Unfriended : le plus mauvais film de la décennie

Les réseaux sociaux sont devenus une niche pour le film d’horreur. Surfant sur cette vague, Unfriended réussit l’exploit d’avoir un mauvais scénario, un mauvais jeu d’acteurs et une bande sonore inexistante.

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Mauvais gag

Au début de Scream 4, des victimes plaisantent sur « le tueur de Facebook ». Unfriended semble s’être inspiré de ce passage et a créé le tueur de Skype. Des amis discutent ensemble sur l’application de messagerie. Un inconnu surgit dans la conversation, mais impossible de le supprimer. Il commence un harcèlement, via Facebook, Skype, Instagram et YouTube.

On pouvait pardonner au film d’être un found footage, après tout Searching était un bon thriller. Mais se retrouver pendant 80 minutes devant Skype est une épreuve douloureuse et inutile. Peut-être qu’elle est moins désagréable en dehors d’une épidémie, qui a confiné la moitié de la planète face à un écran d’ordinateur.

Le harceleur entend venger la mort d’une camarade de lycée, qui s’est suicidée suite à un harcèlement. Rien de bien original, cela avait déjà été vu dans différents films durant les années 90, notamment Mortelle Saint-Valentin. On ne peut même pas dire que l’ajout des réseaux sociaux est un véritable apport, car il est mal exploité. Insulte suprême au spectateur : on ne sait pas qui est le tueur.

On ne peut pas non plus dire que ce film plaira aux accros de l’informatique tant les incohérences sont nombreuses.

Informatique magique

Le personnage principal du film est l’ordinateur de Blaire. Même si l’autonomie des MacBook semble être entendue, il est curieux que la batterie ne se vide jamais. Blaire passe 1 h 30 sur son ordinateur, à discuter en ligne, à aller sur le Web, à regarder YouTube, à utiliser Spotify et son ordinateur, qui n’est pas branché à l’alimentation, ne se décharge jamais.

Pendant la conversation avec le harceleur, Blaire reçoit un mail. Elle ouvre Gmail, en interface Web. Le bouton « transférer » n’apparaît pas. Son amie Jess lui répond « de toute façon, les ordis, c’est tout le temps plein de bugs ».

Le mail contient un lien menant vers Instagram. Blaire n’ose pas cliquer, ne sachant pas ce qu’elle va voir. Un de ses amis lui dit « transfère le lien [Instagram] à Kevin, il va trouver l’adresse IP du mec ». Ajoutons également que Blaire va sur YouTube et différents sites Web, sans subir aucune publicité, mais sans que son navigateur — Chrome — ne soit équipé d’un bloqueur de pub.

Mais finalement, la plus belle incohérence technique reste la coupure de courant. Durant un macabre jeu de la vérité, l’électricité est coupée chez tous les participants de la conversation. Mais la connexion Internet continue de fonctionner. À croire que les terminaux sont pourvus de batteries totalement autonomes.

Ados tout seuls

Finalement, l’élément le plus improbable du film n’est pas la suite d’incohérences techniques, ni même l’identité inconnue du harceleur, mais l’absence totale d’adultes. Suite à une soirée de beuverie, Laura se retrouve filmée dans une mauvaise posture. La scène est diffusée sur YouTube, Laura est insultée et décide de se suicider. Elle filme son passage à l’acte et le streame en direct. Ni les parents ni les professeurs de l’adolescente ne sont mentionnés.

Quant aux protagonistes du film, ils ont également l’air d’être sans parents. Kévin fume un bang dans un salon, Adam descend une bouteille de vodka en entier dans sa chambre, Val se promène dans une maison aussi grande que la Maison-Blanche et il n’y a aucun adulte.

Notre tueur peut donc entrer sans difficulté dans six maisons différentes, tuer six adolescents, sans être dérangé par qui que ce soit, pas même par le chien de Val qui hurle à la mort quand celle-ci est au téléphone. On note également que notre tueur doit être un cousin de Flash, car il arrive à tuer la moitié des adolescents dans un intervalle de temps limité.

Le seul point crédible du film reste la scène de suicide de Laura, qui reste disponible sur YouTube. Récemment, en France, un viol survenu dans la rue a été filmé et diffusé sur Twitter. Au moment où ces lignes sont écrites, la vidéo est toujours en ligne. Que ce soit en 2014 ou en 2021, la modération de certains contenus semble difficile.

Faut-il laisser sa chance à Unfriended ? Honnêtement, si vous avez 83 minutes à perdre, on conseillera plutôt Chucky 3, qui assume parfaitement être un nanar.  

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