Un militaire français tué au Mali, l’Etat islamique revendique l’attaque – Le Monde

Le brigadier Ronan Pointeau a été tué par un engin explosif dans la région de Ménaka, où des dizaines de soldats maliens sont morts dans une autre attaque de l’EI.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 19h24, mis à jour à 22h29

Temps de Lecture 2 min.

Un militaire français a été tué lors d’une opération samedi 2 novembre au matin au Mali, après « le déclenchement d’un engin explosif improvisé au passage de son véhicule blindé », a indiqué l’Elysée dans un communiqué. Dans la soirée, l’attaque a été revendiquée par l’organisation Etat islamique. « Les soldats du califat ont pris pour cible un convoi de véhicules des forces françaises (…) près d’Indelimane, dans la région de Ménaka, en déclenchant un engin explosif », a écrit l’EI dans un communiqué signé « Province Afrique de l’Ouest », publié sur ses chaînes Telegram.

La victime, le brigadier Ronan Pointeau, 24 ans, faisait partie du premier régiment de Spahis de Valence, dans la Drôme. Il a été tué près de la frontière du Niger, dans le nord-est du Mali, une région où 49 soldats maliens ont été tués vendredi. Cette attaque, l’une des plus meurtrières de ces dernières années pour les forces maliennes, a également été revendiquée par l’EI.

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Une semaine après la mort d’Al-Baghdadi

L’explosion de l’engin artisanal qui a tué le soldat français est survenue à 20 km d’Indelimane pendant une mission de sécurisation prévue de longue date, mais n’a « aucun lien » avec l’attaque de vendredi dans cette localité, a affirmé le porte-parole de l’état-major français, le colonel Frederic Barbry. Les deux communiqués de l’EI ont été publiés une semaine après la mort, dimanche, du chef de l’organisation terroriste, Abou Bakr Al-Baghdadi, tué lors d’un raid américain en Syrie.

Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a salué « le sacrifice » du militaire et exprimé « ses pensées vers ses camarades engagés dans les opérations au Sahel », « ainsi que vers leurs frères d’armes des armées sahéliennes, qui paient un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme ».

La ministre des armées, Florence Parly a, elle, annoncé qu’elle se rendrait « très prochainement au Mali, afin de s’entretenir avec les autorités maliennes ». « Dans un contexte sécuritaire dégradé, la mort du brigadier Ronan Pointeau nous montre que le combat contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel n’est pas terminé et notre détermination à le poursuivre est entière », a poursuivi la ministre dans un communiqué.

M. Pointeau, qui s’était engagé dans l’armée en 2016, est le vingt-cinquième militaire français tué au Mali depuis le lancement en 2013 de l’opération française « Serval » dans ce pays, suivie de l’opération antiterroriste « Barkhane » élargie à cinq pays du Sahel en 2014.

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Violences persistantes

Depuis 2012, le nord du Mali est tombé sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée. Les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit toujours.

Malgré la mission des Nations unies au Mali (Minusma), une forte présence militaire française et la création de la force militaire régionale G5 Sahel, les violences djihadistes persistent dans le pays, avec 237 attaques recensées en 2018, selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.

Depuis 2015, les violences se sont propagées du nord au centre du pays, beaucoup plus densément peuplé, où elles se mêlent très souvent à des conflits intercommunautaires. Une tuerie imputée à des chasseurs dogons se présentant comme un « groupe d’autodéfense » antidjihadiste a ainsi fait quelque 160 morts le 23 mars dans le village peul d’Ogossagou, près de la frontière burkinabée.

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