Ukraine : la Crimée, nouvel enjeu stratégique de la guerre avec la Russie – Le Monde

Une vue infrarouge de l’aérodrome militaire de Saky (Crimée) après une attaque menée le 9 août 2022. Ici, le 10 août 2022.

Cette fois, c’est une certitude : la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014 et restée à l’écart des combats depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine, le 24 février, est dans le viseur de l’armée de Kiev. Après une première attaque le 9 août sur l’aérodrome militaire de Saky, situé à l’ouest de la péninsule, de violentes explosions ont secoué, mardi 16 août, une base russe installée dans le district de Djankoï, au nord-est de la région rattachée de force à la fédération de Russie il y a huit ans.

Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, un important dépôt de munitions a explosé tôt dans la matinée dans le village de Maïskoïe, provoquant des dégâts sur plusieurs centaines de mètres à la ronde. Selon Sergueï Axionov, le gouverneur de la « république de Crimée », l’attaque a fait deux blessés et contraint les autorités à évacuer plus de 3 000 habitants. La ligne ferroviaire desservant la péninsule depuis la Russie, située à proximité, a également été endommagée et le trafic de passagers, comme de marchandises, interrompu.

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Alors qu’ils avaient nié toute attaque ukrainienne sur la base aérienne de Saky, assurant qu’il s’agissait d’un incendie accidentel, les Russes ont attribué l’explosion du dépôt de munitions de Djankoï à « un acte de sabotage », sans donner plus de précisions. « Les mesures nécessaires sont prises pour éliminer les conséquences du sabotage », a déclaré le ministère russe de la défense, évoquant des voies de chemin de fer et des installations électriques endommagées. De son côté, Kiev a confirmé l’explosion mais n’a pas revendiqué l’opération.

Théoriquement, les sites visés en Crimée depuis dix jours se trouvent hors de portée de l’armée ukrainienne. La base aérienne de Saky comme le dépôt de Djankoï sont situés à plus de 200 kilomètres du front. Bien trop loin pour les lance-roquettes multiples Himars livrés par les Etats-Unis, qui ont été fournis avec des projectiles n’allant pas au-delà de 80 kilomètres. Washington a réaffirmé qu’elle n’avait pas donné à l’Ukraine de missiles balistiques ATACMS, d’une portée théorique de 300 kilomètres, pour éviter tout risque d’escalade avec Moscou.

« La Crimée, un nœud logistique très important pour les Russes »

Si les hypothèses d’attaques par des drones ou des forces spéciales infiltrées ne séduisent pas les experts, celle de missiles de fabrication ukrainienne « boostés » par des pays alliés est privilégiée par une partie de la communauté militaire. Certains évoquent notamment l’existence de « deux ou trois lanceurs » produits par Yuzhnoye Design Office, un industriel ukrainien de l’aérospatial, qui seraient capables de tirer des missiles balistiques équipés de systèmes de guidage « amis ».

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