Un important camp de migrants du nord-est de Paris démantelé ce mardi matin – Ouest-France

Plusieurs centaines de migrants sont évacués du campement parisien de la Porte d’Aubervilliers ce mardi 28 janvier au matin, deux mois après le démantèlement d’un site voisin, pour répondre à la promesse du gouvernement de vider le nord-est parisien de ces camps insalubres.

« Ce mardi […], la préfecture de police (PP) et la préfecture de la région d’Ile-de-France (Prif) procèdent au démantèlement des campements illicites installés au niveau de la porte d’Aubervilliers, ainsi qu’à la mise à l’abri concomitante de leurs occupants », a indiqué la PP dans un communiqué.

Entre 900 et 1 800 personnes se sont installées dans ces camps qui ont pris, ces dernières semaines, des allures de bidonvilles au bord du périphérique, selon un décompte fourni par la Préfecture de région.

Vent glacial

Sous un vent glacial, des centaines de migrants partent avec le strict minimum dans des sacs, laissant derrière eux des tentes en vrac sur un terrain jonché de matelas, vélos et détritus.

Avec ses trois filles, Fatima, 38 ans, venue de Côte d’Ivoire, attend de monter dans un bus, en tenant sa poussette. « On dormait dans une tente, dans la saleté de ce camp. On va voir ce que la préfecture peut nous donner. Pour l’instant on ne sait rien du tout de ce qui va arriver, mais on garde espoir », raconte-t-elle.

Yssouf, lui aussi Ivoirien et âgé de 29 ans, vivait dans une tente depuis décembre. Il a déjà été hébergé dans un centre pour demandeurs d’asile mais a été débouté depuis et s’est retrouvé à la rue.

« Je suis soulagé de cette opération car le froid commence à être pesant. Je suis content de pouvoir bénéficier d’un hébergement même si je sais que ça ne va pas durer longtemps. C’est mieux que rien », confie-t-il, en espérant « quand même qu’un hébergement pérenne va arriver ».

Aucune réinstallation possible

Que ce soit dans des gymnases ou des centres dédiés, des places ont été mobilisées pour héberger « tout le monde », a indiqué la Préfecture.

La doctrine des autorités dans la gestion de ces campements a changé lors de l’évacuation de quelque 1 600 personnes à cheval sur Paris et la Seine-Saint-Denis, notamment à la Porte de la Chapelle, le 7 novembre.

Au lendemain de l’annonce du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, affirmant que ces sites constituant une « anomalie » du système d’hébergement allaient être évacués avant la fin 2019, la préfecture de police avait prêté main-forte à la Prif – qui gère d’ordinaire les opérations de mise à l’abri -, en opérant un tour de vis sécuritaire : plus aucune réinstallation sur la Porte de la Chapelle n’est possible depuis, grâce à un imposant dispositif des forces de l’ordre.

C’est également ce qui est prévu à la Porte d’Aubervilliers, a confirmé la préfecture de police, expliquant que des patrouilles 24 heures sur 24 empêcheront les migrants d’y réinstaller des tentes.

« On ne fait que reporter le problème »

Pour autant, avec cette opération, l’engagement du gouvernement n’est toujours pas tenu : dans les deux mois d’intervalle entre le démantèlement de la Porte de la Chapelle et celle d’Aubervilliers, environ 300 migrants se sont installés à la Villette, soit à la Porte suivante.

Le démantèlement de ce camp ? « On y viendra », répond-on à la Prif, même si ce ne sera « pas pour tout de suite ».

« On ne fait que reporter le problème », déplore de son côté la maire adjointe de Paris en charge des réfugiés, Dominique Versini, qui craint qu’il ne faille de nouveau « attendre deux, trois mois » avant cette opération.

Toutefois, reconnaît-elle, l’évacuation de mardi, « la 60e importante opération de mise à l’abri depuis 2015 », est une « bonne chose pour les migrants, qui vivent dans des conditions épouvantables, et pour les riverains, qui n’en peuvent plus ».

« Cycle sans fin campement – évacuation »

À la Porte d’Aubervilliers, les migrants ressortis des structures d’hébergement après la dernière opération sont venus gonfler ce camp qui existait déjà et où se sont également agrégés les toxicomanes qui étaient concentrés sur la « colline du crack » toute proche. Ces derniers, affirme la préfecture de région, feront l’objet d’une prise en charge par des « structures spécialisées ».

« Ce campement bientôt démantelé s’ajoute à la liste de tant d’autres lieux du nord-est parisien qui illustrent ensemble le cycle sans fin campement-évacuation en cours depuis quatre ans à Paris », regrette pour sa part l’association Utopia56, qui vient en aide aux migrants.

Les « blocages administratifs », poursuit Utopia56, « ont pour conséquences le maintien dans la rue d’une majorité des habitants des campements et donc la reformation inexorable de nouveaux campements après les démantèlements. »

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