Ultradroite : le jardinier Montalbanais, écroué ce vendredi soir, avait publié un “manifeste” du parfait terro – ladepeche.fr

l’essentiel En garde à vue au siège de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret depuis leur interpellation concomitante à Montauban et en Gironde, mardi 16 novembre, les deux militants de la mouvance d’ultradroite appelant à des “actions violentes”, ont été déférés et mis en examen ce vendredi 19 novembre après-midi au tribunal judiciaire de Paris. L’agent municipal a été placé en détention provisoire à l’issue à la prison de la Santé.

Après près de quatre jours de garde à vue à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, Dominique D., un agent municipal de la ville de Montauban radicalisé dans la mouvance de l’ultradroite, a été déféré au tribunal judiciaire de Paris et mis en examen par le juge antiterroriste Stanislas Sandraps, ce vendredi 19 novembre après-midi. 

Depuis octobre, ce jardinier montalbanais de 46 ans est visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet national antiterroriste (PNAT) de Paris pour  “association de malfaiteurs terroriste”, et “provocation directe par un moyen de communication en ligne à un acte de terrorisme”. Les magistrats du PNAT n’ont finalement pas retenu la qualification criminelle d’association de malfaiteurs pour ne conserver que les charges de “provocation directe à commettre un acte terroriste”. Ces derniers ont également requis contre Dominique D. son placement en détention provisoire. Après débats avec le juge des libertés et de la détention, il a été écroué dans la soirée à la prison de la Santé.

Au tribunal judiciaire de Paris, le jardinier montalbanais radicalisé est déféré ce vendredi après-midi en vue de sa mise en examen
Au tribunal judiciaire de Paris, le jardinier montalbanais radicalisé est déféré ce vendredi après-midi en vue de sa mise en examen DDM,

Scène de pendaison

Les experts en cybercriminalité du renseignement intérieur l’ont, en effet, dans leur radar depuis qu’il a mis en place une chaîne sur la messagerie cryptée Télégram, baptisée “Jusqu’en Enfer”. Créé en janvier dernier et fermé depuis, ce groupe aurait regroupé jusqu’à une centaine de personnes échangeant des contenus ultra-violents racistes et antisémites. Dominique D., qui en aurait été l’administrateur, y publie des contenus notamment des montages vidéos de son cru.

Dans l’une d’elles qui se conclut par la pendaison d’une jeune femme africaine, les experts de la DGSI ont conclu qu’il s’agissait d’une vraie scène. Des contenus de plus en plus “trash” auxquels le jardinier serait devenu accro comme aux jeux vidéo violents dont il est un adepte. 

Un “manifeste” terroriste et une centaine d’armes retrouvées chez lui

Ce qui aurait toutefois décidé les services de renseignements français à interpeller immédiatement les deux hommes, c’est la publication d’un manuel terroriste, qualifié par les enquêteurs de véritable “manifeste” de Dominique D. pour passer à l’action violente ainsi que l’achat d’armes sur les conseils avisés de Didier B. Habitant en Gironde et chasseur averti, ce sexagénaire, a contrario du jardinier tarn-et-garonnais, est loin d’avoir un casier judiciaire vierge.

Durant ces dizaines d’heures d’audition de garde à vue, le quadragénaire a été longuement interrogé par les agents de la DGSI sur ce “manifeste” ayant des similitudes troublantes avec celui publié en mars 2019 par Brandon Tarrant, le terroriste australien d’extrême droite ayant abattu froidement 51 personnes et en blessant 49 autres dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. “Il y a compilé lui-même des chapitres dans lesquels il explique comment il faut se comporter en société, s’habiller pour passer inaperçu afin de ne pas être repéré par les services de renseignement, indique une source proche du dossier. Il y fait également des classements des armes où il explique comment les acheter à bas coût et sans les déclarer aux autorités”. Une centaine d’armes dont des kalachnikovs, et aussi de la “poudre noire” pouvant servir “à réaliser des explosifs” ont été retrouvées chez lui lors des perquisitions.

Résidant non loin de la future grande mosquée de Montauban (chemin de Matras), Dominique D. n’aurait pas manqué d’être interrogé sur ce point par les enquêteurs. Celui-ci aurait confirmé, sans entrer dans le détail, ne pas être satisfait de la construction de cet édifice religieux craignant qu’il ne “devienne un nid de fondamentalistes”, assure la même source.

Également interrogé sur la possession de ce stock d’armes, le jardinier dont nous avions révélé qu’il était un collectionneur d’armes et un amateur de tir, dit “que c’est dans le but de se protéger si on devait l’attaquer”. Le mis en cause “vit dans la peur d’un déclenchement d’une guerre civile imminente entre communauté, il est prêt à se défendre et à riposter le cas échéant”, certifie la même source.


Me Severine Lheureux: “Sa fascination pour l’ultra violence ne lui a jamais donné envie d’inciter à des actes violents et moins encore terroristes”

Me Sévérine Lheureux
Me Sévérine Lheureux DDM, archives Manu Massip

À l’issue de la garde à vue de son client qu’elle assiste depuis mardi et de son défèrement devant le parquet national antiterroriste, Me Sévérine Lheureux a accepté de répondre à nos questions. “Mon client est, comme on peut s’en douter, très anxieux à l’idée d’être à présent, pour la première fois de sa vie, confronté à un juge d’instruction, a fortiori en raison du risque d’une demande de placement en détention provisoire qui pourrait être formée à l’issue de sa mise en examen”, indique l’avocate montalbanaise. Elle confirme que son client “dans un souci de parfaite coopération, reconnaît avoir posté les publications reprochées mais pas une intention criminelle”.

Concernant les contenus d’appels à la violence publiés sur la chaîne cryptée de Dominique D., Me Lheureux assure que “la fascination (de son client) pour l’ultra violence ne lui a jamais donné envie d’inciter à des actes violents et moins encore terroristes”.

Prévoyant désormais la mise en examen inéluctable de son client (NDLR: une mise en examen confirmée dans la soirée de vendredi après que Me Lheureux nous a livré sa réaction) dans le cadre d’une procédure criminelle du parquet national antiterroriste, l’avocate prépare sa défense en évoquant la personnalité “fragile” de celui-ci. “Nous allons solliciter la réalisation d’une expertise psychiatrique qui permettra de démontrer son absence de dangerosité et son sincère désarroi face à une situation qui le dépasse.”

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