Un an après la mort de Steve Maia Caniço, une marche organisée à Nantes – Le Monde

Un hommage à Steve Maia Caniço, le 31 août 2019.

A Nantes, le retour de la Fête de la musique a un goût amer. Dimanche 21 juin, une marche en hommage à Steve Maia Caniço sera organisée à partir de 15 heures devant l’hôtel de préfecture de la Loire-Atlantique.

Il y a un an, cet animateur périscolaire de 24 ans, venu danser en bord de Loire, avait disparu lors d’une opération policière perçue comme disproportionnée face à des jeunes qui s’amusaient dans un quartier sans habitations, le long d’un quai dépourvu de parapet. Son corps a finalement été retrouvé cinq semaines plus tard dans le fleuve.

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« Déperdition de preuves »

L’enquête sur les circonstances précises de cette chute, dépaysée à Rennes en septembre, se poursuit. Trois informations judiciaires « contre X » sont actuellement instruites. L’une pour « homicide involontaire » concernant la mort du jeune animateur, une autre pour « mise en danger de la vie d’autrui » concernant l’intervention policière et la troisième pour violences sur « personne dépositaire de l’autorité publique » s’agissant de la prise à partie des forces de l’ordre.

Au sujet du premier volet, Cécile de Oliveira, l’avocate de la famille de Steve Maia Caniço, déclare : « On va probablement avoir des éléments au début de l’été qui vont, je l’espère, pouvoir faire basculer le dossier vers des mises en cause. » Selon elle, un procès pourrait avoir lieu dans trois à quatre ans au tribunal correctionnel ou dans quatre à cinq ans aux assises.

D’ores et déjà, elle regrette qu’une « déperdition de preuves » ait eu lieu en juin et juillet 2019, puisqu’au départ l’information judiciaire était ouverte seulement pour « recherche des causes de la disparition ». A ce moment-là, « les juges d’instruction ne pouvaient pas instruire sur le lien de causalité entre la mort de Steve Maia Caniço et l’intervention policière », déplore-t-elle, affirmant qu’« on a pu avoir le sentiment qu’au début, sous une forte pression gouvernementale, il faut le dire, le dossier de Steve Maia Caniço a été traité, comme souvent les dossiers de violences policières, avec un étouffoir ».

L’enquête se poursuit

Les dernières zones d’ombre autour de la mort du jeune homme pourraient se trouver dans son téléphone, que les enquêteurs tentent de « faire parler ». « L’objectif, c’est d’obtenir une géolocalisation précise de Steve au moment du drame, précise au Monde sa sœur, Johanna Maia Caniço. S’il est établi qu’au moment des tirs de grenades lacrymogènes mon frère se trouvait tout près du fleuve, alors il sera difficile de contester l’existence d’un lien de causalité entre l’intervention des forces de l’ordre et la chute qui a entraîné sa mort. »

Neuf « sound systems » étaient encore en place le long du quai quand une vingtaine de policiers sont venus, cette nuit-là, signifier qu’il était l’heure de couper le son. Les DJ ont commencé à démonter les murs de son. Vers 4 h 25, le collectif Lunatek a fait résonner un hymne antifa. Le climat s’est aussitôt embrasé. Les policiers affirment avoir essuyé un tombereau d’injures et des jets de projectiles. En retour, ils « ont fait usage de trente-trois grenades lacrymogènes, de dix grenades de désencerclement et de douze tirs de lanceur de balles de défense », ainsi que le détaille le rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA) remis à Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, en septembre 2019. La riposte a semé confusion et panique. Aveuglés et perdus, au moins sept participants à la fête ont chuté dans la Loire.

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Le Monde avec AFP

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