Ukraine: les bombes au phosphore blanc, arme aux conséquences terribles – Le HuffPost

afp.com/HAMZA AL-AJWEH
L’usage de bombes au phosphore blanc sur des populations peut être particulièrement meurtrier.

GUERRE EN UKRAINE – La guerre en Ukraine a-t-elle atteint un nouveau stade? Depuis quelques jours, Kiev accuse Moscou d’utiliser desbombes au phosphore. Interrogé sur la question, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré ce vendredi 25 mars, que la Russie n’avait “jamais violé aucune convention internationale”.

Si l’utilisation de phosphore est avérée (elle n’a pour l’instant pas été confirmée de manière indépendante), cela marquerait une nouvelle étape dans l’aggravation du conflit. En effet, les bombes au phosphore blanc, dont l’encadrement juridique est flou, sont réputées pour leur grande dangerosité.

Comme l’explique un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) publié en 2018, “les armes incendiaires figurent parmi les armes les plus cruelles utilisées dans les conflits armés dans le monde aujourd’hui”. C’est pourquoi elles sont proscrites par de nombreuses conventions internationales.

Une arme très destructrice

Les conséquences pour les personnes visées sont catastrophiques. En effet le phosphore blanc est un tueur incendiaire particulièrement dangereux. Intégré sur des obus d’artillerie, des bombes, des roquettes ou encore des grenades, cet élément chimique augmente la puissance meurtrière de nombreux armements. 

Utilisé à des fins militaires, il peut alors causer des dommages de deux façons: par brûlure et inhalation de vapeur, ainsi que par blessure directe causée par les particules de leurs projectiles. Lorsqu’il entre en contact avec l’oxygène, le phosphore blanc s’enflamme et brûle, produisant une fumée blanche dense particulièrement toxique. Mais ce n’est pas tout. Parce qu’il est très soluble dans les graisses, cet élément chimique brûle facilement et très gravement la chair humaine. 

Ainsi, “le phosphore blanc peut causer des blessures horribles, peu importe la façon dont il est utilisé”. Il est “hautement soluble dans les graisses et donc dans la chair humaine”, relate Human Rights Watch dans un rapport de 2015.

Une fois dans le corps, il est très difficile de s’en débarrasser. Quand bien même une personne reçoit des soins après une brûlure au phosphore, ses chances de survie sont minces, car les particules chimiques continuent de brûler jusqu’à ce qu’elles se consument ou manquent d’oxygène. C’est pourquoi “des brûlures sur seulement 10 % du corps sont souvent mortelles”, précise l’ONG.

Des effets dévastateurs sur la biodiversité 

Meurtrier pour les hommes, le phosphore blanc est aussi un danger pour l’environnement. Comme l’expliquait en 2020 pour RFI Armen Muradyan, recteur de l’université de médecine d’Erevan, “la fumée du phosphore laisse un impact immédiat dans la biosphère avant de se disperser dans l’atmosphère”. 

Outre les bombardements qui détruisent toute la zone d’impact, le phosphore blanc brûle et calcine, ne laissant que des cendres sur son passage. Parce qu’il s’agit d’un élément chimique toxique pour bon nombre d’espèces vivantes, son impact est important, contaminant par ailleurs le sol et l’eau.

Mais ce n’est pas tout. Une fois exposé au phosphore, c’est l’ensemble du monde vivant qui se retrouve pris à la gorge. En effet, la dispersion des éclats de bombe touche un large périmètre, alors même que ces derniers peuvent voir leurs effets se produire plusieurs mois après les bombardements. 

Un encadrement juridique flou

Malgré le danger qu’il représente, le phosphore blanc demeure utilisé militairement, que ce soit à des fins explosives ou bien pour obstruer la vision infrarouge et les systèmes de suivi des armes via ses propriétés éclairantes et fumigènes. Plusieurs pays exploitent ce potentiel, car les bombes utilisant ce phosphore ne sont pas considérées comme des armes chimiques.

Elles ne sont donc pas interdites d’utilisation sur le champ de bataille, mais restreintes à des fins militaires. En vertu du droit national, il est ainsi possible d’utiliser ce type d’armement dans des zones ouvertes. La Russie, en Tchétchénie ainsi qu’en Syrie, mais aussi les États-Unis en Irak ou au Vietnam en ont déjà fait usage.

Les limites à l’utilisation du phosphore blanc concernent son emploi contre des civils ou sur des zones avec une forte densité de population, qui est alors interdit. C’est ce que présente le protocole III de la Convention sur certaines armes classiques, signé à Genève et entré en vigueur en 1983.

Même son de cloche pour la convention de Rome, qui juge le bombardement d’une ville civile avec cet armement comme un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Pour ces raisons, l’ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko, a assuré sur BFMTV le 23 mars que son pays avait des “preuves” de différentes attaques au phosphore blanc envers la population, des preuves qui doivent être envoyées à la Cour pénale internationale.

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