Ukraine : «Des chars doivent être livrés», dit Charles Michel après sa rencontre avec Volodymyr Zelensky – Le Figaro

LE POINT SUR LA SITUATION – La livraison d’armes longue portée à Kiev entraînerait une escalade, avertit ce jeudi le Kremlin alors que les annonces occidentales se multiplient.

Nouvelles livraisons d’armes du Danemark, de Londres et de la Suède, avertissements du Kremlin, Wagner qui aurait «des choses à apprendre» de l’Ukraine … Le Figaro fait le point sur le conflit en Ukraine ce jeudi 19 janvier.

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«Des chars doivent être livrés», selon l’UE

«Des chars doivent être livrés» à l’Ukraine, a déclaré jeudi le président du Conseil européen Charles Michel à l’issue d’une visite à Kiev où il s’est entretenu avec le président Volodymyr Zelensky, à la veille d’une réunion cruciale en Allemagne des soutiens militaires de Kiev. «Nous entendons votre message. Vous avez besoin de plus de systèmes de défense antiaérienne et d’artillerie, de plus de munitions», a souligné Charles Michel sur Twitter, affirmant que les Occidentaux étaient «conscients» que «les prochaines semaines pourraient être décisives pour la suite» de la guerre avec la Russie.

Au cours d’une conférence de presse commune avec Zelensky dans l’après-midi, Charles Michel avait auparavant confirmé les discussions entre les États membres de l’UE pour un dixième train de sanctions visant la Russie, afin d’autant plus de limiter ses revenus et ses capacités à livrer sa guerre à l’Ukraine. «Nous venons d’avoir un accord il y a quelques semaines sur le neuvième paquet de sanctions et certainement le dixième paquet de sanctions sera nécessaire», a-t-il affirmé face à la presse.

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Eventuelle livraison de chars allemands à l’Ukraine: décision sous peu, annonce Berlin

Berlin a laissé jeudi soir la porte ouverte à la possibilité de permettre aux alliés de fournir à l’Ukraine des chars lourds de fabrication allemande, déclarant que cela «se clarifierait dans les prochaines heures ou demain matin». Les alliés de l’Ukraine vont se réunir vendredi sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne, afin de décider d’une aide militaire supplémentaire à Kiev. Avant les discussions, la pression s’est accrue sur Berlin pour qu’elle approuve la livraison de chars Leopard 2 de fabrication allemande.

La Pologne et la Finlande ont indiqué qu’elles étaient disposées à fournir ce type de chars à l’Ukraine, mais qu’elles avaient besoin pour cela de l’accord de l’Allemagne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensly a dit attendre des «décisions fortes» de la rencontre des soutiens de Kiev prévue vendredi à Ramstein. L’Ukraine a de nouveau appelé jeudi ses alliés occidentaux «à cesser de trembler devant Poutine» et à «considérablement renforcer» leurs livraisons d’armements pour faire face à l’armée russe.

Les Occidentaux vont livrer de nouvelles armes

L’Ukraine va recevoir de nouveaux canons automoteurs Caesar de 155 mm, de fabrication française. Cette fois, il s’agira de la totalité des 19 exemplaires commandés par le Danemark à la France et dont tous n’ont pas été encore livrés à Copenhague. L’exécutif, soutenu par le Parlement, «a décidé de donner toutes les 19 pièces d’artillerie de fabrication française Caesar à l’armée à l’Ukraine», a annoncé le ministre de la Défense Jakob Ellemann-Jensen dans un communiqué. Dix-huit canons Caesar, prélevés sur les stocks de l’armée française, avaient déjà été livrés par Paris à l’Ukraine depuis le début du conflit.

Le Royaume-Uni enverra, pour sa part, à l’Ukraine 600 missiles supplémentaires Brimstone pour l’aider face à l’invasion russe, a annoncé ce jeudi en Estonie le ministre britannique de la Défense. Après une réunion du gouvernement, le premier ministre suédois Ulf Kristersson a également annoncé lors d’une conférence de presse «la première décision de commencer à livrer des systèmes d’artillerie Archer à l’Ukraine» pour l’aider contre la Russie. La Suède, qui a rompu avec sa doctrine de ne pas livrer d’armement à un pays en guerre, va également envoyer 50 blindés de combat d’infanterie CV-90 ainsi que des missiles anti-tank portables NLAW, a annoncé le gouvernement.

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Washington annonce une nouvelle tranche d’aide militaire à l’Ukraine

Les États-Unis ont annoncé jeudi une nouvelle tranche d’aide militaire à l’Ukraine pour un montant total de 2,5 milliards de dollars, avec notamment des centaines de véhicules blindés de divers types, mais pas de chars lourds Abrams. Cette nouvelle tranche prévoit l’envoi de 59 blindés Bradley, qui s’ajouteront aux 50 véhicules blindés légers de ce type promis le 6 janvier, et 90 blindés de transport de troupes Stryker «qui doteront l’Ukraine de deux brigades blindées», a précisé le Pentagone dans un communiqué. L’armée américaine va également livrer à l’Ukraine 53 véhicules blindés antimines (MRAP) et 350 véhicules de transport M998, le fameux Humvee.

Mais cette nouvelle tranche ne comprend aucun char lourd, comme les Abrams, que les États-Unis ne sont pas encore prêts à fournir à Kiev, justifiant ce refus par des questions de maintenance et de formation.

Washington va également remettre aux forces ukrainiennes des missiles de rechange pour les systèmes antiaériens NASAMS et HIMARS qui leur ont déjà été fournis, 8 systèmes antiaériens de courte portée Avenger – des unités de défense montées sur des véhicules qui se déplacent au même rythme que les unités terrestres – et des milliers de munitions diverses. Cette nouvelle tranche porte à 26,7 milliards de dollars l’aide militaire totale des États-Unis à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février.

Menace d’escalade de Moscou

Le Kremlin a averti jeudi 19 janvier que la livraison à l’Ukraine par les Occidentaux d’armes longue portée, capables de frapper le territoire russe en profondeur, entraînerait une aggravation dangereuse du conflit armé entre Kiev et Moscou. «C’est potentiellement très dangereux, cela signifierait que le conflit atteindrait un nouveau palier qui ne promettrait rien de bon pour la sécurité européenne», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

L’UE juge «inacceptable et méprisable» une référence à l’Holocauste

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a jugé jeudi «inacceptable et méprisable» la référence à l’Holocauste faite par Moscou pour dénoncer le soutien des pays occidentaux à l’Ukraine et «justifier son agression illégale» contre ce pays. «Les derniers commentaires du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accusant l’Occident de rechercher une ‘solution finale’ pour la Russie sont totalement déplacés, irrespectueux et piétinent la mémoire des six millions de Juifs, et d’autres victimes, qui ont été systématiquement assassinés pendant l’Holocauste», a accusé le responsable dans un communiqué.

La tâche de la coalition montée par les États-Unis est «la ‘solution finale’ à la question russe. Tout comme Hitler voulait résoudre la question juive, désormais, les dirigeants occidentaux (…) disent sans ambiguïté que la Russie doit subir une défaite stratégique», a affirmé mercredi 18 janvier le chef de la diplomatie russe lors d’une conférence de presse. «La manipulation de la vérité par le régime russe pour justifier sa guerre d’agression illégale contre l’Ukraine a atteint un autre point bas inacceptable et méprisable», s’est insurgé Josep Borrell, de nationalité espagnole. «Il n’y a pas de parallèle entre les crimes de l’Allemagne nazie et l’aide internationale à l’Ukraine pour défendre son territoire et son peuple contre une agression injustifiée. La Russie a envahi un pays voisin souverain, y cible et y tue quotidiennement des civils, dans le but avoué de détruire le pays et la nation ukrainienne», a affirmé le chef de la diplomatie de l’UE.

«Offensive locale» russe dans le sud de l’Ukraine

L’armée russe a lancé une «offensive locale» près de la ville d’Orekhiv, dans le sud de l’Ukraine, où le front est en large partie figé depuis plusieurs mois, a annoncé jeudi un responsable de l’administration d’occupation russe locale. «Nos troupes ont lancé une offensive locale près de la ville d’Orekhiv, qui est toujours provisoirement occupée par les combattants ukrainiens», a déclaré Vladimir Rogov, un cadre de l’occupation russe dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. Selon lui, cette attaque a contraint les forces ukrainiennes à légèrement reculer pour occuper des positions de réserve. «Nos troupes tiennent les positions occupées. Le territoire de la région de Zaporijjia libéré des combattants ukrainiens augmente progressivement», a-t-il encore affirmé, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti.

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Les investisseurs sont prêts à «inonder» l’Ukraine, affirme le patron de BlackRock

Les investisseurs vont «inonder» l’Ukraine à l’issue de la guerre avec la Russie, a affirmé jeudi Larry Fink, le patron du géant américain de la gestion d’actifs BlackRock, jugeant que le pays peut devenir «un phare pour le reste du monde de la puissance du capitalisme». Si la guerre se terminait «relativement tôt», les besoins financiers pour la reconstruction et l’aide au pays seraient de 750 milliards de dollars, a-t-il estimé. «Ceux qui croient vraiment à un système capitaliste inonderont l’Ukraine avec du capital», a poursuivi le dirigeant du numéro un mondial de la gestion d’actifs. «Je ne parle pas de philanthropie. Il y aura beaucoup de philanthropie. Je parle vraiment du fait que si l’on veut reconstruire l’Ukraine, cela peut devenir un phare pour le reste du monde de la puissance du capitalisme», selon lui.

Le chef de Wagner dit avoir des «choses à apprendre» de l’armée ukrainienne

Le patron du groupe de mercenaires Wagner, Evguéni Prigojine, a indiqué que ses troupes avaient «des choses à apprendre» de l’armée ukrainienne, en pleine bataille acharnée pour la prise de Bakhmout dans l’est de l’Ukraine. «L’armée ukrainienne travaille efficacement, de manière cohérente. On a des choses à apprendre d’eux. Mais dans tous les cas les unités de Wagner vont de l’avant, mètre par mètre», a-t-il affirmé dans un message publié jeudi par son service de presse. Il a assuré que «la localité d’Artiomovsk (nom donné par les autorités russes à Bakhmout, NDLR) sera prise».

Des militaires ukrainiens à côté d’un bâtiment résidentiel fortement endommagé lors d’une frappe militaire russe, dans le cadre de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, à Bakhmut, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 17 janvier 2023. STRINGER / REUTERS

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