Ultradroite : « On n’allait pas vraiment tuer le président… » La dangerosité des Barjols au cœur du procès – 20 Minutes

Au tribunal correctionnel de Paris,

A l’été 2018, lorsqu’il remplit son bulletin pour adhérer aux Barjols – un groupuscule d’ultradroite obsédé par les migrants et Emmanuel Macron –, Mickaël Iber ne cache pas ses motivations : « Retourner ce gouvernement de corrompus et redonner la France au peuple ». Pour cela, il se dit prêt à « rechercher des jouets ». Comprendre : des armes. Son niveau d’implication : 20… sur 10.

Ce mercredi, devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le discours est radicalement différent. Vêtu d’une doudoune noire, les cheveux coiffés en arrière, l’homme de 43 ans assure qu’il cherchait avant tout à faire son « intéressant ». Des treize prévenus, soupçonnés d’avoir, à divers degrés, fomenté une attaque violente contre Emmanuel Macron, il est le seul à comparaître détenu.

« L’alcool n’excuse pas tout, mais… »

« Mes mots ont dépassé ma pensée, insiste ce père de trois enfants. Ce n’est pas parce qu’on dit qu’on va retourner le gouvernement, qu’on le fait. » D’autant, explique-t-il, que ce formulaire, il l’a rempli au cours d’un barbecue festif chez l’un des membres des Barjols. « L’alcool n’excuse pas tout, mais ça fait faire des conneries », souligne-t-il. Certes, note le président, mais des propos de cet acabit, il en a tenu à de multiples reprises. En mars 2018, par exemple, il envoie un message à un autre prévenu du dossier, également membre des Barjols, pour lui proposer « une livraison de jouets : Glock, Uzi, pompe, kalash ». « Y avait rien », jure-t-il les mains accrochées à la barre, dans le box. Et d’insister : « Faut pas prendre toutes mes conneries à la lettre, Monsieur le juge. 

Et que sous-entend-il quand il propose à un autre prévenu de « venir jouer » avec lui et « Macron », en déplacement à Morange ? « T’es chaud pour aller choper la pute », insiste-t-il. Mickaël Iber l’assure, son objectif était avant tout de perturber la visite du président de la République. « On parlait tout le temps de manifester, je vais pas tuer le président. » Pourquoi alors proposer de le « kidnapper » lors de ce même déplacement sur une chaîne Telegram ? Et de préciser, à l’attention des membres : « Une fois les actions lancées, nous passerons pour des terroristes, des ennemis de la nation. » « De l’ironie », justifie-t-il aujourd’hui. D’ailleurs, le 5 novembre, pendant ce déplacement présidentiel, il était en Allemagne pour faire des courses.

Une réunion clé pour l’enquête

Mickaël Iber l’assure, jamais ses mots n’ont été suivis de faits. Se définissant comme proche de la mouvance des gilets jaunes, sa principale volonté était de « bloquer le pays ». Le 5 novembre pourtant, quelques heures après le déplacement à Morange d’Emmanuel Macron, il retrouve Jean-Pierre Bouyer, considéré comme le leader du groupuscule, et deux autres membres des Barjols. Au cours de cette réunion, il aurait été à nouveau question de tuer le président, dans la région pour plusieurs jours encore. A-t-il émis l’idée de l’attraper par le poignet puis de le poignarder, comme le soutiennent certains participants ? « J’ai juste dit que ça m’étonne qu’il n’y ait pas quelqu’un qui l’ait attrapé pour lui en mettre une », assure-t-il.

C’est en tout cas cette réunion qui a déclenché, le lendemain matin, la vague d’interpellations, les enquêteurs craignant une attaque imminente. Les investigations ont finalement mis en lumière un projet bien plus balbutiant que ce à quoi ils s’attendaient. Mickaël Iber encourt néanmoins, comme tous les prévenus dans ce dossier, dix ans de prison.

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