Une mère tuée devant ses enfants au Havre : son conjoint suspecté, 800 personnes manifestent – Sud Ouest

Johanna Tilly avait 27 ans. Cette jeune mère de famille a été touchée de quatorze coups de couteau lundi 16 septembre aux alentours de 13 heures devant un supermarché du Havre. Elle est morte en quelques instants, sous les yeux de ses enfants âgés de 2, 4 et 6 ans. Interpellé quelques instants après les faits, le suspect est le père de leurs enfants, un homme avec qui elle était en instance de séparation et dont elle s’était plainte à plusieurs reprises.

“Brisons le silence”, “Stop aux féminicides”, “Stop à la violence”, “Justice pour Johanna”, ont demandé ce mercredi 800 personnes présentes ce mercredi lors d’un rassemblement devant la mairie. Un cortège composé à 70% environ composé de femmes et d’enfants.

Larmes, émotion ce mercredi au Havre.
Larmes, émotion ce mercredi au Havre.

Crédit photo : LOU BENOIST / AFP

Le suspect, âgé de 37 ans, a reconnu la matérialité des faits et “dit avoir agi par crainte que la victime ne le prive de ses fils”, avait précisé le procureur du Havre dans un communiqué. Il “devrait être déféré au parquet pour être mis en examen”, indiquait cette même source mardi. Sans condamnation judiciaire antérieure, l’homme “n’apparaît pas avoir agi sous l’empire de toxiques et est indemne de toute affection psychiatrique”. En revanche, il avait l’objet de plusieurs signalements par Johanna Tilly.

La victime avait informé les services sociaux depuis mai 2019

Dès le 10 août, la jeune femme avait déposé une main-courante au commissariat du Havre “indiquant que le climat était tendu mais qu’il n’y avait pas de violence contre elle-même ou sur les enfants”, selon le procureur. Dès le lendemain dans la soirée, la police était intervenue au domicile du couple, que “la jeune femme disait avoir quitté en passant par la fenêtre de l’appartement (…) ayant été menacée par son compagnon à l’aide d’un couteau ainsi que d’étouffement avec un sac en plastique”.

Son conjoint avait alors été “interpellé et placé en garde à vue, mais les éléments réunis au cours de l’enquête apparaissaient insuffisants pour caractériser une infraction, et la procédure était transmise au parquet en vue d’un classement sans suite”. “Dans cette première affaire, c’était parole contre parole”, a précisé le procureur François Gosselin.

La jeune femme avait depuis quitté le domicile commun pour s’installer dans un foyer et “les enfants étaient pris en charge tour à tour par chacun des parents” dans l’attente d’un jugement sur leur garde. C’est alors que la victime allait chercher ses enfants que son conjoint l’a agressé au couteau. 

La victime avait informé les services sociaux de sa volonté de se séparer de son compagnon depuis le mois de mai 2019. Elle avait obtenu une place au Service d’Accueil d’Urgence des Femmes (SAUF) à compter du 31 juillet mais n’avait pas rejoint cet hébergement, selon le parquet.

“il connaissait ses faiblesses”

“Il connaissait ses faiblesses. Ça faisait sept ans et demi qu’ils étaient ensemble. Ils s’étaient connus sur les réseaux sociaux. Au départ, elle était aveuglée par l’amour. Elle faisait tout à la maison, il l’envoyait acheter de l’alcool tard le soir. Et elle était surtout victime de violences psychologiques. Elle avait peur. Mais depuis mars – avril, elle avait décidé de rompre”, explique une de ses amies à Paris-Normandie

La jeune femme, musulmane, avait fait part sur les réseaux sociaux d’un quotidien difficile et se réfugiait dans la religion selon Actu. “Heureusement que j’ai Dieu dans ma vie, il m’aide à apaiser mes peines, à aller de l’avant et à faire face à tous mes soucis”, écrivait-elle le 8 septembre.

En 2018, le ministère de l’Intérieur avait recensé 121 féminicides. La mort de Johanna serait le 105e depuis le début de l’année 2019.

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