme les LR qui militent depuis des semaines pour que le gouvernement fasse marche arrière.

Des clins d’œil sont également lancés au Modem avec la proposition de loi pour “revivifier la représentation politique” pour élire les députés à la proportionnelle. François Bayrou défend depuis des années ce sujet. Le président lui-même s’était dit ouvert pendant la campagne de 2022 à “la proportionnelle intégrale” à l’Assemblée nationale.

“Le baiser de la mort”

Il reste cependant peu probable que ces textes soient adoptés par les députés de droite et a fortiori par les autres camps.

“On peut être d’accord avec des choses qu’ils avancent mais voter pour, c’est non. Ce serait un baiser de la mort pour nous”, résume un député LR auprès de BFMTV.com.

Faute de temps – à minuit, les débats s’arrêtent automatiquement – certaines propositions ne devraient pas non plus être débattues comme celle sur la présomption de légitime défense pour les policiers.

“On l’a sciemment placé en fin de niche parlementaire. On est déjà très identifié sur la défense des forces de l’ordre. On n’a pas forcément besoin d’en rajouter”, décrypte un député RN.

LFI mal à l’aise sur les soignants non-vaccinés

Les insoumis ont été, eux, contraints à l’équilibrisme avant même les débats dans l’hémicycle. Le groupe RN avait annoncé en décembre dernier vouloir reprendre à son compte la proposition de La France insoumise pour réintégrer les soignants non-vaccinés contre le Covid-19.

Alors que la commission des Affaires sociales avait dit non quelques heures plus tard à la nomination d’un rapporteur RN pour la défendre, c’était Caroline Fiat, une députée LFI qui était nommée pour la défendre, conformément aux règles en vigueur. C’était en effet déjà elle qui avait porté le texte de son groupe dans l’hémicycle.

Mais, face au tollé, notamment sur les bancs de leurs partenaires communistes, les insoumis avaient finalement reculé.

“Des comportements sectaires” de Renaissance et de LFI pour Le Pen

La majorité présidentielle a également eu des sueurs froides. Marine Le Pen comptait bien défendre une proposition de loi sur l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Elle aurait été compliquée à rejeter par l’hémicycle alors qu’elle avait été adoptée à l’unanimité par le Sénat en octobre dernier. Le texte a finalement été repris à son compte par Renaissance.

“Je vois que les partis, et notamment à gauche, ont un comportement complètement sectaire”, a tancé ce mercredi la dirigeante du groupe devant l’association des journalistes parlementaires.

Tout en se réjouissant que la niche du RN permette une belle exposition du travail de ses députés en plein bras de fer entre la gauche et le gouvernement sur la réforme des retraites.

Marie-Pierre Bourgeois

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