“Une partie de nos vies a été détruite” : à Liège, les sinistrés des crues racontent des heures d’angoisse – LCI
TÉMOIGNAGES – À Liège, à l’est de la Belgique, l’eau est montée très vite après les fortes pluies des derniers jours. La Meuse, ainsi que ses affluents, ont inondé des milliers d’habitations. Deux sinistrés nous racontent la montée des eaux, puis les longues heures d’attente avant la décrue.
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L’Europe frappée par des inondations meurtrières
Nous n’avions que quelques minutes pour sauver tout ce que l’on pouvait sauver
“Dans notre rue, l’eau est montée à environ 3 mètres”, raconte Loïc Collette. Cet informaticien fraîchement diplômé habite avec ses parents dans le quartier de Chênée, à 5 km du centre-ville de Liège. Il s’agit de l’une des localités de l’agglomération les plus touchées par les inondations. “Lorsque nous avons vu la Vesdre (affluent de la Meuse) sortir de son lit au niveau du pont non loin de la maison, nous avons compris que nous n’avions plus que quelques minutes pour sauver tout ce que l’on pouvait sauver”, explique-t-il.
Tout est effectivement allé très vite. “La cave de la maison a été remplie en 20 minutes. L’eau arrivait par les soupiraux et le jardin”, décrit le jeune homme de 22 ans. Le rez-de-chaussée de la maison, lui, est noyé sous “un peu plus de deux mètres d’eau” peu de temps après, laissant tout juste le temps au jeune homme, à ses parents, son petit-frère, sa petite-sœur, ainsi qu’aux quatre chiens de la famille de se réfugier à l’étage avec quelques vivres.
Nous avons perdu beaucoup de souvenirs. C’est un choc.
Si le jeune homme pense dans un premier temps que sa famille va rapidement être évacuée, la désillusion le gagne d’heure en heure. Sur les réseaux sociaux, il perd patience. “Ça fait presque 24h que nous sommes bloqués chez nous. Cinq personnes et quatre chiens […] La rue des Ventaux a été dégagée, mais la rue de la Révision n’est absolument pas prise en charge”, déplore-t-il avant de lancer : “Venez, par pitié, les secours”.
Dans la soirée jeudi, des civils se sont finalement proposés d’évacuer les plus fragiles sur des bateaux à moteur. “Mais ça devenait très dangereux de sortir dans le noir complet avec des lampes de poche, et l’eau était très froide. Nous avons préféré attendre et l’eau est finalement descendue ce vendredi matin”.
Dans la maison, une épaisse couche de boue recouvre désormais le sol et les meubles, tandis que la cave est toujours inondée. Les dégâts matériels sont importants. “Nous n’avons pu sauver que très peu de choses. Dans la cave, tout a été détruit. Nous avons quand même réussi à remonter des objets de valeur, mais nous avons perdu beaucoup de souvenirs, comme des K7 avec des vidéos de famille. C’est un choc. C’est très difficile parce qu’une partie de nos vies a été détruite”, affirme Loïc Collette.
Prendre les choses avec humour (belge)
Un peu plus en amont, dans le quartier d’Angleur, Colin Dandumont a aussi tout perdu. Sa maison, bien que non loin de l’Ourthe, qui se jette dans la Meuse, est séparée du cours d’eau par un chemin de fer surélevé et un tunnel autoroutier. L’eau, malgré tout, s’est aussi engouffrée dans sa maison. “Vendredi matin vers 10h15, mon colocataire a crié car l’eau montait dans la rue. À 10h30, elle atteignait le seuil de la porte”, raconte-t-il. Après avoir entièrement submergé la cave, l’eau s’engouffrait au rez-de-chaussée de la maison, atteignant 1,10 m de haut environ.
Si la situation peut sembler dramatique, ce doctorant au centre spatial de Liège prend la situation avec philosophie, voire humour. Sur Twitter, il enchaîne les blagues et les mises en scène cocasses. Alors que l’eau monte, une photo postée sur le réseau social le montre assis sur le chambranle de sa fenêtre, un paquet de chips à la main, regardant le triste spectacle à sa fenêtre. “Venise, ce n’est plus ce que c’était”, légende-t-il.
Un peu plus tard, le jeune belge ironise, un bouteille d’imperméabilisant à la main : “Je retrouve ça dans mon jardin (pas à moi) mais clairement pas efficace”.
“Je me suis permis de prendre les choses avec humour car je savais que mon assurance couvrait les dégâts liés aux inondations”, affirme-t-il à LCI. “Et puis, l’humour est une des particularités des Belges, non ?” questionne-t-il, se disant tout de même désolé d’avoir perdu tous ses meubles. “Ça fait seulement un an que je vis ici et nous avions tout rénové. Il faut tout recommencer.” Colin Dandumont s’estime tout de même chanceux, n’ayant perdu que du matériel. “J’ai un voisin de 91 ans qui m’a dit qu’il n’avait jamais vu ça. Évidemment, il a perdu bien plus de souvenirs que moi.”
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Sans précédent, ces inondations ont été particulièrement meurtrières. Ce vendredi, la Belgique pleure au moins 20 morts, tandis qu’une vingtaine de personnes sont toujours portées disparues. La province de Liège est la plus touchée par les crues et concentre la plus grosse partie des opérations de secours. À elles seules, les communes de Verviers et Pepinster, au sud-est de Liège et sur les bords de la Vesdre, ont recensé au moins une dizaine de morts. Ces décès ont en partie été causés par l’effondrement de plusieurs habitations à Pépinster. Ce vendredi, l’armée a déployé trois hélicoptères pour porter secours aux habitants de la ville, toujours pris au piège par les eaux. Une journée de deuil national sera observée mardi.
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